La pugiliste de l’Indre (6 v, 1 n) est devenue, à vingt ans, la plus jeune championne de France professionnelle de l’Histoire. Pour cela, elle a dominé, aux points (77-76, 77-75, 75-77), Nahed Kharchi (5 v, 4 d), le 25 janvier, à Orléans, et s’est emparée de la ceinture nationale des super-plumes.
Moins fougueuse, plus posée, Victoire Piteau s’efforçait de ne pas partir à l’assaut la fleur au fusil en se découvrant inconsidérément. Elle veillait, à l’évidence, à allier efficacité maximale et déchet minimal dans sa boxe. Des attentions louables qui ne l’empêchaient pas de se faire cueillir par intermittence. En effet, pour s’exposer a minima, il lui aurait fallu être un peu moins statique et, quitte à travailler en ligne, a insister davantage sur la liaison distance, mi-distance. Au lieu de cela, elle avait tendance à rester trop en face de l’Azuréenne, laquelle parvenait à combiner en étant précise et rapide de bras.
« Elle a le titre et il n’y a que ça qui compte »
De fait, Nahed Kharchi enchaînait et soignait davantage les moyens de défense, à la fois en effectuant des pas de retrait et en étant mobile du buste. Néanmoins, Victoire Piteau ne faiblissait pas au fil des rounds et martelait obstinément sa rivale au point, parfois, de la repousser. Sa vaillance et son courage n’étaient, comme d’habitude, nullement mis en défaut, ce qui lui permettait non seulement d’emballer les débats mais de délivrer des coups lourds et d’atteindre sa cible. Elle se montrait entreprenante mais également quelque peu stéréotypée et donc prévisible dans ses assauts. Néanmoins, les juges estimaient que l’ancienne membre de l’équipe de France avait été à la fois la plus active et celle qui avait touché le plus. Son style offensif, quand celui de son adversaire était davantage axé sur les remises, lui permettait de s’adjuger une décision partagée qui provoquait les sifflets d’une partie du public et l’incrédulité du camp niçois.
Père et entraîneur de la nouvelle championne de France, Sébastien Piteau trouve le verdict fondé : « Je vois Victoire gagner mais je sais que c’était serré. Pour moi, elle a mis les touches les plus nettes en passant pas mal son bras arrière et en étant assez puissante. Elle mérite son succès mais elle n’a pas non plus fait un très grand match. Elle a le titre et il n’y a que ça qui compte. » De son côté, Nahed Kharchi, littéralement dépitée, aspire désormais passer à autre chose et s’orienter vers une opportunité continentale ou internationale.