Mathieu Bauderlique fait le tafLe Nordiste (19 v, 1 d) n’a guère eu à forcer son talent pour conserver son titre WBA Intercontinental des mi-lourds en dominant par arrêt de l’arbitre (5e) son valeureux compatriote Hugo Kasperski (33 v, 1 n, 10 d), le 13 décembre, à Levallois.
La fougue contre l’expérience, la trajectoire ascendante face au refus du déclin : ce duel opposait deux valeurs sûres de la catégorie, à l’échelon national, mais, craignait-on, portées par des vents contraires. Les premières minutes de la confrontation confortaient la probabilité d’un affrontement susceptible d’être rapidement à sens unique. Bien sûr, Hugo Kasperski se montrait fidèle à ce qu’il est : courageux, ne se défaussant pas et faisant de son mieux. Seulement, le Clermontois, qui n’avait plus rencontré d’adversaire de valeur depuis mai 2017, en l’occurrence Louis Toutin qui l’avait crucifié au foie dès le premier round, en championnat de France, a rapidement paru dépassé dès que Mathieu Bauderlique accélérait. L’Auvergnat, auquel son coin demandait d’être plus hermétique et de délivrer des coups moins larges, boxait en outre souvent sur la pointe des pieds et en se jetant quand il tentait d’enchaîner.
« Les péchés mignons ont souvent la vie dure »
Du pain béni pour le médaillé de bronze olympique qui restait bien en ligne et plaçait des accélérations dont on se doutait qu’elles finiraient tôt ou tard par solder les débats à son profit. Sa vitesse de bras et sa précision étaient toujours un plaisir pour les yeux. Sa garde pas toujours fiable un peu moins. C’est que les péchés mignons ont souvent la vie dure. Si bien que le protégé de Mohamed et Mehdi Nichane encaissait quelques uppercuts qu’il aurait pu s’épargner. La suite fut néanmoins probante. Et le tenant conclut l’affaire quand il le décida, sur une combinaison gauche-droite-gauche qui sonna le challenger, lequel avait déjà été compté dans le troisième round. Voyant ce dernier dans l’incapacité de se protéger et de réagir, l’arbitre pris la décision qui s’imposait.
Fidèle à lui-même, Mathieu Bauderlique ne versa pas dans le triomphalisme au micro de RMC Sport : « C’est un soulagement. Je ne prends personne à la légère. Je travaille round par round, sans précipitation. C’est un jeu d’échecs. Chaque combat est une étape pour gravir les échelons, aller plus haut et chercher des ceintures européennes ou mondiales. » La rumeur des rings bruisse d’un prochain championnat du monde WBA contre l’invaincu Dimitry Bivol (17 victoires dont 11 avant la limite). Le Kirghiz n’est pas un tendre, lui qui déteint la ceinture depuis deux ans et qui a notamment fait mordre la poussière à un Jean Pascal certes vieillissement et sur la pente descendante. On y revient. En boxe aussi, tout est affaire de sens de la marche.