Arbitre de boxe anglaise, un costume sur mesure pour Julie Vilaplana, ouvrière de 26 ans qui combat sa timidité en faisant respecter la loi du plus sport sur les rings. Son rêve : les jeux Olympiques !

Julie Vilaplana, plus jeune arbitre de boxe anglaise de Bretagne, sous l'œil bienveillant de son mentor, André Recan, responsable du Boxing-club dinannais
La timidité se lit sur son visage, quand on l'interroge sur son parcours. Mais une fois son noeud papillon autour du cou et son écusson d'arbitre épinglé sur sa chemise blanche impeccable, plus question de se laisser impressionner. Sur le ring, Julie Vilaplana fait régner la loi du plus sport. La Dinannaise est la plus jeune arbitre de boxe anglaise de Bretagne, milieu masculin s'il en est, où le respect se gagne aux poings.
« Apprendre à me défendre »
« Seule sportive de la famille », Julie a découvert la boxe un peu par hasard, en poussant la porte de la salle omnisports de La Nourais, à Léhon, en 2010. « J'avais envie de faire un sport, il fallait que j'évacue le stress du quotidien, du travail. J'ai alors commencé l'aéroboxe fitness : on fait les gestes de la boxe, mais sans combattre », explique la jeune femme de 26 ans, ouvrière dans une entreprise de pâtisserie industrielle, aux deux huit. À force de voir les boxeurs s'entraîner « pour de vrai » à côté, Julie décide de monter à son tour sur le ring, en 2011, « pour apprendre à (se) défendre ». Une saison et quatre combats officiels plus tard, la jeune boxeuse raccroche les gants. « J'ai été démotivée, comme d'autres, par un éducateur du club, antiféministe, qui n'est resté qu'une saison », confie Julie, rattrapée sur le chemin de la sortie par son mentor, André Recan. « Je lui ai proposé de découvrir l'arbitrage, dans le cadre des cours de boxe éducative, pour les 7-15 ans », indique le responsable du Boxing-club dinannais, qui a permis à l'ex-boxeuse de rallumer la flamme.
« J'adore les poids lourds »
« J'ai fait la saison 2012-2013 en stage, et j'ai passé mon diplôme de juge arbitre régional en 2014. C'est stressant comme rôle, il faut se faire respecter et parler fort, alors que je suis timide ! » Sourit Julie, qui se met au défi et relève le gant, en devenant la deuxième femme arbitre de boxe anglaise de Bretagne. Sa recette : « Être autoritaire sans autoritarisme, se faire respecter sans être fermée ». Facile à dire, mais dans un milieu très masculin, quand on est une femme, jeune, et qu'on mesure 1,58 m, c'est loin d'être gagné d'avance. « On ne m'a pas écoutée tout de suite, mais à force de me voir sur le ring et de voir comment je travaille, le machisme a fortement diminué. Les boxeurs me voient désormais comme un arbitre à part entière, garant de la sécurité du combat, et non comme une intruse qui ne serait pas à sa place », observe Julie, qui appréhende différemment les combats féminins ? « Les filles sont plus hargneuses » ? Mais ne cache pas son petit faible pour les rencontres de choc : « J'adore arbitrer les poids lourds, les boxeurs mesurant 1,90 m et pesant 90 kg sont impressionnants, mais ce ne sont pas les plus rebelles ».
Un rêve de jeux Olympiques
Avec déjà 80 combats à son actif cette saison, la troisième comme juge arbitre, Julie a notamment participé à de grands rendez-vous sportifs, comme le tournoi de Noël de Saint-Nazaire (44), sur trois jours, et les demi-finales et finales du championnat pré-national, à Olhain (62), en janvier. Prochaine échéance, demain soir, à Theix (56), près de Vannes. « C'est une grosse année d'arbitrage. En plus, je prépare mon diplôme d'arbitre interrégional, l'examen a lieu en juin », précise Julie, qui voit plus loin que le bout de son nœud papillon, en visant les diplômes d'arbitre national, puis international. « Mon rêve, ce serait d'arbitrer les jeux Olympiques ! » « D'ici douze ans, pas avant », estime André Recan. « Dans huit ans ! », assure Julie, plus motivée que jamais. Le combat continue...
Source : Le Télégramme