En étrennant victorieusement sa ceinture nationale des moyens face au solide Fouad El Massoudi (14 v, 9 d), battu aux points, à l’unanimité des juges, en février, à Marck-en-Calaisis, le champion de France des moyens (15 v, 1 n) a prouvé qu’il avait bel et bien toute sa place dans la catégorie.

« Encore une fois, vous avez quelque peu déjoué les pronostics face à un challenger de bon niveau…
- Oui car c’est un adversaire solide et expérimenté. Cette victoire est donc une bonne chose pour moi. Fouad El Massoudi a fait un beau combat mais j’ai su sortir du piège qu’il voulait me tendre. J’ai aussi montré que j’étais capable d’y aller quand il le fallait.
- Vous continuez de surprendre pas mal de monde…
- Oui. Encore une fois, j’ai passé un palier mais j’ai encore une grande marge de progression. Je pense donc que je vais surprendre de plus en plus de monde à chaque combat (sourire). Il est sûr que c’est un plaisir parce que l’on ne me donne pas favori et que je sors de nulle part. Or, je gagne sans discussion et sans avoir été vraiment en difficulté. J’espère que ça va continuer.
« Ce que l’on pense de moi me passe au-dessus de la tête »
- Comment expliquez-vous votre éclosion car peu de gens vous voyaient réaliser de telles performances ?
- Par le travail, tout simplement. Et puis je dois avoir quelque chose dans les gènes car c’est un peu inné. Cependant, je m’entraîne beaucoup. Je suis peut-être moins bon que certains mais je travaille plus. C’est ce qui explique que j’arrive à m’en sortir. Par ailleurs, le fait d’être grand est également un avantage en terme d’allonge alors que dans ma famille, ce ne sont pas des géants (sourire). Le fait d’être capable de bien boxer sur les jambes me vient peut-être du football.
- Vos succès ont-ils un air de revanche à l’égard de ceux qui répétaient que vous aviez eu jusque-là une carrière protégée ?
- Non. Vous savez, ce que l’on pense de moi me passe au-dessus de la tête. Ce n’est donc pas une revanche. Par contre, j’ai toujours dit que lorsque je n’aurai plus envie, j’arrêterai. Je fais tout ça pour moi parce que j’aime ce sport. Tant que cela fonctionne, c’est bien mais si, un jour, cela ne va pas ou que je me rends compte que je suis limité et que je ne peux pas franchir un palier supplémentaire, cela ne servira à rien de persister.
- Qu’est-ce qui vous séduit dans ce sport ?
- D’abord, le fait qu’il procure de grandes émotions. Et puis, à force de se dépasser, parfois, on se surprend soi-même. On va puiser au fond de ses tripes pour faire des choses dont on ne s’imaginait pas forcément capable. La boxe est un très beau sport et j’ai envie d’y laisser mon emprunte. Il n’empêche, au départ, mon père et mon oncle ne voulaient pas que je m’y adonne.
« Je n’ai pas encore le niveau européen mais je n’en suis pas loin »
- Sur quoi allez-vous mettre l’accent à la salle ?
- Même si je continue à peaufiner ma technique et mon jeu de jambes, on se met à travailler davantage la puissance. Il m’en manque un peu mais ça vient. J’ai commencé à faire de la musculation et j’ai senti que mes coups avaient un peu plus d’impact.
- Quelles sont vos ambitions ?
- Il faut encore que je défende ma ceinture au minimum une fois afin de prendre de l’expérience. Ensuite, si j’ai une opportunité continentale, je ne pourrai pas refuser. L’idéal serait de disputer la ceinture de l’Union européenne avant de songer à faire à un championnat d’Europe. Je n’ai pas encore le niveau européen mais je n’en suis pas loin. Je me dis que si j’ai pu battre un boxeur comme Fouad El Massoudi, j’ai les capacités d’aller plus haut.
- Avez-vous un emploi parallèlement à la boxe ?
- Oui. Je suis embauché à la communauté d’agglomération Grand Calais Terres et Mers en tant que chauffeur hydrocureur. Lorsque j’ai un combat en préparation, j’arrive à trouver des aménagements horaires en accord avec mon employeur ».
Par Alexandre Terrini
Mise en ligne par Olivier Monserrat-Robert
Crédits images : DR