La Francilienne (3 v, 1 d) a trouvé le supplément d’âme pour détrôner, aux points, à l’unanimité des juges (78-74, 78-74, 77-75), la championne de France des plumes, Narymane Benloucif (5 v, 2 d), le 25 octobre, à Levallois.
Narymane Benloucif était celle qui démarrait le mieux les hostilités. Pour cela, elle parvenait à déclencher la première tout en donnant son bras avant et en enchaînant. En outre, elle veillait à ne pas se coller à son opposante et à quitter prestement la zone de contact. Une stratégie d’autant plus efficace qu’Hasna Tebsi, très volontaire, cherchait prioritairement le bras de fer et en décousait, pour l’essentiel, en force, si bien qu’elle était crispée et que ses coups n’étaient pas suffisamment fluides ni déliés. Sans compter une garde trop basse qui l’exposait inutilement. Cependant, ses accélérations lui permettaient de toucher l’Occitane, notamment en uppercuts et en crochets gauches. Mais, dans un premier temps, la tenante était davantage maîtresse de son sujet. Bien que dotée d’une allonge légèrement supérieure, c’était elle qui avançait sans tomber dans le piège des corps à corps brouillons. Elle travaillait en ligne, aussi bien au corps qu’à la face, avec moins de déchet que sa rivale. En outre, c’était souvent elle qui terminait les actions.
« Le chemin est plus beau que l’accomplissement »
Cependant, la donne commença à changer à l’approche de la mi-combat. En effet, dans le cinquième round, Hasna Tebsi, consciente qu’elle avait pris un moins bon départ que sa contradictrice, accélérait nettement et imprimait davantage de rythme. Son débit supérieur s’avérait profitable puisqu’elle prenait à son tour l’ascendant et malmenait quelque peu la Toulousaine. Cette dernière semblait émoussée physiquement et s’efforçait de laisser passer l’orage pour mieux refaire surface, quitte, pour cela, à aller à la bagarre de près. Sauf qu’à ce jeu-là, c’est bien la challenger qui se montrait la plus tranchante et impactante. Dans l’ultime reprise, les duellistes jouaient logiquement leur va-tout car les débats étaient tout de même indécis. Là encore, Hasna Tebsi prenait le dessus et inscrivait les touches les plus nettes.
Suffisant pour obtenir les faveurs des juges et la plonger dans une émotion non feinte. « La première fois que je suis venue au Palais des Sports Marcel Cerdan, j’avais huit ans et jamais, je ne me serais vue boxer, ici, un jour, raconta-t-elle sur le ring. La cause que je défends, c’est justement celle de la fille que j’étais et celle des femmes qui pensent que c’est trop tard. Aujourd’hui, je comprends ce que cela signifie quand on me dit que le chemin est plus beau que l’accomplissement. »

