Le Français (16 v), expatrié à Montréal, a fait le choix de passer en super-moyens. Une option qui s’est avérée payante devant l’Américain KeAndrae Leatherwood (22 v, 1 n, 7 d), étrillé en huit reprises, le 13 décembre, à Levallois.
Les précédentes sorties du quart de finaliste des Jeux de Rio avaient beau s’être soldées par des victoires indiscutables, elles n’avaient que partiellement convaincu les puristes, lesquels regrettaient que leur favori soit parfois trop monocorde dans sa façon d’aborder et de laminer ses rivaux ou que son débit de coups ne soit pas aussi ajusté qu’il pourrait l’être. Évidemment, de telles exigences pourraient paraître de l’excès de zèle à propos de n’importe quel autre pugiliste. Mais quand on parle de Solide, qui, faut-il le rappeler, a tout de même remporté ses seize duels en en abrégeant quinze, on évoque un candidat déclaré au titre planétaire d’ici deux ans. En super-moyens et non plus en moyens, l’intéressé ayant, en effet, décidé de monter de catégorie. Non pas par facilité, lui l’ascète au corps sculptural qui n’avait pas grand mal à faire le poids, mais parce qu’il avait le sentiment de perdre de sa formidable puissance et donc de ne pas donner sa pleine mesure en moyens.
Restait à passer avec brio le test devant KeAndrae Leatherwood. Un Ricain un peu filou et surtout très expérimenté, capable d’encaisser pour laisser croire, à force de reculer, qu’il est au bord de la rupture et porter l’estocade en contre ou, au contraire, d’aller à la bagarre, histoire de donner le change et de faire illusion. Le tout en accrochant quand il le faut et en repoussant son contradicteur avec le coude si besoin. Néanmoins, Christian M’Billi ne se laissait nullement impressionner et durcissait les débats sans s’énerver ni se désunir. Il faut dire que son coach, Marc Ramsay, veillait au grain et demandait à son protégé d’être « méthodique » et de « mettre l’accent sur le travail défensif en étant concentré et sérieux », en somme, de ne « laisser aucune chance » au visiteur. Ce qu’il fit. Après avoir usé de toutes les ficelles du métier et été saoulé de coups encaissés de plein fouet, au point d’être quasiment KO debout, le natif de l’Alabama était logiquement arrêté par l’arbitre dans le huitième opus.
Trouver un promoteur « prêt à mettre les moyens »
Certes, tout n’avait pas été parfait dans la prestation du Tricolore mais celle-ci s’est avérée probante. Il en convenait au micro de RMC Sport : « Je pense que c’était le plus gros combat depuis le début de ma carrière. C’est un adversaire qui a le style américain et qui a affronté beaucoup de champions comme Andy Lee. Je suis très content parce que j’ai réussi à le mettre KO, ce qu’Andy Lee n’était pas parvenu à faire. C’était ce qu’il me fallait pour briller en cette fin d’année et montrer que je fais partie de l’avenir. Je tenais à faire passer un message : aujourd’hui, je compte montrer que je suis parmi les meilleurs mondiaux en super-moyens. » Toujours est-il que les prochains axes de travail sont connus pour viser le monde : imposer davantage de variations de rythme, être en mesure d’en découdre en reculant et à distance, savoir davantage temporiser, avoir une garde encore plus hermétique…
Après une année 2019 qui n’a pas répondu à ses exigences tant sur le plan de la qualité des oppositions que du nombre de combats qui lui ont été proposés, Christian M’Billi aspire plus que jamais à en découdre avec des hommes de valeur qui ont un vécu mondial. Et l’on reparle d’une confrontation face à Hassan N’Dam N’Jkam… Surtout, l’ex-membre de la Team Solide, qui a mis fin à sa collaboration avec le Canadien Yvon Michel, doit désormais se trouver un promoteur « qui est prêt à mettre les moyens et à me soutenir jusqu’au championnat du monde ». Brahim Asloum et RMC tiennent la corde mais, pour l’instant, rien n’est officiellement acté. A défaut, le Français se tournera vers l’étranger, en particulier vers le Britannique Eddie Hearn.