Dylan Charrat (18 v, 1 n) et Howard Cospolite (17 v, 3 n, 7 d) disputaient, le 18 juillet, au Cannet, le championnat de l’Union européenne des super-welters. Il s’agissait d’une revanche puisque le 20 octobre dernier, à Marseille, les deux hommes n’avaient pu se départager. Un verdict frustrant pour l’un et l’autre, chacun estimant l’avoir emporté. Cette fois, les bulletins des juges ont rendu leur sentence : une victoire à l’unanimité (115-113, 115-113, 117-111) et avec la manière du premier sur le second.
« La force contre la technique » : telle était, selon les mots choisis de Brahim Asloum, la donne de ce duel qui mettait aux prises deux manières d’en découdre totalement antithétiques mais gage potentiel d’un spectacle palpitant et de haute volée. Il ne fallut pas longtemps au public et aux téléspectateurs pour comprendre que ce serait effectivement le cas. Compact sur les appuis, le sociétaire du Red Star enclenchait la marche avant d’entrée de jeu, délivrant des coups lourds autant qu’il le pouvait. En face, Dylan Charrat réussissait à résoudre une périlleuse équation : reculer sans pour autant subir. Se déplaçant à merveille, esquivant du buste avec grâce, il remisait de manière incisive, en uppercut mais aussi avec de limpides crochets au corps. Gérant l’espace du ring avec une grande intelligence, très lucide tactiquement et doté d’une panoplie technique supérieure, l’Azuréen était d’un académisme qui flattait l’œil des puristes comme des néophytes. Doubles attaques, pas de retrait, défense subtile avec l’avant-bras en opposition, blocages dans le temps, coup d’œil au moment de riposter : il n’y avait rien à jeter dans la démonstration du Sudiste.
Problème : il n’y en avait pas plus dans celle du Francilien qui exerçait un pressing étouffant de tous les instants, attaquant sans cesse sans pour autant partir la fleur au fusil. Seulement, s’il était nettement plus puissant que son rival, il s’avérait moins rapide et mobile que lui. Si bien qu’il éprouvait une difficulté certaine à véritablement cadrer Dylan Charrat quand il n’était pas pris de vitesse par ce dernier. Indubitablement frustrant. Les combinaisons les plus élaborées étaient à mettre à l’actif du local de l’étape quand le Val-d’Oisien, véritable Raging Bull, s’obstinait à charger en force et à débiter des crochets larges forcément prévisibles. Sa vaillance et son entrain n’étaient nullement en cause. Simplement, soit il était pris de vitesse lorsque son contradicteur répliquait, soit il se faisait contrer lorsque lui-même passait à l’offensive. Bref, il ne trouvait pas la solution pour surprendre l’élève de Fayçal Omrani, lequel piquait et s’échappait avant que la foudre ne s’abatte sur lui.

« L’accomplissement de douze ans de travail »
Reste qu’au fur et à mesure que les rounds défilaient, le tonnerre grondait de plus en plus. En effet, dans le dernier tiers de la confrontation, Howard Cospolite ne desserrait pas l’étau et bombardait de toutes parts. Émoussé physiquement, Dylan Charrat perdait au fil des minutes ce qui avait fait jusque-là sa force. En l’occurrence, son jeu de jambes virevoltant, sa faculté d’anticiper ou encore, sa précision. Ce qui incitait son entraîneur à le recadrer en l’enjoignant de se focaliser sur l’essentiel : « Ne cherche pas le coup parfait ! Boxe, aspire-le et change d’axe ! Arrête les phases arrêtées et marche ! » Mais bien que balloté jusque dans le dernier opus au cours duquel le visiteur, formidable rouleau compresseur, jouait fort logiquement son va-tout, l’enfant chéri du Cannet se ressaisissait quand il le fallait pour sauver les meubles et préserver sur le fil, grâce à sa lucidité, une petite part de son avance précieusement acquise durant la première moitié du match.
Il pouvait jubiler au micro de RMC Sport : « Ce qui explique ma progression, c’est le travail, tout simplement. Ce titre est l’accomplissement de douze ans de travail depuis que j’ai commencé la boxe. C’est une première étape avant beaucoup d’autres. Mes prochains objectifs ? Je vais en parler avec mon équipe. Je vais défendre cette ceinture. J’ai encore des détails à perfectionner. Je vais continuer d’apprendre. Ce soir, j’ai fait des fautes. Je vais les analyser et bosser dessus avant de repartir au charbon. »
Alexandre Terrini