Le médaillé de bronze de Rio (18 v, 1 d), détenteur du titre WBA Intercontinental des mi-lourds, disputait, le 18 juillet, au Cannet, le combat le plus important de sa carrière professionnelle. Face à lui, en effet, l’adversaire le plus relevé qu’il ait, jusque-là, affronté chez les rémunérés en la personne de Doudou Ngumbu (38 v, 10 d), au demeurant vaincu aux points, à l’unanimité des juges (119-108, 119-108, 117-110).
Tout d’abord, il convient de féliciter les deux protagonistes d’avoir servi la boxe en ne se défaussant point et en acceptant de s’affronter lors d’un mano a mano d’autant plus attendu que son issue était loin d’être acquise. Faut-il en effet rappeler qu’avant d’être contraint de renoncer au cinquième round suite à une satanée blessure au mollet, Doudou Ngumbu avait fait plus que jeu égal, en mars dernier, avec l’épouvantail ukrainien, Alexandre Gvozdyk, en championnat du monde WBC des mi-lourds ? Mais il fallait assurément un rival de cette trempe à Mathieu Bauderlique pour légitimer ses aspirations à disputer, lui aussi, un titre planétaire d’ici fin 2020. Le Nordiste savait d’ailleurs pleinement à quoi s’attendre, n’ignorant nullement la capacité de son contradicteur à boxer vite fait, bien fait et à s’engager dans la moindre brèche avec sa droite.
Les deux hommes entraient dans le vif du sujet sans se faire prier. Bien en ligne, les mains hautes, le tenant démarrait comme il convenait, en travaillant à sa distance pour tirer tout le parti de son allonge supérieure. Il passait une gauche qui touchait de plein fouet le Toulousain d’adoption, lequel lui rendait la pareille dans l’opus suivant avec une droite. De fait, le challenger la jouait quelque peu à l’intox et à l’esbroufe, enserrant son vis-à-vis avec malice pour, ensuite, travailler avec son bras libre. Surtout, il parvenait à imposer un duel de près qui correspondait davantage à ses atouts, en particulier sa puissance. Si bien que, dans un premier temps, l’ancien membre de la Team Solide ne parvenait pas à donner sa pleine mesure.

Un tableau de marche plus que jamais respecté
Mais au fil des minutes, il réussissait à déjouer le piège que lui tendait le Congolais. Et ce, en écoutant son coin qui lui ordonnait de construire avec son bras avant pour pouvoir mieux accélérer en force, de varier les zones de frappe et de travailler à l’intérieur. Coupé à l’arcade sourcilière gauche suite à un choc de têtes, Doudou Ngumbu gérait avec toujours autant de métier, certes, parfois, en se jetant et en lançant sa droite à la godille. Mathieu Bauderlique misait lui aussi à l’excès sur son bras arrière mais se montrait tout de même le plus tranchant et le plus actif, ne cessant d’avancer. Dommage que les échanges fussent trop hachés par des irrégularités en tout genre : accrochages, tête en avant, crânes qui faisaient frotti frotta, impacts d’épaules etc. Doudou Ngumbu était d’ailleurs sanctionné d’un avertissement dans la septième reprise.
Au débit du Tricolore, cependant, le tort de laisser parler son tempérament impulsif et de rentrer dans le jeu du roublard Haut-Garonnais en acceptant trop l’épreuve de force au lieu de soigner les préparations d’attaque, de feinter et d’effectuer les pas de retrait qui s’imposaient. Néanmoins, nettement supérieur techniquement et auteur des combinaisons les plus abouties, le Nordiste, qui faisait plus que jeu égal dans les corps à corps avec son opposant, à de rares moments au bord de la rupture, obtenait fort logiquement les larges faveurs du corps arbitral. « J’ai boxé un boxeur expérimenté qui a côtoyé le très haut niveau. C’est une étape pour la suite, on apprend », commentait sobrement, au micro de RMC Sport, le sociétaire du BC Héninois qui respecte plus que jamais son tableau de marche.
Alexandre Terrini