Le Creillois Cédric Vitu a créé la sensation samedi en Italie. Au terme d’un combat à rebondissements, il est devenu champion d’Europe en terrassant un adversaire invaincu.
Très marqués par une soirée et une nuit agitée, Cédric Vitu et son père et entraîneur Jean-Christophe étaient de retour à Creil avec la ceinture dimanche. (Photo W.I.)
Trente-huit ans après le poids mi-moyen creillois Alain Marion, et neuf ans après le poids plume saint-quentinois Cyril Thomas, un boxeur picard, Cédric Vitu, est devenu, à 29 ans champion d’Europe. Comme Marion, il s’agit à nouveau d’un Creillois. Cependant, contrairement à Alain Marion qui s’était imposé chez lui à Creil, au terme d’un combat resté dans les annales, son adversaire allemand Joerg Eipel, mis K.-O. au 15e round, étant resté longtemps dans le coma, Vitu est allé chercher le titre à l’extérieur. Précisément en Italie, à Brescia, chez son co-challenger, Orlando Fiordigiglio, 30 ans, jusqu’alors invaincu en 21 combats.
Près de trois ans après sa défaite aux points face au Biélorusse Serguei Rabchenko à Manchester (Angleterre), le boxeur isarien, époustouflant de courage, a su trouver les ressources pour décrocher le titre tant convoité. Qui plus est avant la limite. Une issue devenue presque nécessaire au fil du combat pour permettre à Vitu de ramener chez lui la ceinture de champion. Car après un début de combat plutôt équilibré. Fiordigiglio prenait nettement l’ascendant, à compter de la quatrième reprise. « J’ai eu un gros coup de pompe (sic). En plus, il faisait très chaud dans la salle, raconte Cédric Vitu. Du coup, j’ai repensé à plein de choses, en me disant que j’allais encore me faire avoir aux points. Clairement, j’ai trop cogité et je lui ai donné des rounds. Heureusement, mon coin a su me rebooster. Ils ont trouvé les mots. A quatre rounds du terme, mon père (ndlr : Jean-Christophe Vitu, qui est aussi son entraîneur) m’a dit : "si tu gagnes tous les derniers rounds, tu es champion". Dès lors, je n’ai plus pensé à rien ; je me suis transcendé. »
L’Italien connaissait alors à son tour une baisse de régime. Ainsi, le Picard le touchait nettement à la dixième reprise. Puis il accélérait encore dans le round suivant. Si bien qu’après un coup au ventre puis un crochet au menton, Fiordigiglio était sonné. Et même s’il ne tombait pas, l’arbitre arrêtait logiquement le combat. « C’est la première fois que j’arrive ainsi à inverser la tendance, reprend Vitu, qui compte désormais 42 victoires pour deux défaites. J’ai su me faire violence pour changer mon style en fin de combat. Il ne fallait plus bien boxer, mais aller au charbon. C’est ce que j’ai fait. » Pourtant depuis sa cruelle défaite face à Rabchenko en 2012, le Creillois n’avait disputé aucun grand combat, faisant même preuve de suffisance lors de certains rendez-vous. « J’ai galéré car je n’arrivais pas à me motiver pour des combats en six ou huit rounds, reconnaît-il Aujourd’hui je suis récompensé car je n’ai jamais rien lâché. Au contraire, je me suis servi de cette expérience douloureuse lors de la préparation. Être champion d’Europe a toujours été mon objectif. Je vais enfin être reconnu. » Relancé, Cédric Vitu ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. « Je vais savourer en gardant les pieds sur terre, dit le nouveau champion d’Europe des super mi-moyens. Il va falloir récupérer mais pas trop longtemps car ce titre, je vais le défendre et on ne viendra pas me le prendre tout de suite. »
Par Walter Ignasiak
Source : Courrier Picard