Un an et demi après sa défaite à Païta, Nicolas Dion a pris une éclatante revanche samedi soir en dominant Yoann Bloyer par arrêt de l’arbitre à la troisième reprise. Il conserve sa ceinture de champion de France. La coïncidence est troublante. Vendredi soir à Noisy-le-Grand en région parisienne, un boxeur français est lourdement battu par arrêt de l’arbitre au neuvième round pour un titre de champion de l’Union européenne. Il s’appelle Samy Anouche. En octobre 2014, c’est lui qui avait fait pleurer l’Arène du Sud en infligeant une leçon de boxe à Nicolas Dion qui de son propre aveu avait eu « honte ». Samedi soir c’est peut-être Yoann Bloyer qui a eu honte devant la correction administrée par le même Nicolas Dion. Ou pas exactement le même. Un an et demi après son échec, l’enfant du pays est devenu un nouveau boxeur. Vidéo sous l'article
Premier round : Le nouveau Dion
Plus solide, plus dur, plus serein. En un mot, plus fort. Son challenger le sent dès les premiers instants du combat quand il tente de percer la cuirasse du champion de France à coups de crochets et de directs. Mais, cette fois, rien ne peut atteindre Nicolas Dion qui tient sa garde et protège parfaitement les possibles points d’impact. Une technique impeccable en défense et redoutable en attaque. Plus petit et plus léger que son adversaire, Dion dégage plus de puissance et parvient à avancer sur Bloyer. Le coinçant à plusieurs reprises dans les cordes. Au bord de la rupture, la cloche vient au secours du challenger. La deuxième reprise part sur les mêmes bases mais cette fois Bloyer change de stratégie.
Deuxième round : La provocation
Si ses coups ne font pas mal, il décide alors d’essayer de pourrir l’ambiance du combat à coup de provocations. Coups de tête, moqueries, grimaces, tout y passe. Et ça marche, Dion semble moins concentré et se met à chambrer à son tour. Le duel change de dimension. La boxe pure passe au second plan. Ce que Patrick Mallaizée, l’entraîneur de Nicolas Dion, ne manque de rappeler sévèrement à son poulain entre deux rounds. « Il m’a remis les idées en place, confie le boxeur. J’étais en train de sortir du combat. » Sans solution, Bloyer reprend de plus belle son « cirque » dans la troisième reprise. Cette fois, Dion ne tombe pas dans son jeu.
Troisième round : Le coup de folie
Au contraire, il hausse le ton, ses coups se font plus précis, plus violents. Au début Bloyer, qui n’a déjà plus grand-chose d’un combattant encaisse bien. Puis un peu moins devant les redoutables uppercuts de Dion. Il va au sol avant d’être compté une première fois. Le public, plutôt calme jusqu’ici, se met à hurler. Bloyer se relève difficilement et, comme s’il avait sombré dans la folie, baisse sa garde et offre son visage tel un punching-ball.
Le champion de France en totale maîtrise, presque euphorique n’en demandait pas tant. C’est la provocation de trop. Une avalanche de coups se met à pleuvoir sur les pommettes, les tempes, le nez et le menton de Bloyer qui retourne au sol. L’arbitre recompte et décide de stopper le massacre. Le spectacle est terminé. La salle est K.-O.
Au bout d’un combat irréel, Nicolas Dion vient de conserver sa ceinture de champion de France. Vingt ans après Charles Baou, il devient le deuxième boxeur cagou à remporter un titre national sur ses terres et entre un peu plus dans la légende du noble art. « Je n’ai aucune excuse, Nicolas a été meilleur », reconnaît avec une lucidité retrouvée Yoann Bloyer qui termine, à l’issue du combat son one man show face au public dans son style très personnel percutant et brouillon à la fois.
Quand Nicolas Dion prend la parole c’est un homme humble, mesuré et fier de ce qu’il vient d’accomplir qui parle. Et humain aussi. Il remercie la Calédonie, la famille Bastien qui gère le club de Païta et a rendu l’événement possible et surtout Patrick Mallaizée son coach, qui l’a préparé comme jamais pour ce grand rendez-vous, malgré la perte brutale de son épouse. Enfin Nicolas Dion donne rendez-vous pour son prochain défi. Un titre européen. Il espère bien, lui, réussir là où Samy Anouche a pour l’instant échoué. Ce serait une autre sacrée revanche.
Source : Les Nouvelles Calédoniennes
Y.C avec G.C.