Le 30 novembre, devant son fidèle public de Saint-Maur, la Française (14 v, 2 d) a remporté aux points, sans jamais être inquiétée, le titre EBU vacant des super-légers. Pour cela, elle a battu, à l’unanimité des juges (97-93, 98-92, 98-92), l’Espagnole d’origine roumaine, Ioana Fecioru (7v, 3 d).
C’est la Tricolore qui, après être entrée directement dans le vif du sujet, entamait le mieux les hostilités. Très sereine, sûre de son game plan et fidèle à ce dernier, elle travaillait en séries de trois coups tout en prenant soin de varier les cibles et de déclencher à bonne distance. C’est-à-dire ni de trop près pour conserver sa pleine puissance, ni de trop loin pour ne pas que ses frappes arrivent en bout de course avec un impact amoindri. Surtout, la locale se montrait d’une précision chirurgicale et s’avérait nettement plus rapide gestuellement. Son crochet droit débroussaillait le terrain avant que son bras arrière ne porte l’estocade. Suffisant pour inscrire des touches nettes à la pelle, d’autant qu’en fin d’échange, elle désaxait immédiatement afin de ne pas être engluée par sa rivale ni laisser la place au doute dans l’esprit des juges. Si bien que sa prestation était limpide et fluide.
De son côté, la native de Roumanie se montrait fidèle à sa réputation : vaillante mais extrêmement perméable défensivement - son visage marqué en attestait - ainsi que très monolithique et linéaire dans sa manière de débiter. On la sentait désireuse d’imposer un mano a mano mais la Saint-Maurienne ne tombait pas dans ce piège grossier. Bien campée sur ses appuis tout en étant mobile, cette dernière faisait, de surcroît, montre d’une appréciable imperméabilité défensive en ayant les mains bien hautes dans les rares moments où elle n’était pas active.
L’Indrienne tirait, avec élégance et panache, son épingle du jeu
Les minutes passaient et Ioana Fecioru ne faiblissait pas pour autant. Cependant, le courage ne fait pas tout, a fortiori quand il ne fait que compenser une prévisibilité criante. Ses cross larges, parfois à la godille, ne surprenaient pas son opposante, bien protégée derrière sa garde haute et les coudes aux corps. Mieux, Victoire Piteau agrémentait le tout de déplacements ciselés, aussi bien latéralement que par des retraits dans l’axe sur un ou deux pas afin de mieux repartir derrière, une fois que sa contradictrice avait déclenché et souvent trouvé soit les gants, soit le vide.
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La fausse garde indrienne, très dynamique au niveau du buste, avait une légère tendance, dans les deux ultimes reprises, à accepter la bagarre de près mais sans conséquence dans la mesure où elle ne s’enferrait pas dans cette tactique et demeurait lucide pour pas se laisser embarquer dans des sphères trop éloignées de ses domaines de prédilection. Mais même dans cette configuration, qui n’était pas forcément, pour elle, la plus souhaitable, elle tirait, avec élégance et panache, son épingle du jeu, encore une fois, grâce à sa justesse technique et à ses accélérations dévastatrices alors qu’elle avait déjà plus de huit rounds dans la musette. Chapeau !