Victoire Piteau est devenue championne de France juniors, avant-hier, à Bordeaux, où la Saint-Mauroise a écrit l’histoire. Jamais un boxeur de l’Indre n’avait été champion de France amateur avant elle.

Sébastien Piteau a vaincu son signe indien à lui. « Jusque-là, cela faisait cinq fois, entre les deux finales de championnat de France et les deux finales de Coupe de France de Loïc Fouré, plus la finale du championnat de France de Bilitis Gaucher, que j'étais descendu du ring sans la ceinture tricolore », rappelle l'entraîneur de l'US Saint-Maur Boxe. Depuis ce dimanche, l'erreur est réparée. Et pas par n'importe qui, puisque c'est sa propre fille, Victoire, qui est montée sur le toit du pays en devenant championne de France juniors, dans la catégorie des -57 kg, à Bordeaux. Pour atteindre ce Graal après lequel elle courait depuis longtemps, Victoire Piteau a d'abord dû se débarrasser de Tiphaine Chéron (Campbon Boxing-club), samedi, en demi-finale. « Victoire était favorite, car elle avait beaucoup plus d'expérience que son adversaire. Elle a bien fait le métier en gagnant largement, mais Chéron s'est vraiment bien défendue », précise son père d'entraîneur.
" Je vise plus haut que ça "
Le grand rendez-vous était donc pour le lendemain, avec une finale attendue face à Lisa Nouiceur, vainqueur de Sophia Nouiri (Talence) dans l'autre demie. « Piteau-Nouiceur, c'est devenu un classico, sourit Sébastien. Elles s'étaient déjà rencontrées trois fois, Nouiceur menait deux victoires à une et tous leurs combats s'étaient décidés sur décision partagée des juges ». Dans l'historique de leurs confrontations, Victoire Piteau a remis les compteurs à zéro au meilleur des moments en battant sa meilleure ennemie, « sur décision partagée évidemment », renchérit un Sébastien Piteau qui avoue avoir douté de cet heureux dénouement pour sa fille. « Honnêtement, quand elle m'a demandé à la fin du combat si je pensais qu'elle avait gagné, je lui ai dit : "Je ne sais pas". C'était encore une fois extrêmement serré », jure-t-il. Les juges ont donc voté Victoire Piteau, « sans doute parce qu'elle a été beaucoup plus entreprenante que Nouiceur ». Son père y voit là les effets directs d'une préparation physique impeccable : « Depuis qu'elle s'entraîne physiquement avec Denis Delsemme, elle a passé un cap ». L'intéressée confirme : « Avant, j'étais essoufflée quand je regagnais mon coin à la fin de chaque round ; aujourd'hui, ce n'est plus le cas. J'ai plus de ressources, donc cela me profite pleinement ». C'est sans doute cet avantage physique qui a permis à Victoire Piteau d'atteindre son but, hier, à Bordeaux. Pour son plus grand plaisir, naturellement, mais la demoiselle est loin d'être rassasiée. « Je suis évidemment très contente d'être championne de France juniors, mais je ne veux pas m'arrêter à ça et me reposer sur mes lauriers. Je vise plus haut encore », scande-t-elle. Plus haut, pour elle, c'est « un championnat du monde », voire les jeux Olympiques à terme. On n'en est pas encore là et il convient de savourer le moment. « Franchement, j'ai hâte de rentrer et d'arroser ça », disait hier Sébastien Piteau sur la route du retour. Il peut : jamais un boxeur ou une boxeuse de l'Indre n'avait été champion de France chez les amateurs. Jusqu'à Victoire, la bien nommée.
Par Ludovic Lagasse
Source : La Nouvelle République