Une formalité pour Mendy

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Le 24 juin, à domicile, le sociétaire du BC Olympique Pontois (38 v, 1 n, 4 d) s’est adjugé sans trembler et sans avoir jamais été inquiété la ceinture WBC silver des légers en dominant aux points, à l’unanimité des juges (120-108, 119-109, 118-110), le valeureux mais limité Argentin Javier Jose Clavero (21 v, 3 d).
 
 
Il a fait son entrée sur scène au rythme de la célèbre réplique du film 300 : « Spartiate, quel est votre métier ? » Et il s’est empressé de donner la réponse entre seize cordes. Plus puissant que le Sud-Américain, Yvan le terrible a en effet abordé l’événement fidèle à lui-même : imperturbable et tout en maîtrise. Son adversaire en faisait de même mais dans un tout autre registre : avec vaillance et en débitant dans coups sous tous les angles. Une partition qui n’avait rien pour faire douter le Pontois toujours aussi compact et sûr de sa boxe sans guère de faille. La preuve, il endiguait sans difficulté les offensives de l’Argentin qui n’en étaient pas vraiment au demeurant.
 
En effet, Javier Jose Clavero avait beau se montrer actif, il n'avançait pas franchement ni avec détermination, conscient qu’il se serait alors exposé à des répliques cinglantes. En fait, il moulinait quand le Tricolore frappait. Mais le fier Latino n’avait pas fait le voyage pour rien et continuait gaillardement à donner le change. Presque toujours de la même manière : de près, en délivrant des crochets larges des deux mains comme si cela eut suffi à transpercer la garde de l’Oiséen. Un peu court comme stratégie face à un pugiliste de la trempe de l’ancien champion de France des légers qui ne cillait point et trouvait l’ouverture en assénant de lourdes droites au visage de son rival.
 
« Mûr pour disputer un championnat du monde »
 
Certes, la confrontation n’atteignait pas des sommets d’intensité tant elle se déroulait sur un rythme quelque peu monocorde, celui qui voyait Yvan Mendy, plus précis et notoirement plus rapide de bras, asseoir son emprise au fil de minutes comme en attestaient les pointages intermédiaires des juges à l’issue des quatrième (40-36, 39-37, 39-37) et huitième reprises (80-72, 79-73, 79-73). Quelques « Yvan bomayé ! », en référence aux encouragements adressés par le public zaïrois à Mohamed Ali lors du fameux Rumble in the Jungle face à Georges Foreman, le 30 octobre 1974, à Kinshasa, avaient beau descendre des tribunes, rien de nouveau ne se dessinait à l’horizon. Le Lion montrait ses crocs quand il le fallait et sortait les griffes pour éteindre les ultimes velléités du visiteur qui n’en démordait mais ne passait jamais la surmultipliée. Sans génie, ce dernier travaillait invariablement dans l’axe, délaissant les préparations d’attaque et se contentant d’esquives rotatives des plus rudimentaires. Quant au pas de retrait et à l’éventualité de désaxer, voire de boxer en reculant, tout cela n’était nullement à son programme, a fortiori dans les ultimes rounds où, fortement entamé physiquement, le protège-dents à moitié sorti de la bouche, le natif de Cordoba cherchait davantage de l’air et à tenir debout sous les coups de boutoir du Picard frais comme un gardon. Dans ces conditions, Yvan Mendy n’avait nullement à forcer son indéniable talent pour se rapprocher un peu plus d’une opportunité planétaire que son potentiel justifierait amplement.
 
 
Une perspective que son entraîneur Giovanni Boggia accrédite sans réserve : « Yvan a fait le boulot. L’Argentin a vraiment la tête très dure. Il faut lui tirer un coup de chapeau. Néanmoins, ce combat a apporté des choses à Yvan, notamment de faire douze rounds en pleine chaleur et de vérifier que sa condition physique est bel et bien là. Je suis complètement satisfait de ce qu’il a fait sur le ring. C’était beau. Il a diversifié sa boxe en travaillant en haut et en bas, de près en reculant et en avançant. Pour le public, c’est quand même agréable. Je pense qu’il est mûr pour disputer un championnat du monde. Je ne dis pas qu’il gagnerait mais il ne serait pas loin. »
 
Par Alexandre Terrini
 
Mise en ligne par Olivier Monserrat-Robert
 
Crédit photo : Denis Boulanger - Presse Sports

 

 

 

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