"Une chance de réinsertion"

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Vivonne. C’était une première au centre pénitentiaire : un gala de boxe professionnel et amateur. Les détenus, boxeurs et spectateurs, ont apprécié l’effort.

Le grillage, c'était pour la photo. Les détenus étaient libres de combattre ! Photo Patrick Lavaud

Dans le gymnase du centre pénitentiaire, on a combattu, hier. Pas dans la cour de promenade. Sur un vrai ring, dans le gymnase, pour un gala de boxe officiel. Le premier dans l'histoire de la prison poitevine. Et il ne manquait rien : une pesée, un présentateur officiel de la Fédération française de boxe, un véritable arbitre international, Mahfoud Tadjeddine, un conseiller technique national champion du monde poids super-coq WBA (2003-2006), Mahyar Monshipour, la cloche et le public : une trentaine de détenus du centre de détention et de la maison d'arrêt.

"On fait ça pour les détenus"

Kathleen Renaudeau, directrice-adjointe, était aux premières loges. « C'est inédit. C'est gratifiant pour les détenus et pour nous. Nous avons été bien soutenus par la direction interrégionale pour cet événement ponctuel ». Qu'on ne s'y trompe pas. Si la manifestation a été rendue possible, c'est grâce à un partenariat entre l'Administration pénitentiaire et la Fédération française de boxe. Elle-même soutenue financièrement par la Fondation M6. Et ça n'a pas empêché à Mustapha Bendouma, l'un des trois moniteurs de sport de la centrale, des dizaines de demandes d'autorisations pour faire entrer le matériel et les hommes. « On fait ça pour les détenus », dira-t-il modestement. Avec Jean-Claude Buch, champion de France poids moyen, éducateur au Stade Poitevin boxe, ils ont déplacé des montagnes pour faire briller la boxe derrière les barreaux. Trois combats de boxe éducative entre détenus et un combat officiel entre un détenu et un boxeur professionnel extérieur, Brahim Ait Ouissaadane (Boxing club de Bressuire). Tendu avant de pénétrer en prison pour la première fois de sa vie. Il n'était pas le seul. « J'ai retiré une chevalière que j'avais au doigt depuis quarante-cinq ans », a rigolé le présentateur, Dominique Renoux.


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La musique de Rocky court dans les grillages, le tintement de la cloche « Titanic 1912 » saute les barbelés. Les coups s'enchaînent. Premiers applaudissements. Un surveillant nous avouera plus tard, en nous raccompagnant vers la liberté, que les détenus boxeurs étaient en prise de risque sur le ring. « Se confronter au regard des autres peut-être à double tranchant. » Papy (1), 34 ans, qui boxait avant d'être incarcéré, s'en moque. Mais avant d'en parler, il signe un « accord de participation au reportage journalistique ». C'est la règle. « Je profite de l'opportunité. La boxe est un des sports les plus durs au monde. Ce gala prouve qu'on a une chance de réinsertion, qu'on nous laisse une deuxième chance ». Paco (1), 26 ans : « Ce gala, c'est grâce à Mustapha et Jean-Claude. On a de la chance de les avoir ces deux la. C'est pour nous et ça fait un bien fou ».  Il pourrait y avoir encore mieux pour Papy et Paco : se retrouver au premier challenge national pénitentiaire au Temple-sur-Lot (Lot-et-Garonne) début octobre. Hors les murs, cette fois-ci.

(1) Un pseudo.

Par Xavier Benoit

Source : La Nouvelle République

 

 

 

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