Vainqueur sans appel (5-0) de Mamadou Bakary Diabira, le nouveau champion de France amateur des -81 kg a été sacré meilleur boxeur des finales nationales qui ont eu lieu, le 22 février, à Rochefort. Pas étonnant.

Il y a encore peu, c’était le petit nouveau, celui que l’on ne connaissait pas, celui qui n’était qu’un honnête pugiliste de niveau national. Une première prestation décomplexée et pleine de courage, en mai dernier, en WSB, devant le cador cubain, Julio Cesar La Cruz, cinq fois champion du monde (de 2011 à 2017) et champion olympique à Rio, l’avait révélé au grand public. Puis, ce fut une médaille de bronze aux récents championnats de l’Union européenne, en novembre, qui transforma l’essai au point d’être devenu un maillon fort du groupe France. « C’est un boxeur qui a envie. Il est frais, il est jeune. Il a en outre une capacité d’adaptation intéressante, se réjouit John Dovi, manager général des équipes de France masculines. En peu de temps, il a franchi un palier. C’est l’un de ceux sur qui nous misons. On va voir, dans les mois à venir, comment il va digérer ce qu’il lui arrive. Il a le potentiel pour se qualifier aux Jeux de Tokyo. »

Entraîneur de l’intéressé au BC Héninois, Mohamed Nichane en est, lui aussi, pleinement convaincu : « Gaëtan est volontaire et courageux. Il a encore une marge de progression car il n’y a pas longtemps qu’il fréquente le haut niveau. Pour moi, il va devenir un grand boxeur. Ses qualités sont de ne pas trop calculer et d’être vaillant. Et techniquement, il n’est pas mal. Il sait faire beaucoup de choses. Il croit de plus en plus en lui et se livre davantage. Auparavant, il était un peu sur la réserve mais le fait de mettre les gants avec Mathieu Bauderlique lui a permis de prendre de l’assurance. On lui fait confiance et il nous le rend bien. En outre, il a un potentiel physique énorme. »
« Je comptais passer pro »
Certes, et c’est bien normal, tout n’est pas parfait. Les choses à améliorer sont connues : « Avec un peu plus de justesse dans ses coups, il va faire mal. A lui d’être plus chirurgical dans sa boxe. Il lui manque encore un peu de puissance mais cela va venir car, pour l’instant, il ne l’est que lorsqu’il est bien campé sur ses appuis. Son défaut est de, par moments, s’emporter parce qu’il veut en finir. Il a alors tendance à toucher pour toucher sans qu’il y ait suffisamment d’assise sur les jambes. Il faut aussi que Gaëtan apprenne à être un peu calculateur, à mieux désaxer et à effectuer les retraits qui s’imposent pour contre-attaquer. C’est ce qui lui permettra de briller sur la scène internationale. Pour l’instant, il se construit. »

Le Nordiste, lui, n’en revenait pas d’avoir été ainsi distingué lors de cette édition 2019 des CFA : « Je suis surpris surtout qu’avec Bakary, on a fait un combat à mi-distance. Il n’y avait pas vraiment de fluidité technique mais cela a été la finale la plus engagée de la soirée. Je pense que j’ai été désigné meilleur boxeur eu égard à mon peu d’expérience. Franchement, cela me fait plaisir. Depuis le mois d’août, beaucoup de choses ont évolué. A l’époque, pour moi, la boxe amateur c’était fini et je comptais passer pro. Je suis resté amateur juste pour participer à un stage de l’équipe de France et tout s’est enchaîné avec des médailles en tournoi et ce titre de champion de France. Je me surprends. »
Par Alexandre Terrini
Mis en ligne par Olivier Monserrat-Robert
Crédit images - Karim de la Plaine