Vendredi à Dubaï, Estelle Mossely (9 v) défendra son titre IBO des poids légers face à l'Argentine Yanina Del Carmen Lescano (10 v, 1 d). La championne Française, qui n'a pas combattu depuis un an, revient aux affaires avec de grosses ambitions qu'elle dévoile lors d'un entretien exclusif accordé au site de la FF Boxe.
Depuis quand préparez vous ce combat ?
J’ai repris en septembre, mais je ne savais pas encore vers quel combat j’allais me diriger. J’ai su en janvier que je boxerais à la mi-mars, donc on a accentué la préparation sur ce combat. Je me prépare à Paris et à Lyon avec Kamel Hasni du Boxing Lyon United, j’ai fait venir Miriam Gutierrez, ex championne d’Europe, qui a boxé Katie Taylor et Amanda Serrano. Sur la fin de la préparation, on a eu deux semaines de sparring à Lyon, les mises de gants avec Miriam ont été la grosse phase de cette quinzaine. Les autres fois où j’ai mis les gants, c’était face à des hommes.
L’inactivité ne risque-t-elle pas de vous être préjudiciable ?
Cela aurait pu poser problème mais on s’est réellement bien entrainé, j’ai démarré depuis longtemps, je n’ai pas attendu la date de ce combat. J’avais un challenge qui m’attendait puisque j’avais pris la décision de refaire les JO en 2024, on travaille depuis septembre, j’ai beaucoup d’entrainement derrière moi, un gros foncier a été effectué. Cette préparation a été tellement complète qu’au final, je suis dans de bonnes dispositions pour ce combat, je ne pense pas que cela me pénalisera de ne pas avoir boxé depuis un an.

Vos combats contre Aurèlie Froment et Emma Gongora, après votre dernière coupure, avaient été compliqués…
J’avais accouché depuis quatre mois (rires). J’avais fait le choix de redémarrer vite, en temps normal, ce n’est pas recommandé de reprendre si tôt mais j’avais de gros objectifs derrière. Entre la recherche de réunification de ceintures mondiales et les jeux, on va dire qu’en terme de timing, j’ai des dates limites à respecter. Je ne peux pas me permettre de prendre trop de temps de repos, j’ai des attentes en professionnelles et après on s’approche trop des jeux. Un an avant les JO, je vais arrêter les pros pour me préparer pour Paris. J’ai repris rapidement pour toutes ces raisons, ce ne fut pas forcément mes meilleurs combats mais je sais qu’aujourd’hui, je suis dans de très bonnes conditions physiques, seulement dix-huit mois après ma seconde grossesse. Il a fallu que je rattrape le retard, par rapport aux grandes adversaires que j’ai en face et qui elles, n’ont pas eu de pauses.
Que connaissez-vous de Yanina Del Carmen Lescano ?
Elle est plus grande que moi, assez longiligne. Contrairement à beaucoup de filles d’Amérique latine, qui ont tendance à rentrer et venir au corps, elle travaille à distance. C’est un profil intéressant pour moi car j’aime bien boxer ce style de fille. Je pense que ce sera un combat propre. On a bien analysé les choses, elle a des qualités et aussi des défauts donc on a axé la préparation en fonction de tout cela, pour être au-dessus d’elle.
Comment êtes-vous arrivée chez Probellum ?
J’ai signé chez aux par l’intermédiaire de Richard Schaefer, qui dirige cette société de promotion qui a une grosse cadence d’organisation dans tous les pays du monde avec l’ambition de devenir un acteur majeur de la boxe mondiale. Ils veulent se faire connaitre dans le monde entier et organiser des rencontres là où il n’y en a pas souvent. Vendredi, cela sera la première fois qu’une femme disputera un titre mondial au Moyen Orient. Probellum a conclu un accord avec Discovery Sports et mon combat sera diffusé en direct sur Eurosport, d’ailleurs le contrat démarre avec cette réunion de Dubaï.

Où vous serez tête d’affiche…
Oui, Richard (Schaefer) croit beaucoup en moi, il souhaite vraiment me placer en n°1 mondiale, il voit mes qualités pugilistiques. C’est aussi ce qui me fait plaisir, car depuis le début de notre collaboration, il me prouve qu’il mise sur moi. Il va tout faire pour m’amener vers cette chance mondiale et une réunification des ceintures.
Devenir la meilleure boxeuse au monde
Boxerez-vous à nouveau en France ?
C’est une possibilité, peut être en fin d’année. C’est quelque chose que nous évoquons d’organiser un gros combat en France.
Quel est votre pronostic du combat entre Katie Taylor et Amanda Serrano ?
Je penche pour Taylor, Miriam qui a rencontré les deux, voit plutôt Serrano qui frappe très fort. Katie Taylor est une boxeuse très intelligente dans la manière de gérer sa carrière et ses combats et la connaissant, je pense qu’elle gagnera le combat, même si cela sera serré. Je pense qu’elle trouvera la solution, entre une boxeuse qui frappe et une autre qui est plus smart, j’ai tendance à pencher pour la seconde. Katie Taylor est très forte, rapide et technique. C’est un pronostic difficile, on peut s’attendre à voir un combat serré, intense et peut être avec des retournements de situation dus au punch d’Amanda Serrano.
Vous êtes n° 3 mondiale WBC/IBF/WBA derrière ces deux championnes, et tenante IBO, vous devriez donc être légitimement la prochaine à défier la gagnante pour le titre mondial réunifié…
On se positionne bien sûr pour prendre la vainqueur de ce championnat du monde, c’est mon objectif. C’est une discussion que nous avons avec Richard mais aussi avec les entraineurs pour faire ce combat au bon moment. On ne veut pas de défaite au palmarès, on veut être à la hauteur d’un tel combat, nous prendrons le temps nécessaire pour être dans les meilleures dispositions. Je pense qu’il est important de faire des grands combats avant de prendre un championnat du monde comme celui-là.
Peut-on évoquer Paris 2024 ?
Cela fait partie de mes objectifs, professionnel et olympique. C’est pour cela que tout est hyper cadré dans notre logique de programmation des futurs combats. Je risque de participer aux championnats du monde amateur, en vue des JO. Je n’aurais pas de vacances après le combat de vendredi, on va immédiatement basculer sur le format de 3X3. C’est une gestion physique d’entrainement très particulière. L’envie est vraiment là pour devenir la meilleure boxeuse au monde, le challenge est gros mais on pense que c’est possible. Les choses n’arrivent pas par hasard, j’ai trouvé la bonne équipe qui me correspond et qui prend ce double objectif très au sérieux. La signature avec Richard Scheafer est survenue au bon moment, tout cela me met dans de bonnes conditions mentales pour les grandes échéances qui arrivent.
Si les JO s’étaient déroulés ailleurs qu’à Paris, auriez-vous eu la même démarche ?
C’aurait été différent. J’ai pris le temps le temps pour me décider mais ce que qui m’a fait basculer, c’est que ce soit en France, cette chance ne se représentera pas, c’est une manière de ne rien regretter plus tard.