Christ Esabe (10 v) et Rima Ayadi (6 v) seront les têtes d’affiche du gala intitulé « Les Héritiers - Acte III », organisé, ce samedi, par leur club, le BAM L’Héritage et en direct sur Fight Nation. Ils tenteront de conserver leur ceinture respective avant de viser plus haut. Ces deux-là mêlent tout ce que l’on peut attendre sur un ring : le talent, l’abnégation et l’intelligence tactique.
Honneur aux dames et, tout d’abord, à Rima Ayadi qui le mérite tant. Elle, la stakhanoviste du carré magique, venue sur le tard à la boxe et qui y sacrifie tout avec un dévouement aussi remarquable qu’admirable. Il lui est notamment arrivé de faire elle-même le tour des popotes pour réunir les fonds nécessaires à la tenue de ses combats.
«Pas pertinent de courir deux lièvres à la fois»
Cette fois, elle remet en jeu son titre WBA continental des légères contre l'Ukrainienne Olena Medvedenko (11 v, 8 d) qui présente un pedigree consistant puisqu’elle fut sacrée championne d’Europe des super-légères, en juin dernier. Elle ne sera donc pas prise à la… légère par la Française qui s’est vite et bien remise de la Covid-19 contractée en décembre. « Comme à mon habitude, je me suis très bien préparée pour cette échéance. Je me sens bien. Je ne sais pas à quoi ressemble mon adversaire, avoue celle qui a pour habitude de ne jamais regarder préalablement en vidéo ses rivales à l’œuvre. Ce sera un gros combat car on sait qu’Olena Medvedenko a le style des filles de l’Est. J’y vais sans aucune pression car j’ai vraiment beaucoup travaillé, en particulier la variation des cibles entre le corps et la face afin de ne pas viser uniquement le visage. C’est un axe d’amélioration que je souhaitais développer et que j’aimerais reproduire devant Olena Medvedenko. »
L’Yvelynoise a un plan de marche réglé comme du papier à musique. En l’occurrence, préserver son invincibilité, disputer, si tout va bien, le titre continental, en juin, puis, à la rentrée prochaine, se concentrer sur la boxe amateur pour viser une participation aux JO de Paris, en 2024. L’idée est donc de sérier les objectifs et non de les entremêler. « Avec mon entraîneur Abadila Hallab, nous ne sommes pas convaincus de la pertinence de courir deux lièvres à la fois ni de mélanger boxe pro et boxe olympique, justifie-t-elle. Les méthodes et les contenus d’entraînements ne sont pas les mêmes. C’est aussi pour cela que j’ai renoncé à briguer une sélection pour les prochains championnats du monde amateurs. »
Christ Esabe « a pris de l’âge »
Du haut de ses vingt-et-un ans, Christ Esabe continue d’impressionner tant par la précocité et la complétude de ses qualités pugilistiques que par la maturité avec laquelle il gère le déroulé de ses duels entre seize cordes. Il défendra son titre WBC francophone des plumes contre l'Argentin Nicolas Nahuel Botelli et l’on ne peut pas dire que l’appréhension le submerge. « J’aborde ce rendez-vous en toute confiance, explique-t-il. Cela fait deux mois que je le prépare. Tous les feux sont au vert. Avec le staff, on a bossé comme il le fallait. Le but est d’essayer de progresser lors de cette confrontation. » Pour cela, il conviendra de sortir du piège latino : « Nicolas Nahuel Botelli a un profil un peu longiligne. Il est à la fois capable d’avancer et de reculer ou de tourner. Il n’est pas mal techniquement et a une frappe sèche. Il me faudra faire attention. Le game plan va consister à casser la distance pour le saper au corps et, ensuite, remonter au visage en accélérant au fil des rounds. »
A la salle, le Muriautin a mis les bouchées doubles, histoire d’améliorer, pêle-mêle, sa puissance, l’assise au moment de frapper et les moyens de défense. Et, à l’écouter, la chose commence à porter ses fruits en terme d’efficacité. « Je sens que j’ai pris de l’âge, sourit-il. Je suis plus fort physiquement. » On le croit volontiers. En cas de succès, le prodige du BAM L’Héritage ambitionne de décrocher la couronne WBA youth de la catégorie puis de faire un championnat de l’Union européenne.