Cette première journée du Tournoi de qualification olympique (TQO), qui se tient au Grand Dôme de Villebon-sur-Yvette après avoir débuté, il y a plus d’un an, à Londres, a été riche en duels haletants. Si la plupart des têtes d’affiche ont tenu leur rang, des outsiders ont bouleversé la hiérarchie.
Médaillé planétaire et continental, l’Anglais Pat McCormack (-69 kg), aux bras tentaculaires et au coup d’œil incomparable, a fait étalage de toute la panoplie du noble art pour surclasser le courageux Monégasque Hugo Micallef. Sa palette technique a fait merveille, à l’image de celle de son compatriote Benjamin Whittaker (-81 kg) qui était reparti paré de bronze des derniers Mondiaux et qui a pris l’ascendant sur le Roumain Paul-Andrei Aradoaie. Au demeurant, chez les hommes forts, le spectacle a été au rendez-vous. Ainsi, le Croate Luka Plantic (-81 kg) , argenté aux JOJ 2014, a passé à la moulinette de ses coups de boutoir l’Arménien Gor Nersesyan qui a fini par lui tourner le dos en signe d’abandon acté par l’arbitre.

L’école cubaine a été à l’honneur
De son côté, l’école cubaine a été à l’honneur. Vice-champion olympique à Rio, Lorenzo Sotomyaor Collazo (-69 kg), naturalisé azerbaidjanais par amour, a misé sur sa vista, son timing et sa mobilité pour ne pas tomber dans le piège tendu par le Danois Sebastian Terteryan qui a joué crânement sa chance, parfois en usant un peu de vice. En attestait, l’arcade sourcilière gauche ouverte de son rival. Vainqueur des Jeux européens en 2019, Loren Berto Alfonso Dominguez (-81 kg), transfuge de l’île de feu Fidel Castro et lui aussi azerbaidjanais d’adoption, a également fait parler sa belle technique face au trop stéréotypé Ukrainien Stefan Hrekul. Champion du monde 2019, le Russe Andrei Zamkovoi (-69 kg) a, quant à lui, infligé un KO au Grec Dionysos Pefanis.
Enfin, en moyens, l’Ukrainien Oleksandr Khyzhniak, qui a réalisé le Grand chelem en s’adjugeant successivement les Mondiaux, les championnats d’Europe et les Jeux européens, apparaît comme l’épouvantail de la catégorie. Sa démonstration aux dépens de l’Anglais Lewis Richardson, qui a été compté, a été un modèle du genre tout comme son crochet gauche dévastateur.

Caroline Dubois, la fougue de sa jeunesse
Ces dames n’ont pas été en reste. En plumes (-57 kg), la Russe Liudmila Vorontsova, pourtant vice-championne du monde 2019, n’a pas réussi à se défaire de l’étau que lui a savamment concocté la championne d’Europe, la longiligne Irma Testa qui a donc créé la surprise en décrochant la timbale. Dans cette même catégorie, la Bulgare Stanimira Petrova (championne du monde 2014 et double championne d’Europe en 2016 et 2018) a su user de son intelligence de ring et de sa gestuelle chirurgicale pour endiguer le pressing constant de la Polonaise Sandra Kruk dont l’entrain a été trop désordonné pour faire mordre la poussière à la championne du monde 2014 et d’Europe 2016 et 2018.
A noter, chez les légères, la victoire inattendue de l’Anglaise Caroline Dubois contre la Finlandaise Mira M.J. Potkonen, qui, par le passé, s’est hissée sur le podium des championnats du monde, d’Europe et des Jeux olympiques. La sœur du poids lourd Daniel Dubois a su aborder cette échéance de manière décomplexée, avec la fougue de sa jeunesse même si celle-ci était quelque peu désordonnée. Maïva Hamadouche, en gagnant l’épreuve de force contre la Croate Marija Malenica, et l’Irlandaise Kellie A. Harrington (championne du monde 2018), en faisant parler sa précision devant la Polonaise Aneta Rygielska, ont, en revanche, été à la hauteur de leur étiquette de favorites. Ce qui n’a pas été le cas de la Russe Ekaterina Dynnik, médaillée mondiale et continentale mais sapée par la Turque Esra Yildiz.
En -75 kg, la Britannique Lauren Price, championne du monde, n’a guère éprouvé de difficulté pour dominer la Française Davina Michel en compensant son déficit de taille par sa vitesse d’exécution. La Russe Zenfira Magomedalieva, double vice-championne du monde et d’Europe, n’a pas non raté son entrée en matière. Sobre, efficace et suffisamment active, elle a étrillé la vaillante mais limitée Hongroise Timea Nagy.
