Le médaillé d’or olympique de Rio (10 v) aborde sa onzième sortie chez les rémunérés comme à son habitude, serein. Pourtant, la tâche ne s’annonce pas des plus aisées contre le Croate Petar Milas (15 v), lui aussi invaincu et complet sur le plan pugilistique.
Cette fois, pas de baffe qui part lors de la pesée. Pas de trash talking lors de la conférence de presse. Pas de récit d’un parcours personnel au fond de l’abîme sur le mode « après ce que j’ai vécu, rien ne peut me faire peur ». On était entre gens fort civils mais de peu de mots. Le visiteur, s’est contenté d’affirmer qu’il était mieux pour lui d’en découdre sur le terrain de son rival que sur le sien. Et, visiblement, il pensait ce qu’il disait.
On a voulu savoir pourquoi le Français ne défendrait pas sa ceinture de l’Union européenne sur le central de Roland-Garros. Réponse : « On est parti sur autre chose. On vise un autre titre d’ici la fin de l’année. » Lequel ? On n’en saura évidemment pas plus. Le promoteur Jérôme Abiteboul s’est bien gardé de se montrer plus prolixe : « Petar était classé par l’EBU pour rencontrer Tony au mois de mars. Mais il avait alors un autre promoteur avec lequel nous n’avons pas trouvé d’accord pour faire le combat. Il a donc fallu le décaler et là, il n’est pas éligible pour disputer le titre de l’Union européenne. Nous avons quand même décidé de faire ce match. Le prochain est prévu en décembre. Il y a de grandes choses qui arrivent. »
« Je ne me suis jamais senti aussi rapide et puissant »
Pour éviter toute déconvenue en cours de route, Tony Yoka a potassé outre-Atlantique. « La préparation s’est très bien passée, a-t-il expliqué. On a eu le temps de travailler techniquement et tactiquement, si bien que j’ai progressé. Physiquement, j’ai perdu un petit peu de poids. Ce n’était pas forcément volontaire mais je ne me suis jamais senti aussi rapide et puissant. » Cela vaut mieux car le Croate est un rival aux allures de piège : « C’est un adversaire complet qui change de garde. Pour un poids lourd, il est assez technique. Il va vouloir imposer son style et son rythme dès le début. On l’a vu lors de mes derniers matchs, je souhaite boxer un peu tout le monde pour être prêt au maximum quand j’irai voir plus haut. »
Un moment qu’attend avec impatience Victor Yoka, le père du champion : « J’ai vu Tony à l’entraînement. Il est très bien. Je trouve qu’il est aujourd’hui un bon boxeur professionnel. Il n’a plus la boxe amateur qu’il avait auparavant. Il est bien assis sur ses appuis et frappe très fort. Il a beaucoup évolué et je suis très satisfait de son évolution. Pour moi, il est mûr pour un championnat du monde le plus tôt possible. Je ne demande que ça. Si, demain, on lui mettait en face quelqu’un qui figure dans le top cinq mondial, même le numéro un, je serais d’accord car je vois qu’il est prêt. »
Ce que clame le Francilien :« J'attends ma chance et qu'on me laisse boxer devant un nom pour que je montre que je peux le battre. Mon promoteur et mon manager essayent de me calmer un petit peu mais je suis fatigué de me battre contre des gars qui sont derrière moi. Je veux du haut niveau. Joe Joyce, Joseph Parker, Dillian Whyte, Dereck Chisora… : n'importe qui, on prend. »