Tony Yoka, de la parole aux actes

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Ce samedi, au Zénith de Paris, le Français (11 v, 1 d) disputera, contre Carlos Takam (39 v, 1 n, 7 d), le match le plus important de sa carrière professionnelle. Un deuxième revers de rang après celui infligé par Martin Bakole serait plus qu’un coup d’arrêt. Au héros de Rio de prouver qu’il a définitivement changé.

Les propos du champion olympique 2016, en conférence de presse, récusant ostensiblement les questions sur son avenir qui serait sérieusement hypothéqué en cas d’échec, le donne à voir comme terriblement sûr de son fait. « J'ai reculé pour mieux sauter. Il faut que je boxe, que j'aie un gros combat et une grosse victoire. Je ne pense pas au fait de pouvoir perdre ce combat. Ce n'est pas possible. J'ai fait une préparation tellement longue et tellement bonne. Je retrouve mes sensations et je repars pour la victoire », a assuré le Francilien, reconnaissant au passage qu’il n’avait « pas le droit à l'erreur ».

« J'ai envie de montrer que j'ai bossé »

Dix mois après touché le fond des poings d’airain de Martin Bakole, le Tricolore tient là un discours qui oscille entre l’aveu de culpabilité rétrospectif et  la rédemption. « C'est compliqué quand on sort d'une défaite comme j'en ai subie l'année dernière. Maintenant, j'ai pris le temps de couper avec la boxe pendant quelques mois, de vraiment repartir et de faire une grosse préparation pour revenir. J'ai hâte de reboxer. J'ai envie de montrer que j'ai bossé, que j'ai eu une défaite, certes, mais que je peux rebondir par rapport à ça. »

Le boxeur autant que l’homme, alors fraîchement divorcé, ont été, à l’évidence, brisés, lors de la déconvenue devant l’implacable Bakole. Il l’a confessé avec une pudeur infiniment respectable dans les colonnes de L’Équipe : « Cette défaite m'a fait du mal et du bien. J'avais besoin d'en passer par là. Aujourd'hui, je sais où je vais. J'ai trouvé un équilibre, un autre socle sur lequel me baser. Avant, le codeur de ma vie, c'était mon foyer. Tout s'est effondré. Je me suis recentré sur moi-même. Dans la difficulté, tu rencontres des gens, tu en perds aussi... Certains étaient des proches. Ils ne le sont plus, ça a été dur (…). C'est la vie qui veut ça. Je me suis rapproché de ceux qui sont restés. Je veux voir le positif : j'ai reçu du soutien et de l'amour de supporters qui m'ont donné de la force. » Voilà pour le côté perso.

« Je voulais revenir avec un combat qui ait de la gueule »

Côté ring, l’intéressé a fait tout autant amende honorable, toujours dans L’Équipe : « Il m'a fallu déconstruire ce stéréotype du poids lourd qui doit systématiquement avancer, frapper et faire mal. Au-delà de me chercher encore un peu, je dois me faire confiance. J'ai beaucoup de cordes à mon arc, je dois les utiliser. Je peux alterner, me déplacer ou rester face à mon adversaire si c'est nécessaire. Je ne suis pas le plus grand des puncheurs mais j'envoie quand même. C'est un plus mais il ne doit pas dénaturer ma boxe que je souhaite rapide, technique et efficace. Ce talent que j'ai reçu pour la boxe ne suffit pas. Il me faut faire des sacrifices, bosser trois fois plus. »

L’interrogation que tout le monde a en tête et n’ose formuler publiquement à l’adresse de l’élève de Virgil Hunter : a-t-il la moelle et les capacités pour effectuer sa mue, pour faire de lui un cador de la catégorie ? Sa prestation de ce samedi sera assurément un début de réponse. « Je ne voulais pas revenir avec un petit combat, un combat de retour, clame Tony Yoka. Je voulais revenir avec un combat qui ait de la gueule et je pense que c'est le cas. » Exact et le mérite lui en revient. Quoi que l’on pense.

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