Le 6 avril, le champion de France des welters (15, 3 n, 4 d) a conservé sa ceinture en allant battre par arrêt de l’arbitre (7e), chez lui, à Fontenay-sous-Bois, son challenger officiel, Bruno Marcellin (11 v, 3 n, 4 d), à l’issue d’un duel palpitant.

Quand un Aulnaysien rencontre un ex-Aulnaysien, la confrontation n’en a que plus de piment. Bruno Marcelin a en effet débuté sa carrière au CSL Aulnay-sous-Bois, club dont Yahya Tlaouziti défend aujourd’hui les couleurs. Mieux, ces deux-là se sont, par le passé, maintes fois entraînés ensemble et ont mis les gants l’un avec l’autre. Bref, ils se connaissent plutôt bien et se respectent.
Reste que dans le carré magique, il n’y a pas d’amis comme le dit l’adage. De fait, dès le premier coup de gong, des deux protagonistes lâchaient les chevaux, n’éprouvant ni le besoin ni l’envie de s’observer. Le challenger faisait le choix de durcir immédiatement les hostilités en effectuant le pressing et en attaquant sans cesse et sous tous les angles. Son travail de sape visait essentiellement le corps même s’il ne se privait pas de remonter à la face lorsque l’occasion lui en était donnée. Ce qui était, somme toute, assez rare, dans la mesure où, nous seulement le tenant ne reculait guère mais utilisait à merveille soit son bras avant pour repousser les assauts de son rival, soit son uppercut lorsque celui-ci s’approchait plus près.
Surtout, le scénario de la confrontation se dessinait rapidement : deux hommes bien décidés à tout donner et à aller au bout d’eux-mêmes dans une ambiance surchauffée, au propre comme au figuré, mais l’un, Yahya Tlaouziti, nettement plus précis et fin techniquement, et l’autre, Bruno Marcellin, doté d’un cardio d’enfer mâtiné d’un courage et d’une volonté irréprochables mais plombé par une perméabilité défense qui, à la longue, ne pouvait que devenir intenable.
Y a de la joie, des larmes et une fraternité d’armes
Dès la deuxième reprise, le cocktail devint explosif et les débats d’une formidable intensité. Le challenger tentait plus que jamais crânement sa chance. Son admirable vaillance autant que son volume d’activité furent récompensés lorsque, dans la troisième, il parvint à envoyer sur les talons son contradicteur, cueilli par une gauche de plein fouet. Sérieusement secoué, le visiteur mit un peu de temps avant de récupérer pleinement. Résultat : des offensives un peu téléphonées, déclenchées toujours sur le même mode (bras avant - bras arrière) et, de surcroît de trop loin. D’autant que Bruno Marcelin eut l’intelligence de moins se ruer systématiquement aux avant-postes et donc de moins demeurer dans la zone de frappe du champion.
On crut alors, l’espace de quelques instants, que la tendance allait s’inverser mais dès le cinquième round, Yahya Tlaouziti repris l’ascendant grâce à une palette pugilistique plus diversifiée à la solde d’une boxe plus variée. Il était bien aidé dans son entreprise par les largesses de Bruno Marcelin qui, mû par l’orgueil autant que par un respectable esprit de résistance, s’exposait quasi-constamment et dont les louables qualités d’encaisseur ne s’avéraient pas suffisantes pour espérer décrocher la timbale. Son père avait beau l’implorer de lever les mains, rien n’y fit. Dans ces conditions, le sort en était jeté. Maintes fois crucifié au visage par les crochets des deux mains de son adversaire, il était sauvé une première fois par le gong à la toute fin du sixième opus afin de devoir, dans le suivant, endiguer, vaille que vaille, une nouvelle grêle de coups qui contraignait fort justement l’arbitre à mettre un terme à un manao a mano qui avait fait honneur au noble art.
La suite est connue : la joie indicible de l’un qui exultait à n’en plus finir, la détresse de l’autre qui fondait en larmes d’avoir failli et une accolade entre les deux pour signifier que ce sport est avant tout une affaire de fraternité d’armes.
Par Alexandre Terrini
Mis en ligne par Olivier Monserrat-Robert