Titrée 9 semaines seulement après son 1er duel

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Saïd Bennajem sourit en y repensant. « En juin dernier, la fête du club se préparait et je m'occupais du barbecue lorsque je l'ai vu débarquer. Je l'avais oubliée... ». Quelques jours plus tôt, Maily Nicar avait pourtant prévenu de sa venue au directeur technique du Boxing Beats Aubervilliers.

« Elle arrivait de Belgique et je l'ai sentie motivée ». En dix minutes, après quelques gestes effectués dans la salle du club, Saïd Bennajem s'était déjà fait son idée. « Elle s'est donnée, se souvient-il. J'ai vu une fille puissante et appliquée. Je lui ai alors dit : C'est bon pour moi ». Le 14 février à Pontarlier, une ceinture tricolore a resserré encore plus les liens qui les unissent désormais, huit mois après leur première rencontre. Maily a été sacrée championne de France amateur dans la catégorie des 69 kg. Un exploit pour celle qui ne disputait que son sixième combat en boxe anglaise. Son premier ne remonte qu'au 7 décembre dernier en finale des Championnats d'Ile-de-France... « Je ne réalise pas d'avoir fait ça en si peu de temps, savoure la jeune fille de 23 ans. L'objectif était d'abord d'effectuer une belle compétition et de prendre du plaisir. Ce titre me remplit de bonheur ».

La Guadeloupéenne débarque ainsi sur les rings à la vitesse de l'athlète qu'elle a été pendant une dizaine d'années. Spécialiste des épreuves combinées, sacrée championne de son île et sélectionnée aux Carifta Games -- qui ont notamment révélé Usain Bolt -- elle décide de tout plaquer en 2009. « Je ne trouvais plus ma place, raconte l'ex-pensionnaire du Cresps Antilles-Guyane de Pointe-à-Pitre. La boxe a été l'occasion de toucher à autre chose ». Peu après s'être installée à Bruxelles pour suivre ses études de kinésithérapeute, l'Antillaise pousse la porte d'une salle de boxe thaïe avec l'envie « de voir (ses) limites, de tenter l'impossible ». Elle y apprend les rudiments, découvre que la discipline correspond à son tempérament et est envoyée au combat, « parce que j'étais courageuse ». Mais une commotion cérébrale, consécutive à son 4e combat en boxe thaïe, en avril 2012 aux Pays-Bas, met un terme à son expérience. « J'ai alors respecté l'engagement pris auprès de mes parents de m'investir dans les études. » Mais la boxe, anglaise cette fois, est revenue à elle l'été dernier. « Mon cousin par alliance, qui est préparateur physique à l'Insep, m'a parlé de Saïd et de son club. ».

« Avec elle, le feeling est vite passé, se souvient le patron du Boxing Beats. Elle est équilibrée dans la vie et se donne sans compter aux entraînements. Je retrouve en Maily la même envie de réussir que celle de Sarah Ourahmoune (NDLR : sacrée pour la 7e fois samedi) . Après chaque séance, elle aime qu'on analyse son travail ». Sa victoire a tapé dans l'oeil des cadres techniques de la fédération qui lui ont proposé un stage avec l'équipe de France. « Mais c'est encore un peu tôt, juge Saïd Bennajem. Elle a une volonté de feu, mais il faut la préserver. J'ai un plan de travail avec elle ». Et sûrement déjà des objectifs élevés... « C'est sûr, il y a les JO de Rio. Mais ils arrivent vite. Si ce ne sont pas ceux-là, il y aura les prochains... ». Maily, elle, pense surtout à son diplôme de kiné. « Cependant, je ne me mets pas de limites en boxe. Et j'aimerais voir quels obstacles je peux dépasser. Et si je dois échouer, ce ne sera pas à cause de moi ».

Par : Thierry Raynal

Source : Le Parisien

 

 

 

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