Takoucht défie là fatalité

Partager cet article sur 
Retour aux actualités

 

La surprise de l'année 2010 (une ceinture européenne EBU des plume ramenée de Donetsk) récompensée par un Gant d'or ; une saison perdue à gérer la défense de ce titre ; un retour réussi sur la scène européenne (ceinture EU) en Italie ; une demi-finale mondiale IBF ; un championnat EBU annulé sur place à Madrid ; quasiment une année et demie d'inactivité et pour conclure le scénario gagesque, toujours en Espagne, d'un adversaire, Gago, qui disparaît lors de la pesée alors qu'un titre international IBF était en jeu...
 
 
Crédits images : Denis Boulanger - Presse Sports
 
Entre coups d'éclat, du sort et de Jarnac, la carrière de Sofiane Takoucht est tout sauf linéaire : « J'ai toujours rencontré des éléments contraires. Je prends ça comme une fatalité. On ne peut pas se battre contre un système ; il faut s'y adapter ». « Il me protégeait. Sans lui, je me suis dit dit : à quoi ça sert ? Je ne voulais plus entendre parler de la boxe ». Baby Face a été si près de stopper sa carrière après le décès de son père que l'épisode de l'hiver dernier l'a plutôt stimulé qu'abattu. Avec un peu plus en tête cet objectif : « autant faire quelque chose avant d'arrêter ». « J'ai toujours été génétiquement « sec ». Le plus dur, c'est de retrouver une vie d'athlète de haut-niveau, se lever tous les jours à 8 heures du matin, quand on tient un bar et que l'on a pris l'habitude de se coucher à 4-5 heures ».
 
 
Les mois d'enfer, loin de sa compagne Jennifer et de la petite Rose, passés à se refaire une santé méritaient une suite. Et cette suite est venue avec cette chance offerte par le SC Sedan de disputer cette fameuse ceinture IBF dans les Ardennes samedi prochain : « Finalement, cette mésaventure a été un mal pour un bien ». Ce défi qui était un peu fou il y a encore six mois, est devenu une réelle opportunité pour le Carolo de retrouver - sur un coup et à domicile - son rang sur l'échiquier mondial.
 
Le fils, le grand-père et le grand frère
 
Ce chemin vers la résurrection n'a pas été accompli seul. Baby Face a été porté, accompagné, par son premier mentor, Jean Molina, et « Fredo » Pérez.  Le fils égaré et orphelin, le grand-père et le grand frère, cette sainte Trinité s'est remonté les manches. Offrant à Baby Face l'écorché hors-système « l'entourage » qui lui est vital : « Lorsque mon père est décédé, M. Molina a su être là. J'ai fait un peu le tour et je m'aperçois que c'est le plus scrupuleux. Je l'ai connu jeune et il y a de la bienveillance entre nous. J'ai du respect, beaucoup de respect. D'ailleurs, je ne l'appelle pas autrement que M. Molina ».  Un troisième homme est venu souder cette entente : Frédéric Pérez « la personne adéquate, quelqu'un à qui je dois énormément. Il se met en quatre ; c'est un pur, un vrai comme on en voit plus beaucoup ». A Balaruc-les-Bains où il s'est préparé, Sofiane Takoucht s'est senti comme un membre de la famille, partageant les repas et bien plus avec son entraîneur.
 
 
Crédits images : Denis Boulanger - Presse Sports
 
Cette histoire est belle en elle-même. Elle le sera plus encore si la victoire est au bout face au Mexicain, installé en Espagne, Alexander Cazares, dont le dernier adversaire, le champion d'Europe des coqs, Karim Guerfi a dit le plus grand bien sur Canal + « un garçon dans la tradition mexicaine, dangereux, courageux et dont il faut craindre les droites ». Les vidéos étudiées confirment le danger : « Il est plus petit (NDLR : d'où son surnom : Monito, le petit singe), dur au mal, truqueur et il a du métier ». Une stratégie a été mise en place « mais ce n'est que sur le ring que l'on verra si c'est la bonne ». Sofiane Takoucht n'en dira pas plus, c'est sa nature : « Mon discours, c'est sur le ring que je dois le tenir. On n'attend pas d'un boxeur qu'il parle mais qu'il fasse le spectacle pendant le combat ».
 
 
Sofiane Takoucht, Frédéric Perez et Jean Molina
 
« C'est un véritable match à enjeu. Je dois remercier Jean-Louis Joly et son fils Sébastien, ainsi que la ville de Sedan. C'est à moi maintenant de faire honneur aux Ardennes ». Et de rattraper le temps perdu. Mais aussi la notoriété et l'aspect financier qui vont avec : « Je dois sortir de l'argent de ma poche pour préparer un tel combat. Deux sociétés m'apportent leur soutien : Arcavi (recyclage de déchets) et Silver (lavage auto) dont le responsable est un ami de mon père ». Une victoire et à 31 ans, avec son statut d'ancien demi-finaliste IBF, c'est la perspective d'un championnat du monde chez le Gallois Lee Selby qui pourrait radicalement changer la donne.
 
Jean-Pierre Prault et Olivier Monserrat-Robert

 

 

 

Découvrez aussi
crossmenu
linkedin facebook pinterest youtube rss twitter instagram facebook-blank rss-blank linkedin-blank pinterest youtube twitter instagram