La 110e édition des finales des Championnats de France amateurs (CFA) seniors masculins, qui ont eu lieu, le 24 février, à Saint-Quentin, ont été l’occasion d’assister à l’émergence d’espoirs issus des juniors. Sans compter quelques belles empoignades qui ont fait lever les foules.

Rakyb Mohamed Radji
Contrairement aux féminines, c’est un inconnu au bataillon qui a été sacré meilleur boxeur de ces finales. En l’occurrence, Rakyb Mohamed Radji, pas encore vingt printemps et qui s’est comporté, dans l’Aisne, comme un vieux briscard des rings pour décrocher sa première ceinture des -49 kg aux dépens du Lorrain Adrien Liégeois, lequel lui a pourtant tenu la dragée haute. D’une grande aisance gestuelle, déjà très complet techniquement, bref, beau à voir et surtout capable de changer son fusil d’épaule en cours de combat quand les circonstances tactiques l’exigent, le Niçois a épaté son monde. Le staff de l’équipe de France ne s’y est pas trompé en le conviant à un regroupement national. Timide, le garçon aspire, à terme, à entrer à l’Insep. Son talent l’y prédispose.

Billal Bennama vs. Mohamed Allalia

Lounès Hamraoui
Ceux qui en sont déjà pensionnaires ont pu mesurer les bienfaits de faire et de refaire ses gammes au sein d’une structure dédiée au haut niveau. On pense notamment à Yanis Mehah (-64 kg) qui a su serrer les boulons et ne pas se disperser pour triompher sur le fil du Muriautin Warren Esabe, certes spectaculaire mais pas suffisamment efficace pour marquer les touches qui font la différence. Tout comme l’Yvelinois, Milan Prat (-69 kg) était en finale pour sa première saison chez les seniors mais, lui, l’a emporté avant la limite en faisant montre de ses qualités de frappeur tout en déployant sa boxe académique en ligne. D’autres Insepiens ont manqué la dernière marche, à l’image de Malik Nahim (-56 kg), logiquement dominé par le prometteur Guyanais Kesny Joseph, façonné par Jacques Chinon ; de Victor Yoka (-75 kg) qui s’est heurté à la puissance et à la fougue de Moreno Fendero, ancien pensionnaire du pôle France jeunes de Nancy ; ou encore, de Soheb Bouafia (-91 kg) courageux et téméraire mais trop perméable défensivement pour vaincre l’expérimenté Kévin Kuadjovi qui a tiré sa révérence en beauté.
La jeunesse a pris le pouvoir ou l’a conservé
Le clou de la soirée a été le mano a mano entre Lounès Hamraoui et Khalil El Hadri en -60 kg. Assurément, le seul duel qui méritait le label international. Cette revanche de la finale de l’an passé a vu le premier prendre un très léger ascendant grâce à sa plus grande variété technique, laquelle a davantage séduit les juges que les droites lourdes et la boxe pied au plancher du second. Avec, à la clef, un verdict qui a fait parler dans les chaumières et entre seize cordes. Que l’on se rassure, ces deux-là sont appelés à se retrouver. Qui s’en plaindra ? Toujours est-il qu’en terre picarde, à l’image de Bilal Bennama (-52 kg) et de Djamili Dini Aboudou-Moindze (+91 kg), la jeunesse a pris le pouvoir ou l’a conservé.

Kesny Joseph vs. Malik Nahim

Moreno Fendero
Il faut s’en réjouir même s’il y a désormais plus que du pain sur la planche. D’abord parce que beaucoup de ces lauréats manquent encore cruellement de vécu sur la scène internationale et que si la valeur n’attend pas le nombre des années, elle a besoin de passer de l’état brut à un polissage en règle. Manager général des équipes de France et entraîneur national en charge du collectif masculin senior, John Dovi ne dit pas autre chose : « C’est une équipe qui est très jeune. Il faut du temps pour intégrer les exigences du haut niveau international. En revanche, ce sont des boxeurs avec lesquels il y a matière à travailler. Il va falloir peaufiner ». Quitte à pousser chacun dans ses retranchements. Bref, c’est maintenant, à deux ans des Jeux olympiques de Tokyo, que la troupe va entrer dans le dur en enchaînant stages, tournois et grands championnats. Et là, il n’y aura plus de sentiments. La sélection se fera naturellement, au fil des échéances qui jalonneront l’année 2018 : championnats d’Europe des moins de 22 ans, Jeux méditerranéens, championnats de l’Union européenne et Mondiaux universitaires. Sachant qu’à cette promotion 2018, viendront se joindre Sofiane Oumiha, Jordan Rodriguez et Paul Omba Biongolo pour ne citer qu’eux. Les mois qui viennent seront décisifs et fourniront un embryon de réponse à une question lancinante : les successeurs de la Team Solide seront-il à la hauteur de leurs aînés ?
Par Alexandre Terrini
Mise en ligne par Olivier Monserrat-Robert
Crédits photos : Pierre Cottret