Souleymane Cissokho en toute lucidité

Partager cet article sur 
Retour aux actualités

Malgré un voyage au tapis, le Français (15 v) a conservé avec un brio certain, le 5 mars, à San Diego, son titre WBA intercontinental des super-welters. Pour cela, il a dominé aux points, à l’unanimité des juges (100-90, 99-91, 99-91), le puncheur Mexicain Roberto Valenzuela Jr (19 v, 3 d).

Alors que nous étions en Californie, laquelle abrite une très importante communauté de Latinos, c’est bien le patronyme du natif de Dakar qui était scandé en tribunes. Ce dernier se méfait à l’évidence de la qualité de frappeur de son rival. C’est pourquoi il travaillait essentiellement en directs et en jabs du bras avant tout en tournant constamment pour ne pas faire office de cible fixe.

Les duellistes se libéraient dans la deuxième reprise et se mettaient à enchaîner davantage. Le Mexicain en décousait uniquement en force et cherchait systématiquement le coup dur. Le Tricolore ne l’ignorait pas. Il multipliait les dégagements latéraux et se limitait sciemment à boxer sur deux ou trois techniques afin de ne pas s’exposer aux contres. Une tactique payante comme en attestait la pommette gauche meurtrie de Roberto Valenzuela Jr. Plus rapide de bras et nettement plus varié techniquement, le Francilien était parti pour réaliser une démonstration. Jusqu’à ce qu’une droite encaissée de plein fouet au menton ne l’envoie à terre dans la quatrième. Il se relevait, somme toute aussi aisément qu’il est possible en pareille circonstance, et reprenait immédiatement ses esprits. Tout le contraire de son opposant qui se ruait à l’attaque sans discernement et se faisait surprendre par un crochet à la tempe. Il était compté à son tour et les pendules étaient remises à l’heure, les deux hommes se congratulant, le sourire aux lèvres !

« J'ai montré que j'avais du mental. Je suis très content »

Toujours est-il que c’était bien l’élève de Virgil Hunter qui était en avance sur les bulletins des juges. Il creusait consciencieusement l’écart à mesure que les minutes passaient. Serein et toujours aussi réfléchi dans ses prises d’initiative, il restait fidèle au game plan : toucher, désaxer en permanence, être capable de reculer en bon ordre et en répliquant. Studieux, souvent brillant et inspiré, l’ancien capitaine de la Team Solide alternait intelligemment les zones d’impact, visant le bas pour se dégager la route au moment de remonter au visage. Le tout sans négliger, pour lui-même, la panoplie des moyens de défense, en particulier les esquives du buste. Un panel si complet que le Latino se montrait de moins en moins entreprenant, à la fois quelque peu émoussé physiquement et en panne de solutions. Las et frustré, il sommait, dans le huitième opus, le médaillé olympique d’accepter la bagarre de près. Ce dernier ne tombait pas dans ce piège grossier et achevait de réciter sa partition avec la baguette de maestro des rings qu’il est. Ce que confirmait le verdict sans appel en sa faveur.

« C'est un boxeur qui fait tous les camps d'entraînement du champion du monde des welters d'Errol Spence, qui est prêt et qui frappe, on l'a vu. Mais j'ai contrôlé sauf une fois où je me suis fait toucher. Et j'ai montré que j'avais du mental. Je suis très content », se félicitait-il légitimement avant de confirmer son projet de descendre en welters. Lui qui aspire plus que jamais à disputer un championnat du monde… non pour la beauté du geste mais avec de sérieuses chances de le gagner, sait, néanmoins, qu’il lui reste encore quelques réglages à opérer pour que la machine soit parfaitement huilée.

Découvrez aussi
crossmenu
linkedin facebook pinterest youtube rss twitter instagram facebook-blank rss-blank linkedin-blank pinterest youtube twitter instagram