Soro sans discussion

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Le duel franco-français tant attendu entre le champion du monde WBA gold des super-welters, Michel Soro (35 v, 1 n, 2 d), et son challenger, Cédric Vitu (47 v, 4 d), a tourné court, le 15 novembre, sur le ring de l’AccorHotels Arena, à Paris. Le premier l’a en effet emporté par arrêt de l’arbitre dans la cinquième reprise. Une manière de solder - enfin - les comptes.

Il fallait en finir une bonne fois pour toute. C’était tout l’enjeu - et l’intérêt - de ce duel franco-français au sommet après de longs mois tout au long desquels la tension n’avait eu de cesse de monter entre les protagonistes par médias et réseaux sociaux interposés. Le Picard, qui s’était montré le plus virulent avec les mots, espérait bien en faire autant avec ses poings, entre seize cordes.

Monté sur scène dans une tenue d’apparat aux couleurs des États-Unis et au son de Living in America, de James Brown, il donna le change les trois première minutes en faisant ce qu’il sait faire de mieux : boxer en esquivant, sur les jambes, en faisant mine de s’exposer pour mieux jaillir et contrer grâce à un coup d’œil et une technique qui lui avaient fait atteindre, tout de même, des sommets, ne serait-ce qu’européens. Mais, il fallut bien plus que quelques louables fulgurances pour décontenancer Michel Soro qui jamais ne commit l’erreur de sortir du plan de bataille qui était le sien. Fidèle à ce qu’il avait annoncé, le Villeurbannais livra « la guerre » qu’il avait prédite. Imperturbable, il avançait méthodiquement, sans se précipiter, telle une machine que rien ne pouvait faire dévier de sa trajectoire. Et ce, sans forfanterie ni esbroufe mais avec un savant mélange de précision et de puissance. Ses coups, principalement des crochets, étaient lourds, assénés tantôt aux flancs, tantôt à la face. Sans omettre quelques directs du bras avant bien sentis. Même si c’est un truisme quand on parle de boxe, pas besoin d’être grand clerc pour deviner qu’il était mu par une envie de faire mal encore plus intense qu’à son habitude. Il y a des phrases et du trash-talking qui ne s’oublient pas aisément… D’ailleurs, les entre les deux hommes se défiaient encore tête contre tête au moment de regagner leur coin respectif à la fin du round initial.

Probable fin de sa carrière pour Titi Vitu ?

De plus en plus malmené, Cédric Vitu, répliquait sporadiquement avec son cross du droit, lui le fausse-garde. Des banderilles comparées aux missiles que lui assénait, tel un métronome, le tenant. A partir de la quatrième reprise, le Creillois fut nettement sur le reculoir et, à force d’encaisser, commença à avoir une garde plus perméable. Le champion ne se fit pas prier pour s’engouffrer goulûment dans la brèche. Si bien qu’il prit progressivement et inexorablement l’ascendant, ne relâchant pas l’étau dans lequel il tenait son rival à sa main. Toujours aussi courageux mais n’ayant plus rien en magasin, ce dernier était compté une première fois dans le cinquième opus, après avoir encaissé une gauche au menton, avant d’être acculé dans les cordes et au bord du précipice, au point de contraindre l’arbitre à prendre la seule décision qui s’imposait en mettant un terme à la confrontation.

La suite fit office de clou du spectacle et l’on a la faiblesse de penser qu’elle était sincère. Michel et Cédric se donnèrent en effet une longue accolade qui n’était pas faite que pour la galerie. Leurs propos respectifs, au micro de Canal+, en attestaient. Titi annonça, en outre, entre les lignes, la probable fin de sa carrière avant de rendre hommage à son vainqueur : « Cela fait vingt ans que je boxe, vingt ans… Imaginez tous les sacrifices que je fais loin de ma petite fille. Maintenant, on va profiter de la vie. Les amis, je vous parle en tant qu’humain. Je vous souhaite de bonnes fêtes à tous. Profitez de chacun. Je vous aime. Vous êtes ma force. Moi, je suis le boxeur du peuple. Je tiens à féliciter à Michel Soro. C’est un grand champion. Il travaille dur pour ça. Tout le soutien que vous m’avez apporté aujourd’hui, apportez-le à Michel Soro parce qu’il a de gros rendez-vous prochainement. Force à lui. Félicitations mon ami. Il n’y a aucune animosité ni rien de vraiment personnel même si l’enjeu a fait que l’on se met la barre très haut pour assumer derrière. Je te souhaite beaucoup de bonheur dans ta vie. » Réponse de l’intéressé : « Je remercie la France. Je suis content d’avoir donné une victoire supplémentaire à la France et à mon pays d’origine, la Côte-d’Ivoire. Je m’étais entraîné en conséquence car en face de moi, malgré tout ce qui s’est dit en dehors du ring, il reste un grand champion. Ses titres, il ne les a pas volés. Il les a gagnés et défendus à l’extérieur et je sais le travail qu’il fait. Il faut le respecter pour ça. Je ne l’avais vraiment pas pris à la légère car c’est un boxeur très technique. C’était un combat très important. Cela reste du sport. » Un si beau sport.

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