Les deux Français se sont qualifiés pour la finale des championnats du monde masculins, à Tachkent. En revanche, Moreno Fendero a échoué et repart d’Ouzbékistan avec une magnifique médaille de bronze.
« Sofiane Oumiha est serein psychologiquement »
Face au Russe Vsevolod Shumkov, qui ne faisait pas dans la dentelle et dont il avait tout à craindre de la force de frappe, Sofiane Oumiha (-60 kg) a été, comme à son habitude, à la hauteur de l’événement. Si les deux premiers rounds ont été serrés, il a fait la différence de manière implacable dans le troisième. Il faut dire que le Russe avait tendance à avancer droit sur lui. Du pain béni pour le Toulousain qui n’avait qu’à le contrer sur des coups puissants et sortir immédiatement, soit en désaxant, soit de manière circulaire. Une formalité (5-0) pour l’Occitan qui, dixit Malik Bouziane, entraîneur national en charge de la filière masculine, « continue de monter en puissance. Il est plus que déterminé à conserver sa ceinture. Psychologiquement, il est serein et il sait pourquoi il est là. » Devant le Cubain Erislandy Alvarez en finale, il devra une nouvelle fois s’adapter. Soit en faisant la même chose que devant le Russe si son rival se décidait à imposer l’épreuve de force et à charger non-stop, soit en entamant une partie d’échec si le pugiliste de La Havane se comportait en styliste stratège. Dans les deux cas, le Français a amplement les moyens de réaliser un triplé planétaire.
Billal Bennama a fait valoir son intelligence du ring
Pour Billal Bennama (-51 kg), il s’agira de conquérir son premier titre suprême, ce qui serait la consécration d’un parcours entamé dans sa bonne ville de Blagnac avant de passer par le pôle France de Nancy avant, qui sait, connaître une apothéose à Tachkent. Pour cela, il s’est défait, sur le fil (4-3), de l’Indien Deepak Deepak, un rival compliqué car complet, à la fois capable d’en découdre sur les jambes ou en débitant en puissance, bien campé sur les appuis. Le Blagnacais, lui, a fait valoir son intelligence du ring et sa vélocité supérieure. En revanche, certaines largesses défensives lui ont fait perdre la deuxième reprise et ont contraint l’arbitre à le compter dans le troisième opus au cours duquel il est allé chercher la victoire à la force de ses poings et au prix d’une irréprochable abnégation « Dans l’ensemble, Billal a été au-dessus, insiste Malik Bouziane. Il a été le plus varié et le plus précis quand il accélérait tout en se déplaçant latéralement en sortie d’échange pour ne pas se laisser accrocher et bien montrer que c’était lui qui concluait les actions. C’est d’ailleurs lui qui a inscrit les touches les plus nettes. » Un prestation que l’Occitan serait avisé de reproduire, en finale, devant le champion olympique 2016 et vice-champion du monde 2017 des -48 kg l’Ouzbek Hasanboy Dusmatov, plus petit que lui. La donne sera claire : le maintenir à distance avec son bras avant, le contrer sur un ou deux coups et ensuite, prendre la poudre d’escampette pour mieux revenir.
Moreno Fendero n’avait plus grand-chose en magasin
De l’aveu même de l’entraîneur national, Moreno Fendero (-75 kg), défait (5-0) par le Cubain Yoenli Hernandez, « n’était pas dedans, cela ne partait pas ». En clair, il n’avait plus grand-chose en magasin. Outre l’indéniable talent de son rival du jour, le Tricolore a pâti d’une programmation qui ne lui a, pour le moins, pas été favorable puisqu’il a dû disputer trois matchs en l’espace de quatre jours alors que ces Mondiaux se sont étalés sur deux semaines. Reste que dans le carré magique « le Cubain a été très mobile et a pris de vitesse Moreno qui, à cause de la fatigue, n’avait pas les cannes pour réussir à le cadrer, résume Malik Bouziane. Il a manqué d’explosivité. Toujours est-il qu’il n’a pas à rougir dans la mesure où il a réalisé un super parcours au cours de ce tournoi. »