Robert Pantigny : " J’ai toujours été attiré par l’encadrement "

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Samedi 29 avril à la Salle Gayant de Douai, l'invaincue Ségolène Lefebvre (16 v) tentera de reprendre son titre de championne du monde WBO des poids super-coqs face à l'Argentine Debora Anahi Dionicius qui lui a succédé suite à sa destitution due à une blessure.

Derrière la championne, un homme veille au grain. De l'entrainement au management de ses élèves en passant par l'organisation et le coaching, Robert Pantigny travaille d'arrache pied pour assurer la réussite de son club. L'emblématique entraineur de Douai est un personnage haut en couleurs, attaché à sa liberté de parole et à son indépendance. Un homme extraordinairement bienveillant envers ses pugilistes...

Depuis quand êtes-vous dans la boxe et pourquoi ce sport ?

Je suis issu de Dorignies, un quartier de Douai, à l’époque nous avions deux choix, le basket à Dorignies ou le foot à  Pont-de-la-Deûle, les parents n’avaient pas les moyens de mobilité d’aujourd’hui. J’ai ensuite dirigé mon fils en boxe américaine, cette discipline n’étant pas suffisamment structurée pour progresser en boxe anglaise, nous sommes partis à Hénin-Beaumont en 1997, le club le plus côté et le plus près de chez nous. J’accompagnais mon fils, Mohamed Nichane m’a demandé si j’étais intéressé par l’encadrement. J’ai toujours été attiré par l’encadrement, la pédagogie, d’ailleurs, je suis responsable d’équipe dans mon travail. Je suis resté là-bas jusqu’en 2006 et j’ai récupéré le club de Douai. On s’est quittés en bons termes avec Mohamed Nichane qui m’a toujours traité avec considération. La route commençait à me peser, alors quand Rachid Felouki fut contraint de quitter Douai pour raisons professionnelles et qu’il a pensé à moi pour lui succéder, j’ai franchi le pas.

Combien de personnes composent votre équipe ?

Je suis responsable pédagogique, il y a Raphaël Van Elslande, mon fils Teddy, ma fille, Ségolène, nous avons tous un diplôme BPJEPS. Nous sommes en train de former deux anciens boxeurs, cela nous permet d’ouvrir des créneaux et de répondre à la demande avec de la qualité.    

Vous préparez votre grande réunion du 29/04. Combien de temps prend la mise en place d’un tel évènement ?

Entre cinq et six mois de boulot à partir du moment où nous avons la date. Au début, c’est tranquille, il faut reprendre contact avec les partenaires et monter des dossiers, voir les sponsors. Ce sont des gens qui nous amènent de l’argent, il faut les respecter. C’est six mois de travail mais pas à 200%, nous avons une équipe structurée et on a l’habitude maintenant de monter ces opérations-là, chaque équipe a ses taches définies, certains s’occupent des transports, d’autres de la restauration, d’autres ont en charge la préparation de la salle etc... 

" On ne peut pas aider tout le monde mais on peut tous aider quelqu’un "

Vous n’avez pas de promoteur, c’est un choix ? On vous sent méfiant…

On ne nous sollicite pas, la seule fois où j’ai travaillé avec un promoteur, Brahim Asloum, cela s’était bien passé. On s’était un peu rentrés dedans, rien de grave, quelques divergences mais au final, un superbe gala et un bon souvenir. Méfiant, oui mais je ne me laisse pas faire, c’est tout pour mes boxeurs. La boxe ne me tient pas, je suis passionné par l’humain, le jour où je n’aurais plus envie, ce sera fini. Je prends la boxe comme une magnifique caisse à outils qui me permet de toucher au travail social, à la préparation. Nous menons des actions de solidarité, on collabore avec des boites intérim qui peuvent fournir un boulot à nos boxeurs. Vous savez, cela permet de sortir des gamins de la rue, leur éviter la prison, on accueille aussi des TIG (travaux d’intérêt généraux). C’est toute cette variété qui me passionne, les titres, cela fait partie du jeu mais si demain je n’ai plus de professionnels, cela ne changera pas ma vision. Si l’envie est toujours là, je ne changerais rien, je considère que tout le monde est important au club, sans distinction. On ne peut pas aider tout le monde mais on peut tous aider quelqu’un.   

Quand Ségolène s’est blessée et que la WBO vous a destitué, qu’avez-vous ressenti ?

J’étais dégouté, d’abord pour elle et aussi pour nous tous. Cela fait des années que l’on travaille, nous avons toujours été correct avec toutes les fédérations. Ce titre, nous l’avons gagné sur le ring et la WBO lui retire alors qu’elle est sérieusement blessée, c’est dur à encaisser. Je veux bien que l’on nous parle de temps entre deux défenses mais il faut que ce soit pareil pour tous. Dans la catégorie inférieure, la championne est restée inactive plus longtemps que cela, pourquoi Ségolène n’a pas eu le même traitement ? J’ai trouvé cette destitution injuste pour ne pas dire plus. A un moment, nous nous sommes posés la question de passer en WBC pour défier Yamileth Mercado. Quand nous avons su que Ségolène se rétablissait bien, on a réfléchi à toutes les possibilités. Viser la WBO car ils nous avaient repositionnés en challenger obligatoire, ou aller chercher Mayerlin Rivas (WBA) ou Cherneka Johnson (IBF). Cela n’a pas abouti avec Rivas et Johnson n’a jamais donné signe de vie ni répondu à nos demandes.

Si Ségolène reprend son titre, peut-on  imaginer une unification ?

C’est ce qui était programmé si elle ne s’était pas blessée en octobre et si elle avait conservé son titre WBO. Nous aurions tout fait pour y arriver et nous essaierons de la faire. Il y a des obstacles, sur les réseaux sociaux, certains pensent qu’il n’y a qu’à claquer des doigts pour que cela se fasse, or vous pouvez vous positionner, il y aura des négociations et si elles n’aboutissent pas, vous ne pourrez rien faire. Il y a des stratégies, Mercado, on l’a approché à plusieurs reprises, nous étions prêts à aller chez eux et cela ne s’est jamais fait. Nous sommes prêts à sortir à l’étranger s'il le faut, à partir du moment où tous les paramètres seront remplis; timing, temps de préparation etc...

Avez-vous des projets ?

On travaille toujours sur une année, nous sommes déjà sur la prochaine réunion qui aura lieu le 21 octobre à l’Hippodrome. Par ailleurs, on est en contact avec la ville d’Orchies pour organiser un gros évènement à la Pubeco Arena où joue l’équipe de basket et qui peut accueillir 4500 spectateurs, nous avons eu des rendez-vous, cela pourrait se dérouler fin  décembre 2023. Pour finaliser tout cela, on attend le résultat de samedi soir, le but étant de refaire un championnat WBO au minimum ou directement une unification.

photo ©Vincent Fenech

" Il faut se battre et travailler pour avancer "

Nordine Oubaali revient à Douai, c’est une fierté ?

C’est la continuité, la fierté elle est présente depuis le début. De ses débuts en éducative jusqu’à son titre mondial en pros, nous sommes restés en contact. Eloignés par la distance certes mais il a toujours eu une attention pour moi, coup de téléphone etc...Je pense que s’il revient à la maison, c’est qu’il a confiance en moi. D’un point de vue humain oui c’est une fierté, je l’observe à l’entrainement, il est content, il prend du plaisir à travailler, je pense qu’il avait besoin d’une coupure et de se retrouver en revenant aux sources. Au départ, il revenait au club pour être coach et puis le plaisir a repris le dessus.

Votre meilleur et pire souvenir d’entraineur ?

Le premier titre de Nordine Oubaali en boxe éducative, pour moi il était champion du monde ! La seconde fois où j’ai ressenti une telle émotion, c’est quand Ségolène a décroché son premier titre mondial WBF professionnel. J'étais avec Raphaël (Van Elslande), j’avais envie de chialer tellement c’était puissant. Le pire, c’est quand vous avez fait du bon boulot avec quelqu’un, que vous l’avez soutenu à tous les niveaux et que cette personne vous salit sans que cela soit justifié. Cela m’est arrivé peu de fois mais c’est forcément blessant.

Votre devise ?

J’en ai plusieurs mais je dirais qu’il y a ceux qui se trouvent des excuses et ceux qui se donnent les moyens. Cela veut dire que l’on ne peut pas toujours se plaindre, il faut se battre et travailler pour avancer.

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