Le Français (16 v) a été étincelant, sur le ring de la Salle des Étoiles de Monaco, pour s’emparer, le 14 décembre, du titre européen vacant des lourds-légers. Pour cela, il a battu, aux points, sur décision partagée (116-113, 115-112, 113-117), l’Anglais Cheavon Clarke (10 v, 1).
Nullement tétanisé par l’enjeu, le Tricolore démarrait en trombe, lâchant les chevaux sans attendre. Fidèle à son game plan, il avançait d’entrée, en débitant sans cesse mais en restant bien protégé derrière ses poings. Ses lourds crochets des deux mains faisaient mouche et le Britannique, acculé dans les cordes, était compté dès la reprise initiale. Néanmoins, il se relevait sans trop de difficulté avant de se ressaisir à partir de la deuxième. Cependant, même s’il essayait de trouver la parade en uppercuts et de saper au corps le Guyanais, c’est bien ce dernier qui se montrait le plus convaincant, en grande partie grâce à son bras avant. En effet, ses jabs et ses cross cueillaient de plein fouet le Sujet de sa Gracieuse Majesté. Mieux, Leonardo Mosquea demeurait vigilant en ne négligeant pas les moyens de défense. D’ailleurs, la droite redoutée de son rival ne passait pas que très rarement.
On l’aura compris, le sociétaire de la Bron Boxing Academy était plus que jamais à son avantage sur tous les plans, y compris physiquement et en terme de cardio. Non seulement il ne baissait pas de rythme mais son pressing constant demeurait toujours aussi efficient dans la mesure où il ne se délitait pas gestuellement. En effet, ses coups étaient toujours aussi précis et délivrés dans le bon tempo. Le Tricolore était, si l’on peut dire, intelligemment productif. Il enchaînait à chaque fois à mi-distance mais sans jamais se jeter et avec beaucoup de variété, alternant les cibles - tantôt le buste, tantôt le visage - mais également les frappes que celles-ci soient circulaires ou en ligne.
Une capacité à ne pas se désunir et à ne pas s’emballer
Dominé sans être submergé, l’Anglais avait parfois des sursauts d’orgueil comme au septième round. Et même s’il trouvait ponctuellement l’ouverture, en particulier des voies de passage dans « la cheminée », il ne se montrait pas véritablement dangereux. La preuve, dans l’opus suivant, l’élève de Laurent Faubel accélérait de nouveau et reprenait l’ascendant. Il invitait d’ailleurs ostensiblement son contradicteur à en découdre d’homme à homme. Plus puissant, plus actif, en somme plus efficace, il enfonçait le clou avec brio et maîtrise. C’est sans doute ce qui était le plus impressionnant : sa capacité à ne pas se désunir et à ne pas s’emballer même lorsqu’il était franchement dominant. Non seulement il s’avérait incisif quand il attaquait le premier mais également quand il faisait le choix consenti de remiser, soit en restant statique, soit en effectuant un pas de retrait pour repartir à l’assaut dans les meilleures conditions. Certes, il lui arrivait d’être pris en défaut et, dans ces cas-là, ses facultés d’encaisseur ainsi que son solide menton faisaient le reste.
Dès lors, même si un juge trouvait le moyen d’attribuer le gain de la confrontation à son contradicteur, c’était bien le Français, présent jusqu’au bout, y compris dans l’emballement final, qui raflait la mise on ne peut plus logiquement.