Le champion de l’Union européenne rêve de la grande Europe et des classements mondiaux. Prochain rendez-vous le 29 mars à Massy. S’il appartient à la communauté des gens du voyage, il n’y a pas plus Briochin qu’Anderson Prestot. Seule la préparation de ses combats l’oblige à s’exiler à Massy où il est entraîné par Jacky Trompesauce…

Reboxer à Saint-Brieuc, là où il a effectué toute sa carrière amateurs et possède beaucoup de supporters, Ladoune - son surnom - en rêve : « Je suis sûr que ça ferait un carton. J’ai énormément de famille et les gens du voyage de la Bretagne viendraient me supporter. Je ne sais pas pourquoi mais ça bloque ». Les enjeux financiers peut-être ? Toujours est-il que son talent est obligé de s’exporter et pas n’importe où : en dernier lieu, le 4 décembre dernier au Zénith de Paris où il a conquis le titre vacant de l’Union Européenne des poids moyens par KO technique face au Polonais Robert Swierzbinski.
Objectif EBU et monde
Cette ceinture ne suffit pas à Anderson qui a confié ses intérêts au promoteur Gérard Teysseron. Certes, pour la rentabiliser, il lui faudra d’abord la défendre par dérogation face à l’Italien Mirko Geografo, le 29 mars. Mais après, il compte « lâcher le titre ». Et s’attaquer à l’enjeu supérieur : le titre EBU (toute l’Europe y compris les pays de l’Est). Ce titre est actuellement vacant et l’organisme européen a désigné comme challengers l’Allemand Jack Culcay (n°1) et Anderson Prestot (n°2). Donc, sauf mauvaise surprise ou blessure fin mars, le combat se fera dans les mois à venir. « Après, j’aimerais me classer dans une fédération et disputer un championnat du monde », avoue le Briochin qui, en battant Jack Culcay, également champion international IBF, grimperait automatiquement dans le Top 15.

A 28 ans, le retard pris par Prestot est en train d’être comblé. Barré en amateurs par quelques décisions qu’il conteste toujours, le boxeur a connu quelques galères. Après son combat contre Frank Haroche-Horta, son unique défaite en 23 combats pro (« je suis descendu en super-welters, je n’aurais pas dû. Face à un adversaire aussi difficile, je n’avais plus de jambes »), il a dû se faire opérer des deux épaules. D’où quasiment un break forcé de deux ans, de 2015 à 2017. « Je suis allé à Paris à 18 ans pour le travail. Là-bas, j’ai mis les gants à la salle et j’ai décidé de passer pro ». Dix ans plus tard, les frustrations ont été oubliées. Sauf celle de ne pas être reconnu dans sa ville de Saint-Brieuc. Mais l’histoire n’est peut-être pas terminée.
Par Jean-Pierre Prault, pour le Télégramme
Mis en ligne par Olivier Monserrat-Robert
Crédit images - Karim de la Plaine