L’injustice de la vie a emporté, samedi 8 juillet, à 57 ans, l’ancien champion d’Europe professionnel des lourds-légers (24 v, 6 d), victime d’un AVC alors qu’il était atteint d’un cancer généralisé. Quelque peu méconnu du grand public, c’est un sacré boxeur qui a tiré son ultime révérence.
Champion de France amateur des mi-lourds, en 1990, avant d’être huitième de finaliste (en -81 kg) des Jeux Olympiques de 1992 à Barcelone, médaillé d’or des Jeux méditerranéens puis membre de la fameuse team du PSG Boxe, champion de France et d'Europe professionnel des lourds-légers, challenger mondial : le cursus du Lyonnais en dit long sur la teneur de son parcours entre seize cordes.
Sa vie en-dehors du carré magique n’a, en revanche, pas toujours été simple. Né dans la cité des Gones, il avait passé sa jeunesse en Algérie, élevé par son père loin de sa mère. Il avait commencé à s’adonner à la boxe à Lacalle, alors qu’il était déjà lycéen, sous la houlette de Chérif Bourouisse. C’était l’aboutissement du rêve d’un gamin qui avait pour idole Mohammed Ali et que son paternel réveillait au cœur de la nuit pour regarder, dans la petite lucarne, les grands duels qui se tenaient outre-Atlantique.
« J’avais la chance d’avoir une bonne droite »
Après avoir été champion d’Algérie amateur et militaire, Patrice Aouissi revint en France, en 1988, pour revoir sa maman qui vivait à Vienne, dans l’Isère. Il dérocha également le titre national, dans l’Hexagone, cette fois, en 1990, et fut repéré par René Acquaviva, entraîneur de l’équipe de France. « J’avais la chance d’avoir une bonne droite, souriait Patrice Aouissi, ce qui m’a aidé à gagner quelques combats ». En particulier, le championnat d’Europe devant Alexander Gurov, balayé en trois rounds, le 14 mars 1995, à Levallois. S’il perdit la revanche, le 24 octobre, toujours à Levallois, le Franco-algérien disputa néanmoins le championnat du monde WBC à l’issue duquel il fut défait, par abandon à l’appel de la dixième reprise, par l'Argentin Dominguez, le 5 juillet 1996, à Hyères. Il faut dire qu’il avait la tête ailleurs, sa préparation ne s’étant pas déroulée comme il l’eut souhaité.
A l’heure, de la reconversion, en 2000, Patrice Aouissi, qui transmettait son savoir en entraînant au sein du club de Pont-Évêque, monta une société de gardiennage qu’il fut contraint de fermer au bout de trois ans, avant d’être recruté, en 2007, comme policier municipal par la ville de Vienne. Quand il se retournait sur sa belle carrière, il assurait « être content car tous les résultats que j’ai eus, je ne le les dois qu’à moi-même ».

La Fédération française de boxe et son Président, Dominique Nato, présentent leurs très sincères condoléances à la famille de Patrice Aouissi et à ses proches.