Le Français (10 v, 1 n, 2 d) est allé au bout de lui-même pour dominer difficilement, aux points (115-113, 116-113, 114-114), l’Anglais Josh Wale (27 v, 2 n, 10 d) et s’emparer du titre européen vacant des coqs, le 26 octobre, à Vesoul.

Quasiment quatre fois plus de combats, la moitié remportés avant la limite contre un seul pour le Tricolore : la lecture des palmarès respectifs des protagonistes traduisait l’ampleur de la tâche qui attendait Georges Ory, lequel avait le grand mérite d’entamer les hostilités comme il convenait.
Une partition récitée sans guère d’anicroches
Il laissait certes le Britannique, pourtant plus grand et doté d’une allonge supérieure, venir à lui mais répliquait avec une précision chirurgicale tout en prenant soin, comme le lui demandait son entraîneur Patric Bahamed-Athlan, de sortir rapidement après chaque offensive pour ne pas s’exposer en restant en face de son puissant contradicteur. Ce dernier, rapidement touché à l’œil droit, n’en démordait pas et continuait de faire ostensiblement le pressing. Pour autant, il ne malmenait pas le Français qui tournait à bon escient et n’oubliait pas de boxer même en reculant. Changeant fréquemment de garde et soignant les moyens de défense avec une garde hermétique, il faisait la différence, pour l’essentiel avec ses crochets gauches, sans compter de remarquables uppercuts droits.

Dans ces conditions, son coin n’avait qu’à lui faire peaufiner les détails, notamment veiller à bien terminer ses actions et prendre un peu plus de risques. L’Angevin récitait sa partition sans guère d’anicroches. Certes, il arrivait que le sujet de Sa Gracieuse Majesté parvînt ponctuellement à le toucher mais c’était bel et bien Georges Ory qui menait la danse, bloquant à satiété les assauts de son rival pour, dans la foulée, répliquer au bon moment, le plus souvent en séries des deux mains.
« Je vis un rêve en ce moment »
Seulement voilà, dans le carré magique, il n’est pas rare que les meilleures choses aient une fin. Or, l’ancien membre de l’équipe de France amateur dépensait une énergie folle pour être à son meilleur niveau, lequel exigeait, de surcroît, une concentration de tous les instants. A force de devoir gérer et endiguer les accélérations incessantes du pugiliste du Yorkshire, autoproclamé le Hors-la-loi, l’armure angevine commençait à se fissurer dans la deuxième partie du duel. Le clan britannique n’ignorait nullement que pour venir à bout de la supériorité technique du Frenchie, plus varié dans sa boxe, il fallait continuer à marcher sur lui et à attaquer sous tous les angles afin de dérégler la belle machine tricolore. Jamais plus fort que lorsqu’il s’agissait de durcir les échanges, Josh Wale s’y employait, visant tantôt les flancs, tantôt le visage de Tino Ory, lequel terminait à la peine la neuvième reprise après avoir été atteint au foie. Lucide, il avait néanmoins l’intelligence de ne pas accepter la bagarre voulue par le visiteur, ce qui ne l’empêchait pas d’encaisser ponctuellement des droites de plein fouet. Patric Bahamed-Athlan l’implorait alors d’être plus actif et « fort dès le départ ». Plus facile à dire qu’à faire…

A l’heure du verdict, la question était donc de savoir si l’avance prise initialement par l’Angevin était supérieure au retard comblé par son opposant dans la seconde moitié du match. Les juges y répondirent par l’affirmative, ce qui ne pouvait que submerger d’émotion le héros de la soirée lequel, lors de ses trois dernières sorties, est successivement devenu champion de France, de l’Union européenne et donc Europe. Visiblement très ému, ses mots, au micro de RMC Sport, traduisaient son bonheur incommensurable : « C’est incroyable, c’est magnifique. Je vis un rêve en ce moment. » Qu’il conviendra de prolonger lors de la première défense de sa ceinture EBU.
Par Alexandre Terrini
Mis en ligne par Olivier Monserrat-Robert