Devant son public de Cernay, l’Alsacien (12 v) s’est adjugé, le 23 octobre, le titre national professionnels des welters en dominant aux points, à l’unanimité des juges (99-91, 97-93, 100-90), le valeureux Dieppois Romain Nemery (9 v, 3 n, 11 d). Une victoire qui l’incite à viser plus haut.
Ce combat était une revanche puisque les deux hommes s’étaient affrontés en février dernier avec, à la clef, déjà un succès à la limite du Haut-Rhinois. Une répétition générale qui lui a toutefois servi de leçon et dont il avait tiré de précieux enseignements. « Cela m’a permis de bien me préparer dans l’optique de ce championnat de France car je ne savais alors pas comment Romain boxe, confirme-t-il. Là, j’ai mis en place une stratégie qui a bien fonctionné. Romain, c’est un rouleau compresseur. Il prend des coups mais il avance et travaille au corps. Le but était donc de le contrer et de le stopper, notamment en donnant beaucoup de jabs et de directs du bras avant pour enchaîner en uppercuts ou en crochets avec ma droite, comme à la huitième reprise, quand je l’ai touché. Le tout en me déplaçant et en restant à distance. » Par-delà sa tactique qui s’est avérée payante, Nurali Erdogan a également fait valoir une panoplie et une rapidité gestuelles supérieures qui l’ont aidé à faire la différence d’autant qu’il n’a pas négligé les moyens de défense en s’évertuant à bloquer les assauts du Normand. « Je savais que ce serait dur mais j’ai été au-dessus de lui », résume le sociétaire du BO Cernay.

« Je suis jeune et c’est maintenant qu’il faut en profiter »
Fair-play, Romain Nemery, qui ne sait pas encore quelle suite il entend donner à sa carrière, n’en disconvient pas : « Dans la mesure où il est plus grand que moi, j’ai cherché à casser la distance. Je me suis évertué à ne pas rester en face et à désaxer pour ne pas être une cible facile à toucher. J’ai essayé de faire avec mes moyens. J’ai réussi à éviter pas mal de coups mais j’en ai aussi pris. Le but était ensuite de délivrer des séries et de le saper au fil des rounds. Lui a très bien bougé et boxé en contres. Techniquement, il a un bagage plus étoffé que le mien. Ses déplacements et ses remises m’ont posé des problèmes. La défaite est normale. J’ai donné le meilleur de moi-même et il n’y a pas de regret à avoir. »
Le nouveau champion de France, qui avait auparavant remporté la Coupe de France, est fier de la ceinture qu’il a conquise mais il n’y voit là qu’une étape aux allures de point de passage : « Je suis champion de mon pays. Ce n’est pas n’importe quoi. C’est à la fois une satisfaction et un soulagement. Je sais que ce titre va m’ouvrir des portes. D’ailleurs, j’ai l’intention de ne le défendre qu’une fois. En outre, si d’ici là, j’ai une opportunité, par exemple, de disputer un championnat de l’Union européenne ou d’Europe, pourquoi ne pas la saisir dès à présent après en avoir parlé avec mes entraîneurs ? Je suis jeune et c’est maintenant qu’il faut en profiter. Mon but est d’être champion à l’international. Pour cela, il faut que j’apprenne à m’adapter à n’importe quel style d’adversaire. »