Ngumbu était bien en jambes…

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Le Français (38 v, 9 d) a été trahit par son mollet droit lors de son championnat du monde WBC des mi-lourds face à l’invaincu Ukrainien Oleksandr Gvozdyk (17 v), le 30 mars, à Philadelphie. Blessé au mollet, il a en effet été contraint à l’abandon dans la cinquième reprise. De quoi nourrir bien des regrets.
 
 
C’était une affiche à laquelle on ne s’attendait pas. Peu nombreux imaginaient en effet que Doudou Ngumbu aurait l’opportunité de défier l’épouvantail Oleksandr Gvozdyk pour une ceinture planétaire, accessoirement dans la mythique ville si chère à Rocky. A trente-sept printemps, ce duel était donc le point d’orgue de la carrière atypique du natif de Kinshasa. Il lui avait fallu une dose certaine de courage pour accepter de relever pareil défi. D’abord parce qu’il n’avait lui-même plus boxé depuis dix mois et sa victoire, par décision partagée, devant Yoann Kongolo, pour le titre WBC Francophone de la catégorie. Ensuite parce qu’Oleksandr Gvozdyk comptait, avant ce match, treize succès avant la limite sur un total de seize, dont un terrible infligé à Adonis Stevenson, lorsqu’il avait conquis la ceinture, le 1er décembre dernier, à Québec. Mais Oleksandr Gvozdyk aime les Tricolores, lui qui avait précédemment battu, par KO (2e), Nadjib Mohammedi et, aux points, Mehdi Amar.
 
Celui qui est surnommé « Le clou » l’a, cette fois, enfoncé sur le ring philadelphien mais non sans peine. Car, disons-le, Doudou Ngumbu n’a nullement tremblé et ne s’est point dérobé. Arrivé sur scène lentement mais sûrement, histoire de savourer chaque seconde de ces instants précieux, il est prestement entré dans le vif du sujet après avoir salué le public la main sur le cœur. Dès la première reprise, il s’efforçait de résoudre la périlleuse équation qui s’imposait à lui : tenter de casser la distance pour compenser son déficit d’allonge mais en ne s’exposant pas aux offensives dévastatrices de son rival. Pour cela, il multipliait les allers-retours afin de ne jamais rester en face du tenant. Une mobilité loin d’être stérile car il parvenait à placer des crochets avant de sortir de la zone de frappe de son opposant.
 
Le rêve brisé d’une vie pugilistique
 
Ce dernier était, au demeurant loin, d’être pleinement à son aise et de surclasser le Frenchie. Pas vraiment tranchant, c’est le moins que l’on puisse dire, il misait sur sa droite plongeante et sur son jab du bras avant pour tenir son rang. Une stratégie minimaliste qui traduisait son manque de solutions, en somme, sa difficulté à enchaîner et à cadrer le Franco-Congolais. Les débats se poursuivaient sur un faux rythme qui illustrait en creux la remarquable performance du challenger, nullement impressionné et qui se comportait en habile tacticien en anesthésiant, par ses déplacements incessants, les velléités du médaillé de bronze aux JO de Londres en 2012. Le tout en se montrant à son avantage en sortie d’échange et, parfois même, en contrant dans le temps l’Ukrainien, voire en prenant crânement l’initiative. Et ce, quitte à avoir, par intermittence, les mains un peu basses et à s’accrocher.
 
Bref, l’affaire était plutôt bien embarquée… jusqu’au cinquième round. Sans avoir été touché, Doudou Ngumbu saisissait subitement ce satané mollet droit qui avait entravé sa préparation à cause d’une vilaine contracture. La lésion venait de se réveiller au point de l’empêcher d’avoir des appuis suffisamment stables pour poursuivre l’aventure. La mort dans l’âme, le visiteur se résolvait alors à renoncer. Sa détresse baignée de larmes disait tout de ce rêve d’une vie pugilistique qui, si injustement, se brisait sur l’écueil de la fatalité. Mais ses sanglots longs n’y pouvaient rien changer.
 
Par Alexandre Terrini
 
Mis en ligne par Olivier Monserrat-Robert

 

 

 

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