N'Dam n'en pouvait plus

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Le Français (36 v, 3 d) a concédé, le 22 octobre, à Tokyo, la première défaite de sa carrière avant la limite en abandonnant face au Japonais Ryota Murata (13 v, 1 d), nouveau champion du monde WBA des moyens. Il s’agissait d’une revanche entre les deux hommes ordonnée par la WBA après la victoire controversée du Français, le 20 mai dernier, au Pays du soleil levant.
 
 
Le tenant entamait les hostilités comme on l’attendait : en misant sur son bras avant et en boxant au maximum sur les jambes afin de s’exposer le moins possible. Il n’empêche, le Nippon arrivait à casser la distance et à imposer des duels de près. Sa stratégie était simple : marteler les flancs de son rival avant de décrocher sa droite en crochet court à la face. Il y parvenait d’emblée même si Hassan N’Dam répliquait sur un tempo identique, tout en rapidité, par des séries des deux mains au visage.
 
Mais déjà le premier round augurait de la suite : Ryota Murata avançait sans cesse, n’était pas forcément le plus actif mais exploitait chaque ouverture, ses droites lourdes faisant mouche. De son côté, le Francilien, toujours en mouvement, se démultipliait en déclenchant le plus possible à distance. Néanmoins, il s’obstinait à tourner du mauvais côté au risque de s’empaler sur le bras arrière de l’Asiatique. Ses coups étaient fluides mais très souvent bloqués. Et quand ils atteignaient leur cible, le déficit de puissance comparé à son adversaire était patent. Bizarrement, alors que l’on en était encore qu’au début, il avait une fâcheuse tendance à s’accrocher comme s’il avait déjà besoin de retrouver un second souffle.
 
« Je n’avais plus de force dans les bras et les jambes »
 
Impassible, le local montait bien les mains et ne bronchait pas car il n’était jamais inquiété. Et lorsque le champion cherchait l’épreuve de force de prêt, sa garde hermétique faisait merveille et c’est le Japonais qui remisait le plus durement grâce à sa précision chirurgicale. Et puis il utilisait une arme dévastatrice, bien que pas forcément spectaculaire : le travail au corps, celui qui lamine et qui rend perméable. La fin du troisième round marquait indiscutablement un tournant du combat tant le Pantinois se mit à encaisser des droites de plein fouet, sans compter des uppercuts qui malmenaient son menton. Au point de vaciller sérieusement pour la première fois dans la cinquième reprise. Bien que se sachant en avance, le challenger ne tomba nullement dans la facilité et sa vigilance ne s’étiola pas alors que ses offensives enchantaient ses nombreux supporters. Pire, pour le camp tricolore, l’étau se resserrait un peu plus chaque minute. Connu pour ses qualités d’encaisseur hors pair, El Fenomeno avait beau être malmené, il continuait de riposter mais de manière trop ponctuelle et pas suffisamment appuyée pour mettre la pression sur le Tokyoïte.
 
Le sixième opus ressembla fort à un calvaire pour le visiteur qui, s’il continuait à donner le change par fierté, était, à l’évidence, sérieusement entamé. Il ne parvenait pas à faire ce qui est d’habitude son point fort : changer de rythme, accélérer, feinter, contrer dans le temps, bref, surprendre. Ses offensives étaient stéréotypées, semblables les unes aux autres, en un mot, prévisibles quand bien même faisait-il illusion en ne fuyant pas. Cependant, en boxe, l’orgueil est une qualité nécessaire mais pas suffisante. Las de reculer et d’être meurtri dans sa chair par les directs du gauche et les droites de son contradicteur, conscient aussi que rien ne l’incitait à penser qu’il serait en mesure de trouver une solution pour inverser la vapeur, il décidait d’abandonner à l’appel de la huitième reprise. « Je n’avais plus de force dans les bras et les jambes », justifia-t-il à sa descente du ring.
 
Un choix aussi lucide que méritoire tant, entre seize cordes, la préservation de l’intégrité physique prévaut sur le panache. Certes, cet échec, le troisième en championnat du monde, ce qui n’est pas anodin, augure de la question fatidique : celle du stop ou encore ? Nul doute que le natif de Douala aura l’intelligence de prendre le temps d’y répondre pour ne rien regretter.
 
Par Alexandre Terrini
 
Mise en ligne : Olivier Monserrat-Robert
 

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