N'Dam n'a pas à se plaindre

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Le Français (36 v, 2 d) a décroché le titre WBA régulier et vacant des moyens après sa victoire pour le moins difficile, aux points sur décision partagée, aux dépens du Japonais Ryota Murata (12 v, 1 n), le 20 mai, à Tokyo.
 
 
Au terme de sa deuxième préparation, à Miami, avec son entraîneur Pedro Diaz, le Français avait débarqué au Pays du soleil levant plein de confiance, convaincu, de surcroît, que le champion olympique 2012 des moyens n’avait pas les armes pour l’empêcher de jouir des délices d’un triomphe annoncé. La première reprise avait de quoi le conforter puisque c’est lui qui déclenchait le premier, donnait son bras avant à satiété, bref, se faisait pleinement respecter tout en étant mobile sur les jambes.
 
Satanée main gauche un peu basse
 
Hélas, les choses se gâtèrent prestement, dès la deuxième, lorsque le Japonais commença à lâcher les chevaux. Les mains bien hautes, il bloquait la plupart des attaques d’Hassan N’Dam avant de remiser, certes avec parcimonie mais avec une précision chirurgicale, tant en crochets larges qu’en uppercuts. De son côté, le visiteur persévérait et continuait à se démultiplier mais n’ébranlait pas le moins du monde l’Asiatique, sûr de son fait et de sa stratégie, comme en témoignait son invariable sourire au moment de revenir dans son coin.
 
Il avait raison. Dès le troisième round, ses droites plongeantes, sèches et puissantes commençaient à faire mouche d’autant que le Franco-Camerounais avait toujours cette tendance à avoir la main gauche un peu basse. Si bien que la sanction ne tarda pas à tomber au quatrième round. Sur l’une d’elles, il fut cueilli de plein fouet au menton et alla au tapis. Une fâcheuse habitude en championnat du monde…
 
On eut alors l’impression justifiée que le natif de Douala ne trouvait pas la solution. Il avait beau débiter des coups à profusion, la plupart arrivaient dans les gants. En face, Ryota Murata, d’une lucidité impressionnante, ne s’emballait pas et ne perdait pas d’énergie inutilement. Doté d’un sacré coup d’œil, il faisait ce qu’il fallait au moment où il le fallait, le tout avec une justesse gestuelle qui lui permettait de prendre nettement l’ascendant.
 
Des tours dans le mauvais sens
 
Quant au Francilien, il se délitait tactiquement en allant à la guerre avec tout le courage et la vaillance qu’on lui connaît. Mais si ses offensives avaient le mérite de l’intensité, elles pâtissaient de leur inefficacité tant elles étaient décousues. Mû par l’énergie du désespoir, il ne parvenait pas à surprendre le Tokyoïte. Conscient du piège que son contradicteur lui tendait, ce dernier avait l’intelligence ne pas céder à de telles sirènes. Même à mi-distance, il ne se départait pas de sa science du ring. Pugiliste extrêmement complet et vigilant défensivement, il ne se laissait jamais engluer, touchant sans guère se faire toucher, parfois au corps, le plus souvent à la face.
 
 
Malheureusement pour le Tricolore, la donne de la confrontation resta intangible. De manière surprenante, il continuait à tourner dans le mauvais sens, à se découvrir et donc à encaisser les droites imparables de son rival, quitte à trouver dans les cordes un précieux soutien pour ne pas vaciller. La fatigue aidant, la situation était de plus en plus périlleuse. Éprouvé physiquement, ses appuis devenaient, au fil des minutes, de moins en moins solides quand le Nippon, lui, parvenait à cadrer la plupart de ses offensives, faisant preuve de la patience nécessaire pour construire savamment ses actions.
 
Plus rien ne changeait jusqu’à l’ultime coup de gong en dépit d’un louable sursaut d’orgueil du Pantinois d’adoption. On crut que le sort en était jeté jusqu’à ce que deux juges sur trois ne donnent le Français vainqueur (116-111, 115-112, 110-117). D’une dignité à toute épreuve, Ryota Murata n’en crut pas ses yeux. Hassan N’Dam, lui, s’agenouilla avant d’exulter. Cette fois, il pouvait remercier les dieux du noble art qui avaient choisi son camp.
 
Par Alexandre Terrini
 
Mise en ligne par Olivier Monserrat-Robert

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