S’il a perdu son titre mondial WBF, Michel Mothmora se fixe de nouveaux objectifs, notamment celui de décrocher la ceinture nationale des moyens.

Cela fait un peu plus d'une semaine que Michel Mothmora est revenu en métropole. Pourtant, il n'a pas vraiment eu le temps de décompresser, s'offrant seulement trois jours de repos en début de semaine. « J'ai participé aux Parcours du goût avec quatre jeunes de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). On a reçu le 1er prix du jury jeunes. C'est génial, cela va permettre de développer notre activité traiteur », sourit le boxeur. De quoi repartir sur autre chose après avoir perdu sa ceinture mondiale WBF le 31 mars, à Fort-de-France, face à l'Argentin Diego Diaz Gallardo, par KO technique à la huitième reprise. « La digestion n'a pas été trop difficile, je n'ai pas à rougir de ce genre de défaite, j'ai vite relativisé. C'est le septième titre que je briguais et sur les six que j'ai défendus, j'en avais remporté cinq ».
"Je veux refaire un championnat de France"
Le boxeur du CP Blois en garde néanmoins des regrets. « Je n'aurais jamais dû m'incliner. J'ai perdu ce combat psychologiquement, cela aurait peut-être été différent si j'avais bénéficié de mon staff au complet. Jean-Michel Vincent était absent. Dans mon coin, Michel (Chagnoux) n'a pas su me transmettre les infos, notamment que j'étais passé devant aux points. Je pensais que j'étais toujours en retard depuis le knock-down du 1er round, je suis reparti à l'affrontement alors que j'aurais dû contrôler. Dans la semaine précédant le combat, j'ai eu également beaucoup de sollicitations, je n'ai pas pu entrer dans ma bulle, il fallait aussi gérer le côté émotionnel de boxer en Martinique. C'est une addition de petites choses qui ont fait que j'ai perdu ». La préparation a été compliquée également, son programme a changé plusieurs fois et il a également dû assumer différentes missions de front (lire « la phrase »). Néanmoins, la médiatisation du combat du natif de Fort-de-France et l'engouement qu'il a suscité vont permettre de dynamiser la boxe localement. Des galas vont régulièrement être organisés pour développer la pratique en Martinique, où l'on ne trouve actuellement que 250 licenciés.

Selon Mothmora, il y a également du positif à tirer de son combat, « surtout sur certaines séances d'accélération que j'avais mises en place. Depuis que je suis au CP Blois, j'ai un staff qui m'encadre bien, je fais notamment des séances avec Mustapha El Haoudar, sur des appuis et des placements, c'est intéressant. Ma collaboration avec Michel Chagnoux est terminée, je le remercie pour tout, c'est grâce à lui que j'en suis arrivé là. Maintenant, je suis avec le CP Blois, il faut qu'on discute ». A 36 ans, le boxeur relève donc le gant et se fixe de nouveaux objectifs. « La boucle est bouclée avec la WBF. Désormais, je veux refaire un championnat de France et conquérir des ceintures dans les fédérations majeures ». Pour ce qui est du titre national, son ambition principale, Mothmora devra attendre. En effet, étant donné qu'il était champion du monde, il ne pouvait pas apparaître sur les classements nationaux. Dans sa catégorie, les moyens, Kamel Abdesselam s'est emparé de la ceinture en novembre, face à Davy Armand. Il va devoir la défendre face à Karim Achour, son challenger officiel. Deux boxeurs que Mothmora connaît bien : il a battu Abdesselam en avril 2013 à Châteauroux ; quant à Achour, il a croisé sa route à trois reprises, dont deux fois dans le cadre d'un championnat de France, avec un bilan d'une victoire et deux défaites. La date du combat pour le titre n'est pas encore fixée, mais celui-ci devra avoir lieu avant le 11 juin. D'ici là, le Blésois devrait avoir refait son apparition au classement et saura le chemin qui lui reste à parcourir. De son côté, il devrait effectuer un combat de rentrée en septembre ou octobre avant de se lancer dans ses nouveaux défis.
La phrase : « Le DTN a refusé de m'inscrire sur les listes de sportif de haut niveau parce que selon lui, j'avais une ceinture d'une fédération mineure ».
On le sait, en France, très peu de boxeurs professionnels parviennent à vivre de leur sport, Michel Mothmora n'échappe pas à la règle. Au civil, il est éducateur à la PJJ. En parallèle, il a également obtenu le Dejeps (diplôme d'État de la jeunesse, de l'éducation populaire et du sport) et il a des fonctions au comité régional de boxe. Il gère ses séances et a monté le Michel Mothmora Boxing-Club, afin de l'aider dans ses démarches. Il est parfois difficile de trouver du temps pour s'entraîner. « J'ai fait une demande pour intégrer les listes de sportifs de haut niveau, afin de bénéficier d'un mi-temps sans perte de salaire pour m'entraîner au mieux mais elle a été refusée ». Ce dispositif est ouvert à tous les sportifs pratiquant une discipline olympique, et comme la boxe professionnelle fait partie du giron des JO depuis peu, les instances n'ont pas encore pris leurs dispositions.
Le chiffre : 4
Michel Mothmora a déjà disputé quatre titres de champion de France. Le premier, c'était en 2007, chez les super-welters, face à Jimmy Colas (défaite par KO). Il a ensuite défié Julien Marie-Sainte, déjà à Fort-de-France, en 2011, avec un nouveau revers par KO. Il a ensuite affronté Karim Achour à deux reprises, en 2013 et 2014, avec un KO technique et une décision partagée au final. La cinquième fois sera-t-elle la bonne ?
Par Paulin Aubard
Source : La Nouvelle République