Mossely dans la continuité

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La Française (4 v) poursuit sa progression chez les rémunérées. Le 16 mars, à Toulouse, elle a battu aux points, à l’unanimité des juges (100-89, 100-89, 99-90), l’Ukrainienne Olena Medvedenko (5 v, 5 d). Il s’agissait du premier duel en dix rounds de sa carrière.
 
 
 
On était curieux de voir à l’œuvre la championne olympique. Elle avait, en effet, fait le choix d’aller s’entraîner outre-Atlantique, sous la férule du staff qui s’occupe de Tony Yoka et de Souleymane Cissokho. En Californie, c’est l’adjoint de Virgil Hunter, Jeff Real, qui l’avait prise sous sa coupe. Ce dernier avait d’ailleurs fait le voyage en Haute-Garonne. Premier résultat : une certaine cacophonie mêlant langue de Shakespeare et langue de Molière, Jeff Real et Ali Oubaali donnant chacun leurs directives en anglais et en français.
 
 
 
Dans la carré magique, la Française entamait les débats bien campée sur ses appuis en misant sur son bras avant, tantôt en jab, tantôt en crochet qu’elle s’efforçait de dédoubler pour ensuite placer sa droite. Le tout en exerçant un pressing constant, sur un rythme assez intense, pour se mettre en position de délivrer des frappes lourdes dans le but évident de faire mal. Bref, tout ce qu’elle était partie chercher en Amérique. C’est clair : la médaillée d’or de Rio est en train poursuivre sa mue en adoptant un style qui s’apparente désormais bien plus aux standards de la boxe professionnelle. Assurément, les mises de gants répétées aux États-Unis produisent leur effet.
 
 
 
Néanmoins, le rendu n’était pas parfait. La Francilienne mettait du cœur à l’ouvrage et se démultipliait. Cependant, sa domination, au demeurant incontestable, n’était pas suffisamment nette et tranchante. Elle avait beau être la plus entreprenante, la plus forte physiquement et techniquement, elle se laissait quelque peu engluer, lors de ses sorties d’actions, par l’Ukrainienne qui parvenait à remiser des deux mains, certes de manière brouillonne et peu académique, mais suffisante pour contraindre Joseph Germain à soigner l’arcade sourcilière droite d’Estelle Mossely. Les débats étaient, en outre, trop émaillés d’accrochages sporadiques qui cassaient le rythme de la Tricolore et l’empêchaient de déployer son plan de bataille avec davantage de fluidité.
 
« Rencontrer Katie Taylor l’année prochaine »
 
C’est pourquoi Ali Oubaali lui fournissait quelques clés pour faire encore mieux : penser à boxer en cross et en uppercuts, soigner ses sorties d’attaque et ne pas « rester accrochée » à son adversaire, aller la « chercher intelligemment », la « boxer à distance », en somme, être « intelligente ». Aux premières loges, Tony Yoka se livrait également à une analyse des plus lucides : « Estelle est de mieux en mieux. Il faut qu’elle arrive à reproduire sur le ring ce qu’elle fait à la salle. » Et de lui recommander, pêle-mêle, d’être « plus basse sur les appuis », de « faire plus mal » et de « serrer davantage les gants ». Des conseils avisés. On aurait pu rajouter déclencher à bonne distance pour que ses coups n’arrivent pas en bout course ni ne soient initiés de trop près, ce qui en altérait en partie l’impact. Toutefois, même si ses offensives manquaient quelque peu d’efficacité, c’est bel et bien la Val-de-Marnaise qui faisait le combat, qu’elle remportait d’autant plus largement que dans la huitième reprise, la native d’Odessa écopait d’un avertissement sanctionnant ses irrégularités répétées.
 
 
 
Un succès probant qui ravissait l’intéressée au micro de la chaîne L’Équipe : « Il y a beaucoup de progrès. C’était une première phase de travail aux USA. J’ai opéré un changement au niveau de ma garde et mis l’accent sur la puissance. Cela ne vient pas encore instinctivement sur le ring et nécessite une adaptation. Je commence à prendre le pli. Tout n’est pas optimum mais ça va venir. Je vais pouvoir enclencher d’autres aventures. L’objectif est de rencontrer Katie Taylor (actuelle championne du monde WBA, WBO et IBF des légères, N.D.L.R.) l’année prochaine. Pour l’instant, je me concentre sur mon travail. »
 
Par Alexandre Terrini
 
Mis en ligne par Olivier Monserrat-Robert
 
Crédit images - Karim de la Plaine

 

 

 

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