Mondiaux : Bennama en bronze

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La délégation française, qui participe aux championnats du monde amateurs seniors masculins, à Ekaterinbourg, en Russie, comprend six athlètes. Seul Billal Bennama est monté sur le podium tandis que Sofiane Oumiha a été éliminé en quart de finale. Compte-rendu et résultats.

Trente-deuxièmes de finale :

-57 kg : David Avila Segura (Col) bat Samuel Kistohurry (Fra) 3-2

Le combat : « Le Colombien, vice-champion olympique des -52 kg, a surtout travaillé en séries et donné beaucoup de coups variés, explique John Dovi. Dans la première reprise, Samuel a bien répliqué en étant plus précis et en touchant davantage. C’est lui qui avançait sur le Sud-Américain qui ne reculait pas pour autant mais, au contraire, tournait et contre-attaquait, voire attaquait le premier. En revanche, dans la deuxième, Samuel est passé à côté et a subi. Il cherchait systématiquement la tête de son adversaire qui est pourtant plus petit que lui alors qu’il aurait dû commencer à le toucher au corps avant de remonter au visage. Il est bien revenu au troisième round, lequel a cependant été équilibré. Le combat été engagé du début à la fin. Il s’est joué à rien. Cela pouvait basculer d’un côté comme de l’autre. Samuel a trop de phases d’attente dans sa boxe. Quand il est dans le timing pour déclencher un coup, il a tendance à attendre, si bien que c’est celui qui est en face qui touche le premier. Ce manque de fréquence lui a été préjudiciable. Il n’a pas su s’engouffrer dans les brèches quand il l’aurait pu. »

-69 kg : Wahid Hambli (Fra) bat Zeljko Marko (Cro) 5-0

Le combat : « Face à un Croate très grand, gaucher, rapide et pas facile à manœuvrer, Wahid s’est montré le plus précis et le plus entreprenant, résume le manager général des équipes de France seniors masculines. C’est ce qui lui a permis de l’emporter. Il a été très concentré en avançant les mains bien hautes alors qu’on lui reproche souvent de les avoir trop basses. C’est un contre-attaquant mais là, il a fallu qu’il raccourcisse la distance pour compenser son déficit d’allonge. Pour le reste, il a d’abord travaillé au corps avant de remonter au visage afin de marquer ses touches. Et, dans les corps-à-corps, c’est lui qui a été le plus précis et le plus actif contrairement à son adversaire qui essayait de reprendre ses distances. Wahid a très bien géré les choses en étant serein. »

-81 kg : Gaëtan Ntambwe (Fra) bat Matej Uremovic (Cro) 5-0

Le combat : « Les deux boxeurs s’étaient rencontrés lors des derniers championnats de l’Union européenne, rappelle John Dovi. Gaëtan l’avait emporté à l’issue d’un match serré et décousu au coup duquel il n’avait pas tellement contrôlé ses émotions, ce qui avait nécessité l’intervention de l’arbitre. On s’attendait à ce que le scénario se reproduise. Or, le Croate, même s’il avançait constamment, n’a pas fait grand-chose. Il n’a pas été assez actif ni aussi dangereux qu’on le pensait. Gaëtan en a profité. Il a déployé sa boxe et a procédé en contre-attaque. Il a également été plus varié dans ce qu’il proposait. Gaëtan a très bien géré le combat, essentiellement en tournant. Il se l’est rendu facile en ne restant pas en face ni au contact, ce qui lui a permis de mieux contrôler les échanges. Il a été très à l’écoute. »

Seizièmes de finale

-52 kg : Billal Bennama (Fra) bat Hu Jianguan (Chi) 3-2

Le combat : « Bien que blessé à la jambe, ce qui le limite dans ses déplacements, Billal a très bien débuté en emportant largement le premier round face à un Chinois très expérimenté qui a déjà été médaillé au niveau mondial, se félicite John Dovi, manager général des équipes de France seniors masculines. Les débats ont été serrés et tendus car l’Asiatique a été très présent. Il était très mobile et cherchait à contrer en crochet du droit. Néanmoins, Billal a fait la différence grâce à son direct du bras avant et à ses accélérations mais aussi en sachant changer de tactique quand il le fallait. Il a beaucoup avancé et parfois reculé pour déstabiliser le Chinois. En revanche, il a fait des cadeaux sur le plan défensif qui ont permis à son adversaire de le toucher quelques fois. Dans l’ensemble, il a cependant fait montre des qualités qu’on lui connaît. »

-63 kg : Sofiane Oumiha (Fra) bat Kang Hyeonbin (Cor) 5-0

Le combat : « Sofiane a fait un beau combat de rentrée qu’il a géré de main de maître en étant facile, raconte John Dovi. Il connaissait le Coréen puisque ce dernier s’était entraîné avec nous lors d’un stage à Sheffield. Il a tenté quelques petites choses et a parfois un peu perturbé Sofiane avec ses longs segments mais dès que ce dernier a accéléré, il a pris l’ascendant en laissant venir et déclencher l’Asiatique. Dans la première moitié du combat, Sofiane a beaucoup boxé en contre-attaque puisque dans la deuxième, il s’est montré plus offensif, les mains bien hautes sans se découvrir. Il s’est rendu compte qu’il était tout aussi capable de procéder de cette manière-là alors que ce n’est pas son habitude. »

-69 kg : Sewonrets Okazawa (Jap) bat Wahid Hambli (Fra) 3-2

Le combat : « Wahid a été surpris par la rapidité et la vitesse du Japonais, admet John Dovi. En revanche, dans les deuxième et troisième reprises, c’est lui qui a fait le combat en misant sur la dimension physique. Il a davantage pris l’initiative et s’est montré le plus actif. Même si c’est lui qui touchait davantage, ses coups arrivaient trop souvent en bout de course. Le Japonais a certes beaucoup truqué, notamment en accrochant, mais a donné des coups plus nets. Il s’est montré plus précis, plus incisif et plus percutant. L’Asiatique a su maîtriser les débats en étant très mobile et virevoltant, en fuyant quand il le fallait, quitte, aussi, à faire un peu de cinéma en boxant les mains basses. Au final, le match a été très serré. Wahid a trop travaillé sur un coup et pas suffisamment en séries. Il aurait dû plus enchaîner mais il a montré de belles choses. »

-81 kg : Gaëtan Ntambwe (Fra) bat John Nobel Marvin (Phi) par forfait (blessure à l’arcade sourcilière non résorbée)

Huitièmes de finales

-52 kg : Billal Bennama (Fra) bat Vasilii Egorov (Rus) 3-2

Le combat : « Billal a produit un combat très engagé devant un adversaire, petit et gaucher, qu’il connaissait et qu’il avait déjà battu, précise John Dovi. Le Russe boxait de surcroît à domicile et a rendu coup pour coup. La clef du match a été le direct du bras arrière de Billal, lequel a martelé Vasilii Egorov qui, lui, a eu du mal à toucher. Le but était néanmoins de le laisser venir, de tourner et de reculer sans pour autant subir, ce que Billal a fait en étant très précis, notamment en sortie d’échange. Face un boxeur de taille inférieure et parfois brouillon, il s’est même permis de faire des esquives rotatives pour le mettre dans le vent. En revanche, a un moment, il a voulu se battre et comme cela se produit souvent lors d’une confrontation entre un droitier et un gaucher, il y a eu un choc de têtes qui a légèrement ouvert l’arche sourcilière de Billal. »

-63 kg : Sofiane Oumiha (Fra) bat Bakhodur Usmonov (Tad) 4-1

Le combat : « Encore une fois, Sofiane a fait montre d’une grande maîtrise alors qu’en face, il y avait tout de même le champion d’Asie, a apprécié John Dovi. Par sa classe, il s’est rendu le combat facile alors que ce jour-là, il n’était pas au meilleur de sa forme, ce qui peut arriver quand une compétition est aussi longue que ces Mondiaux. C’est aussi à ça que l’on reconnaît un champion. Il a fait ce qu’il a voulu même s’il a encaissé quelques droites. Il a laissé venir son adversaire mais parfois, il a lui-même pris l’initiative pour le surprendre. Il a été plus précis et à sans cesse contrôlé les échanges, en particulier grâce à sa faculté d’anticiper et de remiser après avoir esquivé. »

-81 kg : Julio LaCruz (Cub) bat Gaëtan Ntambwe (Fra) 5-0

Le combat : « Gaëtan a fait un très beau combat qu’il a, au demeurant, bien entamé, note le manager général des équipes de France seniors masculines. Il a souvent touché le Cubain mais ce dernier est quand même champion olympique et triple champion du monde. Il est intouchable. Quand on le regarde, il ne met pas forcément de rythme, il a les mains basses mais toute sa boxe est basée sur les esquives et les remises. Il a un sens inné du timing. Comme beaucoup de ses adversaires, Gaëtan n’a pas trouvé la solution contre lui et en est ressorti frustré. C’était difficile, ce  qui ne l’a pas empêché de rester très concentré, de tout le temps avancer les mains hautes et d’essayer de travailler au corps pour saper son rival. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire… Toujours est-il qu’il a tout donné. »

+91 kg : Frazer Edward Clarke (GB) bat Mourad Aliev (Fra) 3-2

Le combat : « Mourad a eu du mal à entrer dans le combat, peut-être parce qu’il avait été exempté de premier tour contrairement à l’Anglais qui, lui, s’est d’emblée montré à la fois très agressif et offensif tout en étant rapide de bras, analyse John Dovi. Puis, à partir de la deuxième reprise, Mourad a été beaucoup mieux et s’est mis à travailler en séries et à imposer sa boxe au point de toucher fréquemment et de rééquilibrer les débats. La stratégie consistait à laisser venir le Britannique, qui avançait, pour placer ensuite le bras arrière à l’intérieur en contre mais Mourad, qui est fausse garde, a plutôt délivré des crochets du bras avant en contre, ce qui était moins efficace. Surtout, il a marqué le pas physiquement à la fin du troisième round. C’est ce qui a fait basculer la décision en sa défaveur. »

Quarts de finale :

-52 kg : Billal Bennama (Fra) bat Galal Yafai (Ang) 5-0

Le combat : « Billal a réalisé un combat exceptionnel, de surcroît d’une grande intensité, se félicite John Dovi. L’Anglais est très offensif et a engagé la marche avant dès le départ. La force de Billal a justement été de pouvoir endiguer la fougue du Britannique en travaillant sur des séries longues de cinq ou six coups variés, au corps et au visage, et en se déplaçant quand il le fallait. Il a fait montre de beaucoup de cœur et de courage. Même quand il encaissait un coup, il était capable de surenchérir en uppercuts et en crochets et ainsi de reprendre l’ascendant sans qu’il n’y ait de temps mort dans sa boxe. De fait, Galal Yafai venait s’empaler sur les directs de Billal et les prenaient de pleine face. »

-63 kg : Davis Keyshawn (USA) bat Sofiane Oumiha (Fra) 5-0

Le combat : « Sofiane est tombé sur un boxeur comme savent en sortir les Américains avant les Jeux olympiques, commente le manager général des équipes de France seniors masculines. Davis Keyshawn est en effet très bon. Il a une attitude à la Floyd Mayweather, avec la main un peu basse et un très bon bras avant qui va vite. Il a à peu près le même style que Sofiane, si bien qu’il n’y pas eu beaucoup d’actions et que les deux adversaires se sont souvent montrés assez attentistes. Ce qui a fait la différence, c’est que l’Américain s’est davantage comporté en patron. Il a un peu plus touché que Sofiane. Le combat s’est d’ailleurs joué sur la vivacité et la capacité de l’un et de l’autre à être le plus rapide et à ne pas commettre d’erreur. Or, Davis Keyshawn a été un poil plus explosif et plus précis. Peut-être Sofiane aurait-il dû prendre davantage de risques en emballant le combat même si ce n’était pas facile car son adversaire se mettait à chaque fois hors de portée. »

Demi-finale :

-52 kg : Shakhobidin Zoirov (Uzb) bat Billal Bennama (Fra) 5-0

Le combat : « A mes yeux, Billal a remporté le premier round car il a été le plus précis tout en gardant sa distance avec son adversaire, lequel est plus petit que lui. Surtout, il a pris d’entrée l’initiative du combat et a occupé le centre du ring en délivrant des directs aussi bien du bras avant que du bras arrière. L’Ouzbek, qui avait été sacré champion olympique des -49 kg à Rio, lui, avait tendance à se jeter et à donner des coups un peu larges. En revanche, il a fait parler son expérience dans la deuxième reprise en boxant en séries à chaque fois qu’il se faisait toucher, ce qui lui a permis de refaire son retard tandis que Billal commettait parfois l’erreur de trop temporiser. Par contre, dans la dernière reprise, c’est Billal qui a repris les commandes du match en esquivant très bien et en touchant de nouveau en directs et en uppercuts d’autant que Shakhobidin Zoirov, gagné par la fatigue, n’arrivait plus à avancer ni à remiser. Dans ces conditions, le verdict ne reflète, à mon sens, pas la physionomie des débats », déplore John Dovi.

Alexandre Terrini

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