En reconquérant, début mai, à Madrid, aux dépens de l’Ibère Mariano Hilario (16 v, 6 d), vaincu à l’unanimité des juges (115-11, 114-112, 119-107), la ceinture EBU vacante des super-moyens, le Français a confirmé qu’il est bel bien l’un des meilleurs pugilistes tricolores de ces dernières années.

C’est un calme, de peu de mots mais toujours bien choisis. On l’entend encore reparler de son mentor, aujourd’hui décédé, Antoine Farrugia. Celui qui lui avait prédit un destin au minimum continental, celui pour qu’il avait accepté de traverser toute l’Île-de-France et de s’établir dans les Yvelines. Le père Antoine, respecté de tous, amoureux inconditionnel du noble art, avait vu juste. Encore une fois.

Après une première tentative au débotté mais infructueuse, le 13 octobre 2012, outre-Manche, au cours de laquelle il fait mieux que tenir son rang devant l’Anglais James DeGale, champion olympique 2008, à Pékin, et futur champion du monde, son protégé lui donne raison, à titre posthume, en s’emparant du sceptre européen face à Mariano Hilario, déjà lui, étrillé avant la limite, le 29 mai 2015, en banlieue madrilène. Entre ces deux opportunités, des mois de galère et quasiment deux ans d’inactivité pour cause de confrontations au sommet promises puis, finalement, avortées. Bref, l’attente alors que le temps et les années passent.

Une fois sur le toit du Vieux continent, le Français fait le choix de s’engager avec le promoteur Salvatore Cherchi et de s’entraîner dans la Péninsule. Erreur ou pas, il se fait cueillir à froid, au premier round, par l’Anglais Callum Smith et perd sa ceinture, dès sa première défense, le 2 avril 2016, à Liverpool. Retour au bercail et à la case départ. Il signe avec Malamine Koné qui lui promet de tout mettre en œuvre pour lui redonner sa chance. Chose faite plus tôt que prévu. Le titre EBU est en effet vacant. Initialement, Mariano Hilario, encore lui, doit en découdre contre le Russe Dmitrii Chudinov, qui finalement se désiste quelques semaines avant l’échéance. Malamine Koné monte alors au créneau, se démène et se débrouille pour qu’Hadillah Mohoumadi soit désigné cochallenger même si les Ibères conservent le bénéfice des enchères qu’ils avaient gagnées.
Bientôt un duel franco-français ?
On connaît la suite. Le Francilien s’en va reconquérir son bien en faisant mordre la poussière, sur ses terres, au dangereux et imprévisible Mariano Hilario. Malamine Koné est là qui a fait le voyage et veille à ce que l’arbitrage ne soit pas trop maison. Une présence que l’Yvelinois apprécie comme une marque de confiance et de considération. Sur le ring, il hache menu son contradicteur en misant sur son atout premier, l’intelligence tactique. Le plan de bataille est simple mais pas évident à appliquer : contrer tout en avançant. Même si son rival n’y voit que du feu, le nouveau tenant n’est pas comblé par sa prestation de l’autre côté des Pyrénées : « J’ai revu le combat et je ne suis pas entièrement satisfait. J’ai effectué un bon travail de sape et de destruction mais il m’a manqué certaines choses et je ne suis pas spécialement content. Je pense qu’avec davantage de précision, d’accélérations explosives et de finition, j’aurai d’abrégé le match. »

Peut-être. En tout cas, la victoire est au rendez-vous et revoilà, à trente-six printemps, l’intéressé maître de son destin. Avec, comme perspective idéale, un chemin de gloire en trois étapes : « Être en capacité de remettre en jeu ma ceinture, en France, à la rentrée prochaine ; ensuite, disputer une ceinture internationale dans l’une des fédérations majeures pour être classé ; enfin, avoir une opportunité de faire un championnat du monde, peut être en IBF. »

On l’aura deviné, Hadillah Mohoumadi a une furieuse envie de se produire devant le public tricolore, lui que le boxing business a le plus souvent contraint à réaliser ses exploits en terre étrangère. A public français, adversaire français pour sa prochaine défense de titre ? On ne jurerait pas du contraire sachant que Christopher Rebrassé, autre cador de la catégorie, est également sous contrat avec Malamine Koné, lequel a pris la rudement bonne habitude de proposer des duels que les fans ont envie de voir.
Par Alexandre Terrini
Mise en ligne par Olivier Monserrat-Robert