Mohoumadi est grand

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Hadillah Mohoumadi (23 v, 1 n, 4 d) a conservé son titre continental des super-moyens en dominant aux points, à l’unanimité des juges (117-111, 117-111, 115-113), Christopher Rebrassé (25, 3 n, 6 d), le 11 novembre, au Vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines à l’issue de ce qui sera sans nul doute le combat de l’année.
 
 
« Touche, pique et fini-le ! », hurlaient les nombreux supporters d’Hadillah Mohoumadi dès le début d’un match parti sur les chapeaux de roues. Leur favori s’exécutait, du moins en partie car plus que piquer telle une guêpe, il délivrait des missiles tel un char d’assaut dont la progression paraissait inexorable. C’est en effet lui qui démarrait le plus fort et se montrait le plus entreprenant. Il avançait en prenant soin de ne pas se désunir, donnant son bras avant pour planter la première banderille avant de passer sa droite tantôt au flanc, tantôt au visage en crochet. Christopher Rebrassé avait le tort de reculer dans l’axe au lieu de tourner et se retrouvait donc parfois acculé dans les cordes. Moins puissant et moins tranchant dans ses répliques, le sociétaire du CMASA Aulnay-sous-Bois subissait et était rapidement ouvert au-dessus de l’œil gauche suite à un choc de têtes involontaire. Sûr de son fait, le tenant ne relâchait pas son pressing en s’évertuant à respecter les consignes de son coin qui lui intimait l’ordre de ne pas se jeter et, au contraire, de se décaler en sortie d’attaque.
 
L’immense panache d’accepter de s’affronter
 
Faisant montre d’une qualité d’encaisseur très nettement au-dessus de la moyenne, le challenger ne se laissait nullement impressionner ni submergé. Mieux, il répliquait, certes autant qu’il le pouvait, essentiellement avec son jab du gauche et en plaçant, à son tour, des crochets courts. Il y parvenait par intermittence sans véritablement mettre à mal la domination du champion qui continuait de pilonner son rival sous tous les angles même si ses coups manquaient parfois de précision. Et, dans la quatrième, il reprenait sciemment ses distances pour mieux repartir face à un Christopher Rebrassé toujours aussi solide et qui ne bronchait pas. Son coentraîneur, Jean-Louis Mandengue, lui demandait de chercher l’ouverture en touchant « derrière les gants », en clair, de travailler en optant pour des trajectoires plus larges et non pas systématiquement à l’intérieur. Cependant, son protégé, à la boxe toujours aussi élégante, avait le tort de remiser trop en ligne quand son vis-à-vis, lui, réussissait à frapper, en particulier en uppercut, juste après avoir effectué un pas de côté qui lui évitait de s’exposer aux contres du Val-d’Oisien.
 
Dans la sixième reprise, formidable d’intensité, Hadillah Mohoumadi desserrait quelque peu l’étau et se montrait moins vigilant défensivement. Sa garde présentait une certaine perméabilité et ses mains étaient soudainement moins hautes. Ragaillardi, son adversaire, qui attendait stoïquement son heure, s’engouffrait dans la brèche sans se faire prier. Il touchait son compère francilien de plein fouet au menton, lequel vacillait et… répliquait aussitôt. S’ensuivit, dans la septième, un mano a mano de près d’une intensité à faire lever le public du Vélodrome. Au crédit du challenger, un admirable supplément d’âme qui lui permit alors de faire jeu égal, voire plus avec l’Élancourtois. Les minutes se succédaient et les moyens de défense n’étaient, à l’évidence, plus la priorité des deux gladiateurs du ring. Qu’importe, oserait-on écrire, tant le spectacle était haletant entre ces bonhommes qui avaient eu l’immense panache d’accepter de s’affronter quand bien même ont-ils le même promoteur en la personne de Malamine Koné.
 
Une opportunité planétaire pour tous les deux ?
 
Plus l’on se rapprochait irrémédiablement de l’ultime coup de gong, plus la dramaturgie était à son comble et l’issue de ce duel au sommet indécise alors qu’elle semblait jouée d’avance ou presque au terme du tiers initial du match. Néanmoins, Hadillah Mohoumadi, qui esquivait davantage avec le buste en corps-à-corps, parvenait à marquer de précieuses touches grâce à des coups circulaires de près qui martyrisaient les tempes de son contradicteur d’un soir. Il était dit qu’en croisant le fer sans retenue, l’un et l’autre tutoieraient le sublime. Ce fut le cas. Rien n’ébranlait Christopher le magnifique qui, en cette fin de confrontation, s’esbignait à étouffer le tenant en puisant on ne savait où tout ce qui lui restait d’énergie. Son camp le sommait d’ailleurs de durcir encore et encore ses attaques. Il s’y employait mais, toujours aussi lucide et serein en dépit des circonstances, Hadillah l’impérial pouvait capitaliser sur sa meilleure entame pour triompher avec les honneurs devant son public.
 
Fort de sa démonstration, il clamait sa volonté de voir le monde quand son meilleur ennemi, avec lequel les liens de respect et d’amitié sont réels, légitimement submergé par l’émotion et la désillusion de l’échec, songeait à raccrocher les gants. Malamine Koné, lui, promettait de tout faire pour que tous deux aient à court terme une opportunité planétaire.
 
Par Alexandre Terrini
 
Mise en ligne par Olivier Monserrat-Robert

 

 

 

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