Mission accomplie pour Priscilla Peterlé

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Le 8 avril, à Grande-Synthe, la Nordiste (5 v) n’a pas raté l’occasion de devenir championne d’Europe des super-welters en dominant aux points et sans discussion (98-92, 98-92, 97-93) la Suédoise Marianne Ahlborg (5 v, 1 d). A trente-six ans, l’aventure continue.

C’est avant tout une belle histoire, celle d’une vaillante qui, à l’horizon encore lointain de la quarantaine, s’installe sur le toit du Vieux Continent. Qui l’eut cru ? Car en dépit d’un très honnête passé pugilistique ponctué par deux titres nationaux en amateurs, un en juniors et un en seniors, et un autre en professionnels, en moyens, pas grand monde n’imaginait la Saint-poloise si haut. La faute à une carrière à éclipses, ponctuée par des maternités et des choix d’entraîneur qui n’ont pas forcément toujours répondu à ses attentes.

Bref, la locale savait que le train ne repasserait pas deux fois et que c’était le grand soir ou jamais pour s’extirper d’un relatif anonymat auquel le destin l’avait peut-être injustement cantonnée.

« Une prestation des plus abouties »

C’était donc en conscience qu’elle démarrait en trombe mais en bon ordre. Son entame était remarquable, en partie grâce à un crochet gauche aussi puissant que précis. L’essentiel des échanges avait lieu à mi-distance mais n’était pas pour autant brouillon. Un satisfecit à mettre à l’actif des deux duellistes dont l’entrain n’était, au demeurant, pas synonyme de précipitation. De fait, la Suédoise était loin d’être passive. Plus trapue et dotée d’une allonge inférieure, elle acceptait goulûment le mano a mano de près.

Une configuration qui convenait à la Tricolore, laquelle faisait, dans ce registre, tout un peu mieux que sa rivale. Plus diversifiée tant gestuellement que dans les zones de frappe, elle imprimait également davantage de variations de rythme. Outre sa force physique supérieure à celle de la Scandinave, elle avait le mérite d’avoir corrigé un défaut récurrent : en l’occurrence, des moyens de défense sommaires. Elle avait les mains bien hautes avec, à la clef, un flopée de blocages.

Vaillante, la visiteuse l’était sans le moindre doute. Cependant, cette louable vertu ne suffisait pas à contenir la Française plus complète techniquement. En attestaient ses jabs parfois doublés et ses uppercuts opportuns. Le tout dans un souci constant d’efficacité pour saper sa rivale qui, repue, se mettait à tourner. Cependant, même si cette dernière était assez mobile, Priscilla Peterlé parvenait à la cadrer au corps ou au visage avec des droites plongeantes. Bref, sa prestation était des plus abouties et les juges ne pouvaient qu’en faire le constat flatteur sous les yeux embués de ses deux enfants.

« J’ai envie de viser plus haut »

La nouvelle championne d’Europe savourait avec beaucoup d’émotion, au micro de Fight Nation, son sacre tardif mais amplement mérité : « Je voulais ce titre. On a donc travaillé comme il le fallait. Je n’aurais pas pensé que Marianne serait si coriace. Elle a vraiment bien boxé et m’a donné du fil à retordre mais on a tenu. Au premier round, j’ai eu du mal à me mettre dedans puis je me suis ressaisie et on a fait face. C’est ma famille qui me porte. J’ai envie de viser plus haut. Il y a encore beaucoup de choses à travailler. Ce soir, je me suis sentie nulle (sic). » Qu’elle se rassure, elle est bien la seule… Son entraîneur et époux, Mario Evrard, la voix passablement éraillée, a d’ailleurs dit tout son amour pour « cette femme hors du commun, cette force de la nature qui le surprend tous les jours ». Celle dont il est « si fier ».

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