La nuit prochaine, dans l'emblématique Madison Square Garden, à New York, le Kazakh - qui vit à Los Angeles (Californie) - Gennady "GGG" Golovkin défendra ses titres WBA-Super, IBF et WBC des poids moyens contre l’Américain Daniel "Miracle Man" Jacobs, détenteur du sceptre WBA-Régulier.

C’est un combat (diffusé en direct la nuit prochaine sur la chaine L'Équipe) énorme pour les deux combattants. Jacobs étant l'outsider, toute la pression est sur Golovkin. Une défaite serait dévastatrice pour trois G. Elle l’empêcherait d'unifier complètement la division des poids moyens et d’affronter - peut-être en septembre - l’Aztèque Saul "Canelo" ("Cannelle" en espagnol, à cause de ses cheveux roux) Alvarez. Daniel Jacobs (30 ans ; 1,83 m ; 32 victoires, dont 29 avant la limite, 1 échec) a déjà connu la défaite. Le 31 juillet 2010 à Las Vegas, il a été assommé par Dmitry Pirog, avec une terrible et précise droite qui l'a laissé étendu sur la toile au début du cinquième round. Dans le deuil après le décès une semaine avant de sa grand-mère, Jacobs n’était certainement pas dans les meilleures dispositions pour aborder ce dur duel. Surnommé au début de sa carrière « The Golden Child », le poids moyen new-yorkais a contracté un ostéosarcome (tumeur maligne), en 2011. Le boxeur a subi une intervention chirurgicale et, après plusieurs mois de rééducation, a pu reprendre sa profession de boxeur professionnel. Peu de gens pensaient que Jacobs pourrait reprendre le fil de sa carrière, après son cancer. « Je suis la preuve vivante que l'on peut s'en sortir, grâce à un dur travail et beaucoup de détermination. J'ai souffert, mais j'ai époustouflé les médecins qui affirmaient que je ne serais jamais capable de combattre de nouveau », a t-il déclaré à l’époque. Depuis, Daniel Jacobs est baptisé « Miracle Man », mais il est bien plus qu'un miracle.

Daniel Jacobs est né à Brownsville, un quartier résidentiel situé à l'est de Brooklyn, comme Mike Tyson, Riddick Bowe et Shannon Briggs. Il est un espoir chez les rémunérés depuis qu’il n’a pas été retenu dans l’équipe nationale des États-Unis pour les Jeux de Pékin, malgré un excellent palmarès et quatre victoires aux Golden Gloves, l’autre nom du championnat des États-Unis amateur. En effet, Jacobs a été battu par Shawn Estrada lors des éliminatoires pour une place dans l’escouade de boxe olympique des USA. Chez les pros, Jacobs a éclipsé tous les membres de cette médiocre équipe américaine. Le New-Yorkais a remporté douze victoires en 2008 et cinq en 2009, dont une aux points après seulement huit jours de repos, lors du gala où Manny Pacquiao a assommé au deuxième round Ricky Hatton. En 2010, Daniel Jacobs a gagné deux duels avant la limite, ce qui lui a permis de se retrouver en première ligne pour disputer un titre important contre Dmitry Pirog, un garçon qui s’est retiré invaincu chez les professionnels en 2012. Après sa maladie, qui l’a mis sur la touche un an et demi, Jacobs est devenu champion du monde et a remporté dix victoires avant la limite. Et même s’il faut dire que l'opposition n'a pas été à chaque fois de classe mondiale, c'est beaucoup plus qu'un miracle. « Je crois en moi, je sais ce dont je suis capable et personne ne peut me priver de ce qui doit me revenir », a-t-il déclaré en conférence de presse lancé. « Je suis au sommet de ma carrière, c'est le moment idéal pour moi de prouver que je suis le meilleur et quoi de mieux que de le montrer face au meilleur du moment », a-t-il poursuivi. « Pour battre un type comme Golovkin, il faut être costaud mentalement, personne n'est plus costaud dans sa tête que moi après ce que j'ai vécu, rien ne me fait peur », a-t-il fini.

Gennady "GGG" Golovkin (34 ans ; 1,79 m ; 36 victoires, dont 33 avant la limite) a débuté chez les rémunérés en 2006, après une longue carrière amateur. Chez les pas payés, où il a disputé 350 combats, Golovkin a remporté l'or chez les poids moyens aux Mondiaux 2003 à Bangkok. Il a ensuite représenté le Kazakhstan aux Jeux olympiques d'Athènes 2004, remportant une médaille d'argent. Doté d’une force herculéenne ses poings traversent ses rivaux comme un couteau chaud à travers le beurre. Golovkin, toujours invaincu chez les « casqués », est un type charmant, charismatique, presque humble, et quand vous lui parlez, il vous regarde dans les yeux, mais vous avez le sentiment qu'il pense, quoi de neuf ! Il est froid, mais chaud, tout en même temps. Il sait ce qu'il fait et où il va. Il rappelle beaucoup le Russe Kostya Tszyu : un homme gentil, avec un beau sourire, qui n'a pas l'air d'un boxeur. Détrompez-vous, ce mec est un tueur, qui brise ses vis-à-vis en appliquant une pression contrôlée et calculée, pour d’abord les casser, avant de les finir de façon dévastatrice. En Janvier 2017, il a été classé comme le deuxième poids moyen de la planète Terre par le magazine le magazine The Ring, la Bible de la boxe, qui le classe également comme le quatrième meilleur boxeur du monde toutes catégories de poids confondues. Gennady Golovkin détient le pourcentage le plus élevé de K.-O. (91,7 %) dans l'histoire du championnat planétaire des moyen. Aucun boxeur n'a tenu le choc face à lui pendant 12 rounds, mais trois pugilistes ont tenu la limite des huit reprises : deux Français (Mehdi Bouadla et Amar Amari) et un Canadien (Ian Gardner). Enfin, triple G possède l'un des meilleurs mentons dans la boxe moderne, n'ayant jamais été mis knock-down ou knock-out dans un total de 386 combats, ni en tant que professionnel ni amateur. « Jacobs est l'adversaire le plus difficile de ma carrière pro », a-t-il commenté. « J'ai regardé des vidéos de ses combats et il est vraiment bon, il frappe fort », a-t-il enchaîné.

Daniel Jacobs s’est entraîné très durement pour ce duel, sous la férule de Virgil Hunter. Il a mis les gants avec Avtandil Khurtsidze, Sergiy Derevyanchenko et Ievgan Khytrov, de bons boxeurs techniques, pour essayer de mimer le style de Golovkin. L’États-Unien est super-confiant. Il va boxer à la maison, sur la 33ème rue, Madison Square Garden, et il croit en son propre pouvoir. Jacobs est grand, fort physiquement, possède une excellente droite et une bonne frappe. Gennady Golovkin a également très bien préparé ce rendez-vous, avec des sparring-partners, grands, mobiles et puissants. Dans la nuit de samedi à dimanche, trois G devrait d’abord travailler au corps, avant de remonter à la tête, tandis que Jacobs devrait sortir en essayant d'établir son direct et utiliser toute sa gamme de coups. Golovkin devrait couper le ring et essayer de mettre son adversaire sur le pied arrière pour le coincer aux cordes, afin de l’attaquer corps-face. Jacobs devrait tenter de se montrer mobile et essayer de rendre Golovkin mal à l'aise avec des uppercuts et des crochets rapides. Si Jacobs se lance aveuglément à l’offensive, il va se faire contrer par le crochet gauche ou droit de son rival. Il est injuste pour Jacobs de dire que son unique chance de l’emporter et sur son punch, car c’est un bon boxeur, mais Golovkin est pour l’instant hors-normes et devrait s’imposer avec un K.-O. brutal avant là mis-combat. Des miracles se produisent, mais pas sur la 33ème rue !
Crédit images : Tom Hogan/Hogan Photos