Le Français (21 v, 3 d) a raté l’opportunité de disputer un championnat du monde dans la plus prestigieuse des fédérations en s’inclinant logiquement aux points (98-92, 99-91, 97-93) à l’issue de sa demi-finale WBC des super-légers face à Viktor Postol (31 v, 2 d), le 27 avril, à Las Vegas.
Viktor The Iceman Postol, cornaqué dans son coin par Freddie Roach, débutait les hostilités en étant à la hauteur de son surnom : en restant de glace face à l’enjeu. Doté d’une allonge supérieure, c’est pourtant lui qui avançait et qui plaçait quelques courts enchainements en crochets des deux mains. Rien de transcendant ni de très élaboré mais de quoi prendre d’emblée l’avantage sur les bulletins des juges dans la mesure où Mohamed Mimoune ne se montrait pas suffisamment actif ni entreprenant. Il avait beau être mobile, il ne déclenchait aucune véritable attaque tandis que ses ripostes n’avaient rien de tranchant. Il faut dire que le bras gauche télescopique de l’Ukrainien l’empêchait de véritablement passer la marche avant.
Néanmoins, on espérait un travail de feinte plus conséquent et des accélérations plus récurrentes de la part du Toulousain. En somme, on attendait de voir le pugiliste inspiré, virevoltant et imprévisible qui avait conquis la France puis l’Europe de poing de maître. Dans ces conditions, en débit d’échanges trop souvent ponctués d’accrochages, le compatriote des frères Klitschko continuait à marquer des touches, certes avec parcimonie mais une efficacité constante. Il parvenait même à durcir le combat dans la quatrième reprise et à délivrer des uppercuts qui stoppaient le Haut-Garonnais dans ses rares élans, incapable de se libérer pour de bon.
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« On n’aura pas cinquante chances comme celle-là »
Si bien que dans son coin, son coach, Mehdi Oumiha, le pressait de changer de braquet prestement : « Il faut y aller. Tu le regardes faire. Boxe-le et fais le reculer. Quand tu travailles en premier, tu le touches. Il ne faut pas le laisser avancer. Il t’endors. Il donne son bras arrière et tu ne remets pas. » Et encore, quelques minutes plus tard : « On n’aura pas cinquante chances comme celle-là. Il faut la saisir et lui faire mal. »
Résultat : un léger mieux dans les rounds suivants de la part du Tricolore mais rien qui ne lui eût permis d’espérer inverser le cours d’une confortation perpétuellement en sa défaveur. En effet, au lieu de redevenir l’insaisissable styliste de classe doublé d’un fin tacticien qu’il sait être, il prenait le parti d’aller à la guerre et d’accepter la bagarre, de surcroît en s’exposant et sans suffisamment désaxer. Du pain béni pour son rival qui avait alors tout le loisir de tirer parti de sa puissance supérieure, en particulier sur ses droites. A ce jeu-là, Viktor Postol consolidait une victoire indiscutable. Toujours détenteur de la ceinture IBO de la catégorie qu’il compte bien défendre, Mohamed Mimoune, lui, pouvait se consoler en se disant qu’en exploitant toutes ses immenses qualités, il a amplement les moyens de rivaliser avec les meilleurs de la Planète.
Alexandre Terrini