Le 20 octobre, à Dakar, Mohamed Mimoune a aisément conservé sa ceinture IBO des super-légers en dominant aux points, à l’unanimité des juges (118-111, 117-111 et 118-110), son compatriote Franck Petitjean, valeureux mais moins inspiré tactiquement.

Un championnat du monde franco-français externalisé en plein cœur de l’Afrique, entre deux fausse-gardes stylistes qui en décousaient avec des gants aux couleurs du Sénégal, pays d’accueil de cet évènement : la chose avait le mérite d’être peu commune dans la grande et glorieuse histoire de la boxe tricolore.
Donné aux alentours de 21 h 00 heure locale, le coup d’envoi de ce duel n’empêchait pas la chaleur de sévir et de solliciter les organismes. On comprit rapidement que le scénario du premier round serait, à quelques variations prêt, celui de toute la confrontation. Plus trapu mais doté d’une allonge inférieure, Franck Petitjean cherchait à avancer pour casser la distance et marteler son opposant qui savait pertinemment à quoi s’attendre. En effet, Mohamed Mimoune n’était nullement dérangé par la nécessité de devoir boxer en contre et en tournant, parfois même en reculant en bon ordre. Très doué au jeu du chat et de la souris entre seize cordes, il répliquant là en uppercut, là en crochet droit ou encore, avec son bras arrière. Ce qui était peut-être le plus dur psychologiquement car il s’agissait de s’assurer que cette main, qui avait été fracturée et opérée, allait tenir. Cela était visiblement le cas mais ne dissuadait pas pour autant le challenger de se montrer très entreprenant.
Des débats stratégiquement passionnants
Voyant qu’il ne parvenait pas à toucher en première intention au visage, il prenait pour cible prioritaire le corps du champion dans l’espoir de fendiller sa garde et de pourvoir ensuite créer l’ouverture en remontant à la face. Cependant, le Toulousain ne se laissait pas abuser et répliquait sur deux ou trois coups en se montrant, dans l’ensemble, plus rapide de bras et surtout plus précis. La troisième reprise achevait de libérer l’un et l’autre. Piqué au vif par un direct puis un crochet droits encaissés de plein fouet, l’élève de Mehdi Oumiha passait la surmultipliée en enchaînant davantage et en délivrant des séries plus longues.
Animés et enlevés, les débats étaient stratégiquement passionnants, chacun veillant à ne pas tomber dans le double écueil qui ternit parfois les bras de fer entre gauchers : les coups de tête et les accrochages répétés. Dans ce contexte, Franck Petitjean ne faiblissait pas et, très bas sur les appuis, maintenait son pressing avec une remarquable constance. Remarquable, la faculté de remiser de son contradicteur l’était tout autant. Elle lui permettait de marquer plus de touches et donc de prendre l’ascendant au fil des minutes.
The Problem s’avérait… en être un
Fidèle à lui-même, The Problem s’avérait… en être un. Toujours aussi facile techniquement, fort de cette capacité d’effectuer, quand il s’impose, le pas de côté ou de retrait tout en gardant les mains bien levées, il contraignait le Francilien à déclencher le premier et à se découvrir. Sans cesse sur l’homme, ce dernier, doté d’une condition physique irréprochable et ne négligeant pas non plus les esquives, semblait néanmoins ne pas parvenir à trouver la solution ni à appliquer les consignes de son coin. En l’occurrence, allier vitesse et précision, prendre des risques et de ne pas travailler sur un coup. Rien que ça…
Le dernier tiers du combat ne changeait pas la donne, voire l’accentuait. Vaillant, le Parisien faisait preuve de louables intentions, n’étant nullement avare de ses efforts ni d’initiatives. Mais le Haut-Garonnais n’éprouvait aucune peine à les lire et à les anticiper. Ses répliques n’en étaient que plus chirurgicales pour lui assurer un succès logique et, très probablement, une future demi-finale mondiale WBC contre l’Ukrainien Viktor Postol, ancien champion du monde de la catégorie. On attend ce rendez-vous au sommet avec impatience.
Par Alexandre Terrini
Mis en ligne par Olivier Monserrat-Robert
Crédit images - Team Mimoune