Le 21 mars, à l’Institut du Judo, à Paris, le Toulousain (18 v, 2 d) a dû s’employer pour conserver sa ceinture de l’Union européenne des welters aux dépens du solide Finlandais Jussi Koivula (21 v, 1 n, 4 d), néanmoins battu aux points, à l’unanimité des juges (116-111, 115-111, 115-111).

Même si c’était lui le champion, Mohamed Mimoune démarrait le combat dans une position attentiste. Comme le Scandinave avait décidé d’en faire autant, les débats se déroulaient sur un faux rythme et dans une relative torpeur. Un scénario qui ne servait pas particulièrement le Français, lequel ne travaillait que sur un ou deux coups, misant sur rapidité, sa précision et son coup d’œil. Même s’il prenait soin de décaler aussitôt après avoir touché, il se faisait parfois surprendre par le Finlandais qui se ruait à l’assaut, certes de manière assez frustre et décousue. Si bien que sur une droite derrière la tête, le Haut-Garonnais était, à son grand dam, compté par l’arbitre dès le deuxième round. « Ne te découvre pas ! Reste bien groupé et concentré ! Remise ! La tête dans les épaules ! » : Son coin lui délivrait de précieux conseils qu’il s’évertuait à mettre en pratique sans pour autant prendre véritablement l’ascendant. Au contraire, persistant à ne pas vouloir emballer le match, délivrant des crochets trop larges et donc prévisibles, il se découvrait et s’exposait inutilement. Jussi Koivula n’en demandait pas temps et l’envoyait au tapis à la fin de la quatrième reprise d’une nouvelle droite, au menton, sans que, cette fois, il n’y ait à redire.
Laisser venir pour mieux contrer et désaxer
Ayant parfaitement récupéré, croyait-on, le tenant restait fidèle à la stratégie prônée par ses entraîneurs : laisser venir le Nordique pour mieux le contrer et immédiatement désaxer. Il y parvenait mais il manquait de puissance pour ébranler le challenger. De même ne se montrait-il pas suffisamment actif, en particulier avec son bras arrière. Et quand il lâchait ses coups, soit ceux-ci étaient bloqués, soit ils arrivaient en bout de course. En outre, les accrochages étaient de plus en plus fréquents, ce qui n’arrangeait pas forcément ses affaires. Bref, The Problem n’était à l’évidence pas dans un grand soir devant un rival pourtant largement à sa portée.

Et pourtant, dès qu’il lâchait les chevaux, il surclassait le Scandinave. Ce fut le cas dans la neuvième reprise que l’on crût être celle de la délivrance. Pour la première fois, le Français se décidait à véritablement enchaîner, lui qui, jusque-là, ne le faisait que trop rarement. Il fit enfin parler la technique et la vista qu’on lui connaît. Un premier swing du droit à la face puis un autre du gauche puis quasiment toute la gamme du noble art y passa. Intelligemment, le Sudiste ne se désunit pas en tentant de porter l’estocade. Il laminait par ses attaques chirurgicales le Finlandais, sur le reculoir pour ne pas dire sur les talons. Malheureusement, le visiteur, mû par un extrême courage et doté d’une résistance très au-dessus de la moyenne, pliait mais ne rompait pas. Sauvé par le gong, il continua même d’offrir une réelle opposition dans les deux ultimes opus de ce duel qui enfin devenait palpitant.
Disputer enfin ce satané titre de l’EBU
Une fois de retour dans le vestiaire, on eut le fin mot de l’histoire : Mohamed Mimoune avait été touché à la mâchoire lors de son second voyage au tapis. S’il n’avait rien laissé transparaître, il avait été tenaillé par la douleur au fil des minutes et n’avait, par sagesse autant que par prudence, pas voulu prendre de risque inconsidéré en étant plus offensif. Conscient que sa prestation n’avait pas pleinement répondu à ses attentes, il n’espère à présent qu’une chose : passer à l’étage supérieur. En clair, disputer enfin ce satané titre de l’EBU auquel il aspire. Sachant qu’il connaît bien l’actuel champion d’Europe de la catégorie, l’Espagnol Ceferino Rodriguez. Le 11 avril 2015, il était en effet allé le battre chez lui, de l’autre côté des Pyrénées, à l’unanimité des juges. A quand un bis repetita ?
Par Alexandre Terrini
Mise en ligne par Olivier Monserrat-Robert