Le Français (29 v, 1 d) a de nouveau été sacré champion d’Europe des super-welters, le 22 novembre, à Clichy, en dominant avec brio et avant la limite (KO, 9e) l’autre cochallenger, le Belge Jan Helin (18 v, 1 n, 5 d).
Le Tricolore débutait les hostilités extrêmement concentré mais en étant très réactif. Vif sur ses appuis, il jaugeait son rival en donnant son bras avant, quitte à accepter de tourner, voire de reculer. C’est que le Belge était, certes, dans des dispositions comparables mais entrait plus prestement dans le vif du sujet. Lui n’était pas dans une phase d’observation et décidait de porter le fer d’emblée. Assez rapide de bras, ses accélérations en crochets courts ponctuées d’uppercuts lui permettaient de marquer son territoire et de toucher ponctuellement le Séquano-Dionysien.
Lequel, n’ignorant pas qu’il n’aurait probablement pas la partie facile, se mettait à durcir les échanges dès le deuxième round en imprimant plus de puissance dans ses coups. Dans ces conditions, le visiteur était rapidement ouvert à l’arcade sourcilière gauche. Signe que le Francilien prenait nettement l’ascendant, la troisième reprise s’apparentait déjà un chemin de croix pour le pugiliste d’outre-Quiévrain. Bien que plutôt juste dans ses frappes, il était, en revanche, submergé dès que l’ancien champion de France amateur enclenchait la surmultipliée. Car ce dernier mêlait savamment vitesse d’exécution et précision. Il y avait très peu pour ne pas dire pas de déchet dans sa boxe. Non seulement ses combinaisons faisaient mouche de bout en bout mais il se révélait capable de déclencher sous tous les angles, y compris en se déplaçant. Ce qui ne lui faisait pas pour autant refuser les face à face, lesquels se révélaient extrêmement douloureux pour le Belge, fréquemment acculé dans les cordes.
Natsuka livrait une copie de grande classe. Inspiré et méthodique, il avait cette faculté d’être dangereux tant en prenant l’initiative le premier qu’en remisant. Vigilant quant aux moyens de défense Il déroulait son schéma tactique sereinement et sans anicroche, pensait-on au regard de sa prestation très complète et convaincante. Jusqu’à ce qu’un contre fulgurant, du bras arrière, de Jan Helin, dans le sixième opus, ne fasse chanceler le local qui faisait l’ascenseur avant de s’accrocher pour récupérer. Le Belge remettait le couvert dans le septième avec un cross du gauche par-dessus la garde parfois un peu basse du Drancéen.
« Sans être prétentieux, je pense que je peux prendre tout le monde »
Lequel ne s’en laissait pas compter et répliquait mais en avançant moins franchement et, surtout, en veillant à désaxer immédiatement en sortie d’action. C’était lorsqu’il paraissait nettement dominé que Jan Henin se rebiffait et se montrait le plus dangereux, jaillissant de là où on ne l’attendait plus vraiment. Des alertes qui rendaient le match encore plus passionnant et, par moments, à l’issue incertaine. Conscient du danger, Milan Prat en décousait intelligemment, sans s’exposer. Nullement décousu dans ce qu’il entreprenait, il était, au contraire, chirurgical quand il débitait, tant il tirait tout le parti de son timing et de sa vista. Très opiniâtre, il s’efforçait de construire et, surtout, de ne pas se jeter. Une lucidité mâtinée de sagesse qui allait fort logiquement être récompensée dans la neuvième quand, après plusieurs séquences qui le voyaient passer des gauche-droite ravageurs, il crucifiait son contradicteur sur une énième droite lourde et plongeante à la tempe.
Un épilogue aux allures de soulagement que le vainqueur appréciait à sa juste mesure. « Je me suis fait une petite frayeur mais j’ai su appliquer le game plan et je suis fier de moi, souriait-il au micro de Fight Nation. J’ai pris mon temps et j’ai géré. Il y a eu une progression au fil des rounds car j’ai réussi à y aller crescendo. Sans être prétentieux, je pense que je peux prendre toute le monde. Franchement, j’y crois. »