Après deux combats décevants face à Israil Madrimov, Michel Soro a frappé un grand coup en Russie le mois dernier en surclassant l'invaincu Magomed Kurbanov. La décision controversée en faveur du champion Russe a déclenché une énorme polémique dans le milieu de la boxe mondiale.

Avez-vous engagé des procédures et avez-vous eu des retours par rapport au dénouement de ce combat ?
Nous avons déposé une réclamation auprès des fédérations mondiales et auprès de la fédération Russe. Pour l’instant, les retours que nous avons eus sont encourageants, ils viennent des principaux sites spécialisés Américains et du monde entier. The Ring qui est la référence mondiale, a fait quelque chose de rare, ils ont reconnu ma victoire et déclassé Magomed Kurbanov et ils m’ont intégré dans le top ten de la catégorie à sa place. Je pense que cela se passe de commentaires.
Qu’avez-vous retenu de cette confrontation ?
Je note que les rounds que j’ai gagnés furent nets et sans aucune contestation possible alors que le peu de reprises que j’ai perdues l’ont été de peu. La majorité des observateurs mondiaux s’accordent pour noter entre huit à dix reprises en ma faveur et quatre à deux pour lui, en étant le plus sévère pour moi. Au-delà ce cela, on a vu que j’ai été performant et à mon meilleur niveau. Je pense avoir montré que je me situais encore parmi les meilleurs super-welters mondiaux.
Paradoxalement, cette « défaite » ou décision douteuse, s’avère bénéfique pour vous dans le sens où elle vous a apporté une visibilité mondiale que la victoire ne vous aurait peut-être pas offerte…
On peut dire un peu cela. Cela a fait beaucoup de bruit et finalement c’est une bonne pub pour moi. De nombreux entraineurs mondiaux ont évoqué ce combat, Liam Smith, qui avait été battu de façon plus ou moins controversée par le Russe, s’est prononcé en ma faveur. Finalement, cette histoire m’a remis en selle, moi je n’ai pas demandé tout cela, je voulais juste que ce combat soit jugé comme il aurait du l’être. Je suis privé d’une belle victoire à l’étranger, c’est dur à encaisser pour un compétiteur. Il faut maintenant passer à autre chose et se projeter sur l’avenir. Mon équipe était abattue, je les ai réconfortés en leur disant que j’aurais préféré reprendre l’avion avec la décision en poche, mais que le travail avait été fait et bien fait, le reste nous n’y pouvons rien. Le perdant est le Russe, après Liam Smith et moi, qui voudra encore aller là-bas ? Il se trouve grillé. On a reçu une offre de revanche, mais si je devais retourner là bas, ce serait sous certaines conditions et notamment que le jury du combat soit le plus neutre possible. Avant le combat, j’avais reçu énormément de messages, fait assez inhabituel, cela m’a terriblement motivé et j’en ai reçu encore après venant de toutes parts, notamment d’entraineurs, dirigeants et boxeurs Français. J’ai été touché par toutes ces marques de sympathie et je remercie tous ces gens pour leur formidable soutien.
Le fait que ce combat ait été regardé à l’international prouve-t-il que vous soyez un super-welter qui est suivi de près ?
Je pense qu’il y a eu aussi un phénomène de curiosité. A cause de la guerre, la WBA est restée discrète mais officiellement, il s’agissait d’une Eliminatoire mondiale WBA, j’ai signé le document en ce sens. Certains ont aussi voulu voir si j’étais fini après mes deux dernières sorties un peu « pourries ». Je pense m’être rappelé au bon souvenir de ceux qui m’avaient peut-être enterré un peu trop vite.

" Je ne peux être motivé que par des combats de niveau mondial "
Que vous a apporté Joseph Germain qui était dans votre coin ?
Sa grande expérience, il a eu des champions du monde, c’est quelqu’un de serein qui reste lucide et ne se laisse pas déborder par ses émotions. Fin 2020, j’avais déjà travaillé avec lui pour préparer un combat qui ne s’est pas fait au Cannet, j’avais pu noter ses grandes compétences. Entre nous cela s’est fait facilement et cela s’est très bien passé. Avec lui, j’ai trouvé ce qui se fait de mieux en France, on renouvellera probablement l’expérience.
Avez-vous des projets en boxe ?
On va voir mais il est sûr que je ne peux être motivé que par des combats de niveau mondial. Comme je l’ai toujours dit, je ne me m’éterniserai pas jusqu’à 40 ans, je suis partant pour relever des challenges, le jour où je n’en aurai plus, j’arrêterai.
Avez-vous déjà pensé à la reconversion ?
Bien sûr, j’ai ouvert une salle de sport il y a quelques années. Par ailleurs, en parallèle de ma carrière sportive, je suis en Master pour acquérir des connaissances dans l’entreprenariat. J’ai des projets en France et en Afrique, c’est quelque chose que j’avais en tête depuis quelques années. On sait qu’une carrière sportive dure entre dix et quinze ans, il faut assurer son avenir. Vous savez, je reste toujours positif, il y a des choses importantes dans la vie. Je suis sorti de mon dernier combat, sans une marque, sans dommages, rien ! J’ai trois enfants et la santé passe avant le reste, je me dois de rester intact pour eux et mon épouse. Le jour où ce sera terminé, il n’y aura pas de retour en tant que combattant. Je m’impliquerai peut-être dans un autre rôle, je pense avoir bien compris la boxe, pourquoi ne pas transmettre mon expérience à de jeunes boxeurs ?
Aimez-vous toujours autant la boxe ?
Bien sur que je l’aime ce sport, il fait partie de ma vie. J’irais même plus loin, la boxe est le reflet de la vie. La seule différence qu’il y a avec le travail, l’entreprise ect, c’est que l’on prend des coups physiques mais autrement, les coups tordus, les vols, les joies, les mauvais jours, c’est la même chose dans les autres métiers. La boxe pro est juste plus dangereuse que certains autres métiers, c’est pourquoi il faut demeurer compétitif et lucide. La boxe est un gros avantage pour moi, l’expérience me servira énormément dans ma future vie d’entrepreneur.