Mevy Boufoudi à la croisée des chemins

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Battu, par arrêt de l’arbitre (4e), par l’Argentin Carlos Daniel Cordoba (16 v, 9 d), fin juin, alors que la ceinture WBC francophone des légers étaient en jeu, le Val-de-Marnais, accablé par les circonstances, ne sait pas de quoi son avenir pugilistique sera fait.

Le noble art est une histoire d’hommes. Il est, avant tout, une histoire de vie que, parfois, le destin a abrégé bien trop tôt. Il y a quatre ans, en juin 2019, Olivier Boufoudi (9 v, 2 d), entraîneur emblématique du BC Brévannais deux décennies durant, était fauché par la maladie et s’en allait, laissant à son fils, Mevy, le soin de lui succéder. Ces deux-là étaient unis autant qu’un père et sa progéniture peuvent l’être, mus par un amour fou et indélébile. Début mai, Wilfried Florentin, qui avait été façonné et poli par Olivier Boufoudi, qui le considérait quasiment comme un second fils, était tué par balles au petit matin, dans un bar, suite à un différend. Mevy avait poursuivi le travail de bonification entrepris par son paternel et était, évidemment, un intime de l’ancien membre de l’équipe de France amateur.

Deux drames qui l’ont touché dans sa chair. Cela fait beaucoup pour un seul homme qui ambitionnait de surmonter la cruelle injustice du quotidien en briguant le titre WBC francophone, devant son public de Fontenay-sous-Bois, le 24 juin. En face de lui, l’Argentin Carlos Daniel Cordoba. Pas l’héritier de Carlos Monzon, certes, mais un malin imprévisible, en rien académique et donc pas facile à manœuvrer. De fait, un cross du gauche asséné par le visiteur ouvrait illico presto l’arcade sourcilière du Francilien, peu de temps après le début du duel. Puis, toujours au cours de la première reprise, le local venait s’empaler de plein fouet sur le bras arrière de son opposant et était envoyé au sol par le Latino qui en décousait sciemment sur les jambes, tout en mobilité y compris du buste, parfois même en étant dégingandé pour mieux resurgir du bois. Surtout, il délivrait des coups sous tous les angles, parfois à la godille, comme pour mieux jouer avec les nerfs déjà passablement éprouvés du Val-de-Marnais, par exemple, lorsqu’il se laissait sciemment acculer dans les cordes, quitte à s’assoir sur l’une d’elles, et s’efforçait de tout esquiver rien qu’avec le tronc. La suite était cousue de fil blanc : à force de se démener pour refaire son retard et en finir avec ce rival crispant, le Tricolore se découvrait et se faisait de nouveau surprendre dans le quatrième round, cette fois pour de bon.

« Tout mon entourage de la boxe s’est effacé. Et je ne me vois pas continuer sans eux. »

« La préparation de ce championnat a forcément, été très compliquée, reconnaît-il. Je le savais mais je croyais en moi. Et puis, lorsque les hymnes nationaux ont retenti, j’ai commencé à avoir des vertiges et les larmes qui montaient. J’ai perdu le contrôle de ma personne. Si bien que sur le ring, j’étais complètement ailleurs. Ce n’était pas moi qui boxais, c’était quelqu’un d’autre. Je ne sais pas qui mais voilà… J’étais pétrifié. Je voyais venir tous les coups que Carlos Daniel Cordoba envoyait mais je ne parvenais pas à bouger. Je ne savais pas ce qu’il m’arrivait. Avec le recul, je dirais que je n’aurais, bien sûr, pas dû faire ce combat mais une semaine avant, j’étais motivé. »

Photo ©Franck Renaud

Justement, Mevy Boufoudi l’est-il toujours ? « C’est très compliqué, avoue-t-il. Mon père, qui était mon coach formateur, m’a quitté il y a quatre ans. Au début, c’était une force dans le sens où je me devais de continuer ce qu’il avait bâti. Maintenant, c’est devenu une faiblesse tant le manque s’est progressivement installé. Et puis il y a eu le décès de Wilfried qui était devenu comme mon petit frère. Tout mon entourage de la boxe s’est effacé. Et je ne me vois pas continuer sans eux. » Quitte à également cesser d’entraîner ? « Je ne sais pas. J’ai envie de dire que je ne veux plus mais tout le monde me dit de ne pas m’arrêter à ça alors que j’aspire à couper avec ce sport et à faire autre chose. Là, c’est l’homme qui parle et non pas le boxeur qui, lui, a demandé une revanche à celui qui vient de le battre. Ensuite, je verrai … »

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