C’était, en ce samedi 30 mars, à Philadelphie, soir de premières pour l’ancien pensionnaire de la Team Solide (14 v). Non seulement, Christian M’Billi découvrait les joies de se produire aux États-Unis mais il a remporté la seule victoire aux points de sa jeune carrière, toutes les autres ayant été acquises avant la limite.

Le natif de Yaoundé a donc vaincu, à l’unanimité des juges (80-72, 79-73, 79-73) et en huit reprises, l’expérimenté trentenaire mexicain, Humberto Gutierrez Ochoa (33 v, 2 n, 8 d). Aucun titre n’était en jeu mais cette confrontation a répondu à sa vocation première : permettre à Christian M’Billi d’emmagasiner de l’expérience et de gérer son effort entre seize cordes sur un laps de temps plus long que lors de ses précédentes sorties.

Pour forger sa victoire, il s’y est pris comme à son habitude mais avec la volonté de fait encore mieux. Dès que le gong lâcha les fauves, il se rua vers le centre de l’arène et entama son travail de sape. Mais sans la moindre précipitation, en prenant, à l’évidence, soin de construire davantage et de délivrer des coups précis et efficaces. Le Français avançait en permanence, martyrisant le corps de son vis-à-vis comme il sait si bien le faire tout en ne négligeant pas les esquives rotatives afin de ne pas s’exposer aux répliques du Latino. Ce dernier, en vieux routier des ring, parvenait en effet à gérer et à temporiser, s’autorisant même quelques remises. Le quart-de-finaliste des JO de Rio conservait son calme et poursuivait imperturbablement son œuvre de démolition sans jamais s’impatienter et en maintenant une garde la plus hermétiques possible. Il valait mieux car lors des corps-à-corps, le Mexicain, très solide et ne refusant pas le bras de fer, parvenait ponctuellement à toucher en crochet mais aussi en uppercut.
Un match riche d’enseignements
Les débats avaient beau se dérouler, pour l’essentiel, de près, ils étaient limpides et émaillés d’aucune irrégularité flagrante. Si le Tricolore menait largement sur les bulletins des juges, il donnait l’impression d’être un peu trop monolithique pour surprendre son adversaire. En effet, sa boxe manquait parfois de changements de rythme. En outre, le fait d’accepter la confrontation nez à nez avec son rival le contraignait à le coller au lieu de reprendre une distante minimale qui eut probablement majoré l’efficacité de ses offensives. C’est pourquoi, son entraîneur, Marc Ramsay, lui demanda d’enchaîner et de produire plus d’accélérations. Ce que le Frenchie fit à compter de la quatrième reprise. Dès lors, sa domination devint encore plus franche mais ne fit pas pour autant flancher Humberto Gutierrez Ochoa dont les immenses qualités d’encaisseur faisaient honneur à la réputation des pugilistes de son pays.

La dernière partie du duel se déroula selon le même scénario. Bien sûr, le pointage très nettement favorable au Tricolore, atteste de sa supériorité. Nul doute, cependant, qu’une tel match sera riche d’enseignements pour Christian M’Billi afin qu’il soit en mesure, à l’avenir, de mieux trouver l’ouverture face à ce type d’opposant. Une nécessité lorsque, comme lui, on vise légitimement un sacre planétaire..
Par Alexandre Terrini
Mis en ligne par Olivier Monserrat-Robert
Crédit images - Karim de la Plaine